Carnet de voyage


 

 

Aujourd'hui,c'est mon anniversaire !

 

Le 2 Mai en effet, c'est mon anniversaire ! Tous les ans c'est à la même date, donc c'est plutôt facile de s'en souvenir. Je crois en plus que c'est à peu près pareil pour tout le monde. Pas le 2 Mai ! Mais le fait que ce soit le même jour chaque année ! Donc moi c'est aujourd'hui, ça doit sûrement vous faire une belle jambe, mais à moi ça me fout un coup massue derrière le crâne... Je m'y attendait pas ! C'est contradictoire me direz-vous, parce que si c'est tous les ans à la même date, j'aurais du m'y attendre...C'est vrai que j'ai été un peu con la dessus... Je sais pas si je suis très clair dans ce que je dis... Ça paraît un peu confus comme introduction, non? Je vais recommencer et vous épargner mes turbulences mentales, ça vaudra mieux sinon il y en a qui ne liront pas la suite...

 

 

Le 2 Mai effectivement c'est mon anniversaire ! Je fête mes 26 ans cette année, chouette ! (Ironique)

(L'introduction s'arrêtera là pour éviter de tomber plus bas dans le pathétisme...Merci.)

 

 

Je passe donc cette anniversaire à Asunción au Paraguay, plutôt seul mais ça m'importe peu parce que aujourd'hui les choses ont changées. Je me sens bien et je sens que Mayra et moi allons aller loin ensemble. Et ça, plus que tout au monde me rend heureux ! Me fait sentir bien comme jamais je ne l'ai été ! Me fait sourire en l'écrivant parce que je n'était pas du genre, il y a encore quelques temps, à prôner l'amour sur tous les toits, mais comme je vous l'ai dit, les choses ont changées. Elles ont naturellement évoluées dans le bon sens pour nous deux ces derniers mois et aujourd'hui nous sommes unis plus que jamais. On s'aime. Je peux maintenant le crier sur tous les toits, mais je préfère lui murmurer à l'oreille...

Vous l'aurez donc compris, nous allons continuer la route ensemble. Ce voyage aux étapes inattendues va reprendre son court avec le même objectif, faire le tour du monde ! Nous allons continuer à jouer sur les routes mais nous allons changer quelques règles. Il est normal il me semble. J'étais joueur seul, attaquant de surcroît, je me débrouillais plutôt pas mal mais j'avoue que parfois c'était difficile et fatiguant. C'est une lutte de tous les jours, trouver ou dormir, ou manger, dans quelle direction aller, avec qui rester quelques heures où jours de plus, et avec qui non. Accepter d'avoir froid, d'avoir faim, d'être détremper sans pouvoir se sécher, de ne dormir que quelques minutes par nuits et généralement à même le sol. La vie du motard voyageur au long court n'est pas agréable tous les jours (elle l'est quand même rassurer-vous) et la vérité c'est que parfois l'idée d'avoir un minimum de confort pendant une semaine pour se reposer devient un grand rêve... Tout cela je l'avais choisi et très bien accepter depuis mon départ, d'une part parce que je suis motard depuis des années et d'autre part parce que je suis un peu aventureux et que l'aventure est rarement d'un grand confort... Mais maintenant la partie va se faire à deux joueurs, et forcément les règles changent. L'un s'adapte à l'autre et vice versa. Faire des compromis des deux cotés pour arriver à une entente commune et à pouvoir jouer ensemble.

L'idée est là, vendre la moto et acheter un vieux Combi Volkswagen afin de reprendre la route. Vendre la moto !!! Et oui... Je me souvient avoir écrit dans un précédent article que jamais je ne la vendrai, où sinon pour des millions... Ceci est une preuve parfaite que les gens changent. J'ai réfléchis longuement avant de prendre cette décision mais aujourd'hui je la vends et c'est sans la moindre hésitations que je le fais. Il y a eu un chemin de réflexion relativement long sur comment poursuivre ce voyage ensemble, sur le pourquoi du comment du peu-être ? Est-ce que la moto est vraiment le bon moyen pour nous ? Oui et non... Oui dans mon sens, non dans le sens de Mayra. Les longues distances à l'arrière sont parfois ennuyeuses pour elle et difficiles de ne pas s'endormir quand on fait 600 bornes dans la journée... Et ce n'est pas profiter du voyage que de s'ennuyer à l'arrière. Dites à n'importe quels motards de faire 1000 bornes sur la place passager, vous allez voir les réponses... Imaginez un tour du monde... Je comprends donc Mayra sur ce point et même si c'est elle au départ qui me freinait la plus sur la vente de la moto, on s'est mit d'accord sur l'idée d'un Combi ! A la fois simple et fiable, il est suffisamment grand pour l'aménagé et suffisamment petit pour se faufiler. Il est adepte du tout terrain contrairement à ce que tout le monde peut penser... (Amusez-vous sur Youtube : Baja Combi où Combi Off Road) Et puis surtout comme on dit ici en Amérique du sud, il est« Buena Onda ! ». C'est un véhicule unique, symbole des années hippies qui n'a pas pris une ride et qui passe les générations sans autre bruit que celui de son moteur Flat 4 ! Il y a déjà des années que je rêve d'en avoir un, mais les prix en Europe sont souvent démesurés et pour des Combi tout rouillés... Au Brésil ils les ont fabriqués jusqu'en 2007... Alors trouver des Combi ici, n'est vraiment pas difficile et à des prix incroyablement raisonnables... Mais attention, ne pas confondre un Combi Brésilien et un Combi de fabrication Allemande ! Les Allemands ont leurs réputations et ils la méritent ! Les Brésiliens ont la leurs aussi... Et la mérite tout autant... J'opterai donc pour un Combi made in Germanie !

 

 

Mais revenons un peu sur ce fameux chemin de réflexion relativement long que j'évoquais si vous le voulez bien. Il s'est passé quelques mois depuis mon dernier article, c'était quand déjà... ? Ah oui, il y a plus de 9 mois que j'ai rien pondu... Ça passe si vite que ça ? Il est vraiment temps d'en profiter parce que à la vitesse ou ça passe ces 26 ans je vais pas les voir passer et je vais me retrouver à 27 ! Et 27 ans, comme ma délicatement dit ma sœur « C'est le pire ! Tu es vraiment un adulte ! Mais un adulte ou ça y est, le fun c'est fini ! 26 ans c'est ta dernière année jeune et libre ! » ... Merci sœurette, je saurai m'en souvenir l'année prochaine...

Mais gardons le cap sur ce fameux chemin de réflexion relativement long de ces derniers mois. Tout d'abord il y a eu ce voyage extraordinaire avec Mayra ! Du mois de Mai au mois d'Août il y a eu la Patagonie, la Cordière des Andes, Bariloche, l'île de Chiloé, puis la remonté des côtes Chiliennes jusqu'à Santiago et Valparaiso avant un retour sur Buenos Aires et une traversé du continent d'Ouest en Est en moins quatre jours. Une aventure inoubliable ! Nous avons appris à nous connaître pendant ce périple, à nous aimer et à nous détester. Nous avons partager tant de bons moment sur la route et tant profiter de ces trois mois. Nous nous sommes arrêter un mois à Bariloche pour y travailler et renflouer un peu les caisses. Mayra en tant barwoman dans un hôtel et moi j'ai bricoler quelques motos et quelques tronçonneuses dans l'atelier d'un vieux pilote de courses de côtes ! Nous avons vécu dans un hostel ce mois-ci, un hostel bien particulier qui respirait la joie de vivre et la bonne humeur ! Ce qui n'est pas toujours le cas dans les auberges de jeunesse malheureusement... Nous y avons fait une ascension dans la neige et le froid afin d'arriver au refuge du Frey, à quasi 2000 mètres d'altitude,pour y contempler son lac gelé et ses montagnes stalagmites. Nous avons fait du CouchSurfing dans toute la partie sud du Chili pour atteindre les plages de Valparaiso ! Ville toute en hauteur avec ses rues qui grimpent la montagne afin d'avoir une meilleur vue sur l'Océan Pacifique... Ce voyage fût réellement exceptionnel et l'envie de rentrer à Buenos Aires n'était pas bien grande. Mais Mayra devait reprendre la faculté et moi je devais voir ce qui allait ce passer... Ni l'un, ni l'autre ne savait réellement ce que nous allions faire. Beaucoup de questions mais très peu de réponses. Puis au retour, les choses se sont accélérées, j'ai trouvé un boulot en une journée, Mayra a recommencé la fac, et tout ça se passaient dans la ville de La Plata à 60 km au Sud de Buenos Aires. La situation de vivre chez ses parents n'était pas aussi commode qu'on le pensait et rapidement il a fallu trouver de quoi se loger. Par l'intermédiaire d'un collègue de sa sœur, on a dégoté une vielle maison à loué pour trois francs six sous ! Et qui dit vielle maison, dit travaux... Et des travaux relativement importants. Où du moins qui prennent du temps. Surtout quand on bosse six jours sur sept et neuf heures par jour... J'ai fait du ciment et de la peinture dans toutes les pièces, de la plomberie dans la cuisine et la salle de bain, de l'électricité pour y voir jour la nuit, etc... On s'ait fabriqué nos meubles pour les fringues, un lit, un bureau pour Mayra afin de terminer ses études, des étagères, etc.. La maison était vide et plutôt pourrie et on en a fait quelques chose de largement vivable avec de la récup et de la bonne volonté. En 1 mois en bossant toutes les nuits, on a fait quelque chose de bien. L'on vivait à trois dans la maison, Mayra, sa sœur Belen, et moi. On s'est entendu ainsi pendant sept mois ! J'en ai bosser cinq ! Cinq mois en tant que mécanicien chez Gustavo, dans sa concession Area Zero.

 

C'est une concession Honda, Can am, Ktm et de marques chinoises aussi...

Pour les Honda et les Can Am, ça roule plutôt pas mal, mais les Katoch ! Je les attends toujours... Je n'en ai pas vu l'ombre d'une en plus de cinq mois de travail... Même pas une en concession sur laquelle on peut baver de temps en temps... Kedal ! Bref, je me suis taper du moteur Chinois à tire-larigot, et du Honda 110cc, 125cc, et 250cc... A ça les Chinoiseries ça tournent bien ! Il y en a de toutes les marques, tous les modèles et toutes les couleurs ! Du Motomel, du Tibo, du Lucky, du Corver, du Zanella et j'en passe... De la production Asiatique bas de gamme qui la plupart du temps ne fonctionne pas où mal et qui n'a qu'une espérance de vie d'environ 15 000 km... Je n'en dirai pas plus, vous aurez vite compris mon point de vue.

Par chance, de temps en temps j'avais une belle bête qui me tombait entre les mains. J'ai eu l'occasion de préparer et modifier une Honda CR 450 et une Yamaha YZF 450 pour un rallye d'endurance. Là je me suis un peu plus amuser ! Parce que sinon dans l'ensemble ces cinq mois de boulot ont été plus ennuyeux que palpitant. J'avais un peu oublier ce que c'était que la routine du boulot pour être honnête. Puis au mois de Janvier je me suis carrément lasser et j'ai fini par quitter le job. Puis la période qui à suivie n'a pas été la plus productive de ma vie. Je suis rester à la maison faisant des bricoles mais sans vraiment faire quelques choses. Je me suis encore plus ennuyer qu'au travail ! Mayra a galéré aussi dans les mêmes temps à la faculté et on s'est un peu chamailler... Je suis rapidement tombé dans les cigarettes, l’alcool, les drogues en tous genres, puis la scarifications, l'auto-cannibalisme,allant même jusqu'à l'auto-décapitation à des fins auto-cannibaliques, je n'était pas au meilleur de moi même...

 

C'est à partir de ce moment là qu'on à penser, que ce serait bien de penser, de penser à ce que l'on voulait faire. On a beaucoup pensé ! Chacun de son coté, puis ensemble, puis chacun de son coté de nouveau... Et on a finit par se mettre d'accord sur le fait que l'on s'aimait et qu'il fallait pas gâcher ça ! On doit au contraire en profiter ! Et l'on a recommencer à penser voyage... On est prêt pour voyager ensemble, on se connais bien maintenant, et même si les choses ont été relativement rapides entre nous, on a pris notre temps pour réellement choisir ce que l'on voulait faire. Et aujourd'hui ce que l'on veut faire, c'est continuer ce tour du monde ensemble ! Et en Combi !

On a pesé le pour et le contre, on a fait les comptes financiers, et on a pris notre décision. La Combi nous offre beaucoup plus d'avantages que la moto pour voyager à deux. Nous allons pourvoir dormir convenablement tous les soirs, nous allons pouvoir cuisiner convenablement tous les jours, nous allons pouvoir inviter du monde pour voyager avec nous, nous allons pouvoir être un peu au sec quand il pleut sans arrêt pendant des jours ... Nous allons aussi pouvoir partager la route ! Je ne vais plus être seul à conduire mais faire un peu le co-pilote pour changer ! Et surtout faire ce voyage main dans la main, l'un à coté de l'autre et non pas moi devant et Mayra derrière en train de dormir... Même si je n'ai aucun doute qu'elle s'endormira dans le Combi aussi... Mais quand elle aura le volant je pourrai faire pareil...

 

Mayraayant terminé la faculté nous étions donc libre pour organiser lavente de la moto. Voilà donc pourquoi je suis actuellement au Paraguay ! Pour y vendre la moto ! Mais pourquoi dont le Paraguay me dirait vous, puisque que j'étais dans la capitale Argentine ? Les raisons sont simples. Premièrement je ne peux pas vendre la moto légalement en Argentine. Le pays étant fermé à toute importation, il est très difficile de trouver quelques chose qui ne soit pas « Industria Argentina », en d'autres termes, fabriqué en Argentine ! Donc il me fallait choisir entre Chili, Paraguay où Bolivie. Le Chili j'aurais pu, mais l'idée est de vendre la moto et d'acheter un Combi au même endroit et au Chili les Combi sont très cher, quasi les mêmes prix qu'en Europe. La Bolivie n'a qu'un marché moto très petit (seulement moto de moins de 200cc) et du coup y vendre la mienne me semblait compliquer. Au Paraguay, les Combi sont pas cher et les Paraguayens fans de motos, et ils ont de quoi faire. Donc j'ai refait la moto toute propre et avec Mayra on est monté de Buenos Aires à Asunción en 5 jours.

 

 

Nous sommes parti le 1 Avril 2013 de La Plata et le 2 Avril, en deux heures de temps, des pluies diluviennes ont dévastés une grande partie de la ville. Certains quartiers ont été inondés jusqu'à plus 2 mètres d'eau. Les Autorités locales parlent de 52 morts, mais les Argentins savent bien qu'en réalité, il s'agit de beaucoup plus que ça, on parlerait de 300 à 400 morts incluant les quartiers pauvres aux abords de la ville. C'est le plus grand désastre de l'histoire de la ville. Une catastrophe naturelle dévastatrice à la quelle nous avons échappé de justesse. Notre maison n'a pas été inondée car placé dans une rue en hauteur, mais tous non pas eu cette chance et de très nombreuses famille ont perdu père, mère, frère, sœur,fils où fille. Sans même parler des toutes les maisons détruites et emportées par les eaux. Les commerces immergés, les voitures emportées par le courant et la ville plongée dans le noir complet. L'explosion de deux sites de distillation de pétrole contaminant la nappe d'eau souterraine de la ville. Le chaos total ! La ville mettra des mois pour se relever de ce désastre climatique. Aujourd'hui cela fait pile un mois et les habitants commémorent la mémoire des mort et disparus de ce triste jour. Je n'ai pas encore remit les pieds à La Plata depuis mon départ pour le Paraguay. Je suis parti un jour avant la catastrophe, instinct, destin, où hasard ? Nous n'avons appris la nouvelle qu'a notre arrivé à Asunción, cinq jours plus tard...

 

De ce fait, nous avons pas tellement profiter de la capitale Paraguayenne, nous étions sous le choc et nous avons mit un peu de temps à réaliser. Nous avons bien tenter de vendre la moto rapidement mais nous n'étions pas en bonnes conditions et nous avions besoin de plus de temps. A cela venait s'ajouter les élections présidentielles ici au Paraguay à peine 10 jours après donc les Paraguayens avaient d'autres préoccupations. Nous sommes donc retourné en Argentine mais du côté Nord-Est cette fois-ci, dans l'état de Missiones. Nous sommes allés une semaine chez le frère de Mayra qui vit là depuis quelques années. Nous avons fait un rapide saut au Brésil ou nous retournerons pus tard. Nous avons vu les très célèbres chutes d'Iguazu ! Les plus grandes du monde ! Oui, devant les chutes du Niagara, il y a celles d'iguazu ! Magistrales ! Réellement impressionnant la force et la grandeur de ces cascades ! Des dizaines de chutes d'eau de plus de 80 mètres dehaut ! C'est la frontière naturelle avec le Brésil, et quelle frontière !!! C'est un lieu ou il faut aller au moins une fois dans sa vie !

 

Et puis Mayra a du rentrer sur Buenos Aires, car elle a été embauché dans une grande multinationale en tant ingénieur industriel. Elle a décidé d'y rester quelques mois en attendant que je prépare le Combi. Moi je suis retourné à Asunción pour faire mon petit bisness. Moto à vendre et Combi à acheter. J'ai fait le tour de la ville déjà 30 fois à la recherche du Combi parfait pour nous. Il faut dire que les Combi Allemands importés ont parfois mal vieillis ici et j'ai du en voir une bonne dizaine avant de trouver le bon ! Mais je l'ai trouvé ! Il s'agit un Volkswagen Combi T2B de 1978... Pas tout jeune... Mais il est dans un état de conservation spectaculaire ! On croirai presque que les 39 000 km au compteur sont réels... Mais un véhicule de plus de 35 ans avec 40 000 bornes ça n'existe pas...

Très prochainement je mettrai des photos pour que vous baviez un peu !Mais pour ça j'ai encore besoin de vendre la moto ! En moment même ou j'écris, j'ai 3 personnes qui sont intéressées et l'on va voir si cela aboutie où pas. Après ça, j'ai à faire le transfert de papiers du Combi à mon nom, ce qui risque de prendre un certain temps... Ici au Paraguay, l'administration est plutôt du genre extrêmement lente... On me parle d'un mois pour avoir les papiers définitifs à mon nom... Si ce n'est pas plus... Et puis je vais devoir l'aménager ! Nous faire un petit nid d'amour confortable, mais pas trop ! Ne pensez surtout pas que je vais nous faire un Combi pour aller se promener sur la croisette... Je vais un faire un Combi passe partout, renforcé, surélevé, avec pneus 4x4 et équipement spécial pour faire le tour du monde ! Un Combi à l'image de ma moto ! Si vous rêvez d'un Combi brillant pour faire le tour des concentrations VW...Passez votre chemin, le notre sera brute de décoffrage et pourra monter aux arbres ! Ce n'est pas parce que je passe de deux roues à quatre roues que je vais arrêter de me jeter dans toutes les flacs de boue que je croise !

Vous allez donc pouvoir suivre l'évolution du Combi de la même manière que celle de la moto. Je vais tenir un album photos complet de la restauration et évolution de notre futur cher et tendre.

Carrosserie,moteur, trains roulants, et intérieur, j'ai de quoi bosser pour les prochains mois ! Vous saurez tous et verrez tout !

 

En ce qui concerne le prochain départ, il se passera de Buenos Aires et nous pensons le faire aux alentours du mois de Septembre (de cette année...). Entre le temps de préparer le Combi et de bosser de nouveau un peu accumulant un peu d'argent pour faire le plein, on va pas voir passer l'hiver ici ! La direction sera, soit le Nord-Est vers les côtes Brésiliennes, soit le Nord-Ouest vers les côtes Péruviennes, au choix ! Puis la remonté complète du continent Sud-Américain, jusqu'en Colombie ou nous ferrons certainement une pause pour bosser de nouveau avant l'Amérique centrale, le Mexique, et l'Amérique du Nord ! Le voyage est encore long et la route nous réserve encore de belles surprises... L'aventure va reprendre son cours avec des changements majeurs mais bénéfiques. Avec la même envie mais l'énergie de deux ! Avec un nouveau un nom aussi bien sûr parce que « Simon TDM Moto » ne convient plus à présent. Avec une évolution du site internet et des objectifs plus approfondis. Avec un parcours tout aussi flou mais une direction toujours bien précise. Nous ne sommes pas dans les préparatifs et dans l'organisation de la suite de ce tour du monde en solitaire à moto en trois ans, mais bien dans la préparation d'un nouveau grand voyage qui fera le tour du monde...

 

 

 




1 an... Et plus si affinités...

 

Le 24 Juillet 2011, vers midi, je prenais le départ de Paris, de la place du Trocadéro, afin de tenter un tour du monde à moto... L'idée était mûri, réfléchit, et pensée depuis de long mois, mais lors du départ, l'appréhension était immense... Dès les premiers kilomètres, je senti que je n'allais pas le regretter... Et me voici, 1an plus tard, le 24 juillet 2012, au Chili, dans le ville de Valdivia, sur la côte pacifique avec la même envie de boucler ce voyage qui il y a un an ! A quelques différences prêt, l'idée n'a pas changé. Voyages, rencontres, paysages, découvertes, kilomètres, et surtout... Liberté ! Mais à tous cela viens s'ajouter quelque chose pour lequel je n'était pas préparé, auquel je n'avait pas pensés, réfléchit et pris le temps d'envisager... Je crois que certains appel ça l'amour...

Résumer 1 an de voyage ne va pas être chose facile car il s'est passé tant de moments magiques qui ont réellement transformer ma manière de voir la vie que mettre tous cela sur papier et l'écrire noir sur blanc ne va pas simple. Surtout que pour être honnête, j'écris ceci le 23 pour le publier le 24 et que j'aimerai écrire quelque chose de correct pour ce premier « article-anniversaire » de voyage et que mi prendre à la dernière minute ne me paraît pas la meilleur solution... Mais bon, c'est comme ça, depuis mon dernier article, il y a déjà plus de 5 mois, je n'ai pas trouver le temps, ni l'envie pour écrire de nouveau. Je sais que je manque cruellement de discipline dans mes écrits pour avoir un suivi régulier de mes aventures, mais je ne vais pas m'excuser pour autant. Je voyage avant tout pour moi et même si le partage de ce voyage est important à mes yeux, il ne passera pas avant le voyage en lui même. Si je n'ai rien publier depuis 5 mois, c'est que pour moi le voyage à changer radicalement et que aujourd'hui encore je ne sais pas ou je vais... Avant aussi vous me direz je ne savais pas, mais peu m'importait. Jusqu'à aujourd'hui, mon envie de voyage n'a fait que grandir et le fait d'aller toujours un peu plus loin chaque jour me réjouit. Mais depuis peu j'ai peur.... Pour la première fois de ma vie, j'ai vraiment peur... Plus que la veille de partir seul, il y a pile un an ! Pour la première fois, je ne maîtrise pas complètement la situation et ce qui me paraissait la meilleur chose a faire pour moi il y a un an me paraît aujourd'hui quasiment impossible... Voyager seul... De nouveau... J'adorai ça ! Mais depuis mon arrivé à Buenos Aires, les choses ont changé... Et mon point de vue sur ce voyage aussi... Continuer ? Évidemment que oui, mais avec Elle !

Alors voilà le contexte : Je suis perdu. Je suis au Chili, dans la petite ville de Valdivia, sur la côte pacifique, je suis actuellement dans la maison d'un couple de jeunes Espagnola-Chileno rencontré via CouchSurfing. Je suis seul dans cette petite cabane de boit, a boire un maté Argentin, un fond de musique douce et la chaleur du feu dans le poêle à boit qui réchauffe la pièce... Pas très loin du bonheur... Conditions idéales pour écrire. Pour prendre le temps, le temps d'une journée, pour repenser à cette année passée... Quitter la France, quitter l'Europe, découvrir l'Afrique du nord puis la côte Ouest de l'Afrique noir, traverser l'Atlantique en bateau, passer dans l'hémisphère sud, poser le pied en Amérique du Sud, apprendre une nouvelle langue, viser le sud, toujours plus au sud, prendre le temps de vivre à mon rythme... Trouver l'Amour... Une année chargée en émotions, en surprises, en découvertes, en leçons de vie et en galères aussi mais surtout, une année de liberté totale ! Une année qui est passée à une vitesse folle, je n'ai pas l'impression que 1 an ce sont déjà écoulé. Ce départ de Paris me paraît si proche et à la fois si loin... Si proche en temps, mais si loin en distance... J'ai parcouru plus de 25 000 kilomètres cette année, ce qui est vraiment peu pour une année de voyage. J'ai croisé un bon nombre d'autres voyageurs qui eux parcours cette distance en 3 où 4 mois ! Et d'autre qui en un an font le tour du globe... Chacun trouve son rythme en voyageant, le mien est plutôt lent, plutôt très lent... Mais je préfère ce rythme tranquille et prendre le temps de profiter de chaque endroit ou je passe, de prendre le temps de rencontrer et de vivre la vie locale plutôt que de ne faire que passer et ne voir que la façade des choses... Prendre le temps d'apprendre, de partager, de vivre, de profiter de l'instant présent sans penser au lendemain... Et cette philosophie de vie me convient parfaitement jusqu'à présent, je n'ai pas l'intention de changer ce rythme pour l'accélérer, bien au contraire... Je vais même ralentir... Les 3 années prévu au départ du projet son aujourd'hui bien trop courtes et j'envisage maintenant plus les 5 ans pour boucler ce tour du monde... En plus de ça, cette année je vivais sur mes économies et n'ai travailler que très peu. A partir de maintenant, chaque kilomètre devra être suivi d'un boulot pour financer le suivant... La route est donc encore longue jusqu'à Paris... Mais pour dire vrai, l'idée de rentrer ne me dis rien du tout ! Je ne pense absolument pas au retour et ce moment me paraît si loin que je l'envisage même pas ! Où Presque pas ! Pour l'instant, je veux continuer ma route ainsi. Cette vie de voyage « sans fin » est tellement plaisante et me convient parfaitement. La France ne me manque pas, mon travaille en France ne me manque pas, et même si ma famille, mes amis, mes collègues me manques, je ne peu faire autrement que subir cette séparation et l'accepter. Bien sur, certains jours sont plus difficiles que d'autres, la nostalgie se fait plus forte et l'envie de voir mes proches devient oppressante, mais il y a des milliers de kilomètres qui me séparent d'eux et les relations à distances sont difficiles à garder... Même par mails... Je me fait donc une raison et tente d'être patient de ce coté là. J'espère bien évidemment revoir certains d'entre eux avant mon retour en France mais je sais que cela va être difficile. Ma mère est venu au mois Mai à Buenos Aires pendant 10 jours et ce fût vraiment génial de pouvoir partager un peu de temps avec elle à l'autre bout du monde. A tous ceux qui veulent venir passer un moment de l'autre coté du globe, n'hésitez pas, ça ne pourra être qu'une bonne expérience !!!

Parlons un peu moto maintenant ! Comment ce porte ce cher Transalp après un an? Et bien, pas mal du tout ! Il me mènent toujours à destination sans broncher, sans sourciller, toujours avec ce doux ronronnement de bi-cylindre en V. Je lui fait petit à petit des modifications mais rien de bien vital. Dernièrement j'ai eu une petite galère avec l’araignée de fixation de tête de fourche qui s'est cassé avec les vibrations des pistes de graviers, mais à Bariloche lorsque je me suis arrêter un mois pour travailler dans un atelier de moto j'ai résolu le problème à l'aide d'un fer à souder à l'arc... J'en ai profiter aussi pour me débarrasser de la malédiction que j'ai depuis le départ... Les crevaisons à répétions... En y réfléchissant bien, j'ai fait les comptes, et approximativement 25 crevaisons en un an... Plus de 2 par mois... Sachant que je ne roule pas tous le jours... Je ne suis pas loin du record du monde je crois... Une crevaison tous les 1000 bornes... C'était trop ! J'ai pris les choses à bras le corps et ai opté pour une solution radicale ! Dans le pneu arrière, celui qui crève le plus souvent, une chambre à air renforcée de 4 mm remplit de produit préventif anti-crevaison, recouvert d'une seconde chambre à air renforcée en guise de protection, puis le tout recouvert d'une lance à incendie de pompier ! Radicalement efficace ! Le tissu des lances de pompiers est ultra résistant mais reste un tissu souple donc relativement facile adapter autour de la chambre à air. Si avec tout ça j'arrive quand même à crever et si un clou réussi à entrer, c'est vraiment que je suis maudit et je devrai aller consulter un marabout... Pour le pneu avant, une chambre à air renforcé de 4 mm recouvert d'une seconde chambre renforcé comme protection. Je n'ai pas installé la lance à incendie par peur de trop déséquilibrer la roue avant. Normalement je suis donc complètement débarrasser des crevaisons et vais pouvoir continuer ce tour du monde sans la peur de crever à plus de 100 km/h et de me faire littéralement éjecter de la moto ! Je croise les doigts, je touche du boit, et je crois en ma bonne étoile !

Sinon il y a une chose dont je ne suis pas fier mais que je ne peu pas vraiment éviter... J'ai un pneu carré derrière... Moi qui me foutait ouvertement de la gueule de mes clients avant qui roulait avec des pneus carrés du fait qu'ils ne penchais pas leurs motos dans les virages... Aujourd'hui j'ai honte de voir mon pneu arrière... Carré de chez carré ! Lorsque je prend de l'angle avec la moto dans une courbe, elle se jette d'un seul coup sur le flanc du pneu et se comporte pareil pour sortir de la courbe... Dangereux et désagréable ! Mais comment faire autrement ??? Les 2000 km parcouru pour traverser la Pampa Argentine sont tout droit ! Pendant plus de 2000 bornes ! J'ai beau tout faire pour rectifier le tire de ce pneu mais trop tard... Il est maintenant beaucoup trop marqué. Je vais devoir trouver un nouveau train à mon retour à Buenos Aires... Oui, parce qu'il y a un retour à Buenos Aires... Ce n'était pas vraiment dans mon programme initial mais je vous ai dis que certaines choses avait changés... La suite du voyage risque d'être un peu différent...

En Août, la moto aura droit à une nouvelle grande révision et à quelques modifications supplémentaires, elle est en fait en perpétuelle évolution afin d'améliorer petit à petit le confort de route et puis si elle doit transporter une personne supplémentaire, le confort doit être optimale pour les 2 passagers ! Mais ça c'est une autre histoire...

Après un an de voyage, je suis donc au Chili, moi qui pensait qu'au bout d'un an j'aurais déjà quasiment terminer le continent Américain... J'en suis bien loin... Ce continent gigantesque, l'on peut y passer 5 ans à lui tout seul sans avoir le temps de tout découvrir... A mon arrivé à Buenos Aires j'avais rencontrer un couple de baroudeurs Allemand qui pendant prêt de 4 ans avaient parcouru ces terres latines et m'ont dis qu'il rentrait au pays non pas parce qu'ils avaient tout vu mais parce que leurs « chez eux » leurs manquait... J'ai rencontré tant de voyageurs qui ce perdent dans le voyage et qui n'ont jamais envie de rentrer... Jamais envie d'arrêter ce train de vie... Et aujourd'hui comme je les comprend ! Tous les jours c'est une nouvelle aventure ! La routine n'existe pas en voyage ! Aucun jour n'est similaire un autre, chaque ville, chaque région, chaque pays est différents et mérite que l'on s'y arrête un moment. D'accord, certaines régions plus que d'autres... Difficile de rester 1 mois dans la Pampa Argentine faite de désert de cailloux et d'arbustes secs... Les récifs et zones côtières sont la plupart du temps beaucoup intéressant. Où bien la montagne ! La cordière des Andes fait environ 3000 km de long et regorge de paysages, lacs, et recoins cachés qui sont tout simplement merveilleux ! Là aussi ont peut y passer toute une vie sans tout voir ! Et cela sans compter l'histoire culturelle des lieux en question. Si l'on commence à réellement à s'intéresser à la culture des hommes et femmes qui vivent ici depuis des générations, on découvre alors un monde dans monde... Que l'homme à une capacité d'adaptation étonnante et que derrière chaque virage ce cache une histoire... Que les deux continents que j'ai aperçu en un an mérite tout deux beaucoup plus de temps pour être appréciés à leurs justes valeurs. L’Afrique est le continent ou il est le plus facile de se perdre définitivement en voyage... Où l'on peut passer des mois et des mois sans jamais avoir envie de rentrer... L’Amérique du sud offre un terrain de jeu quasi sans limite avec une diversité de paysages et de cultures exceptionnelles... Je ne connais pas encore le reste du monde mais le peu que je connais de ces deux continents me laisse déjà sans voie tant le dépaysement est totale ! Et je n'ai visiter qu'une partie infime des deux et j'ai déjà des souvenirs pleins la tête ! Je sais d'avance que je n'aurait pas le temps et la possibilité de tout voir et envisage déjà sérieusement de revenir sur ces deux parties du monde qui ne demande qu'à s'ouvrir au monde...

Voilà un an de passé sur la route, seul pendant les 9 premiers mois, puis depuis Buenos Aires, le voyage à changer de perspectives... J'y ai fait la connaissance d'une jeune et jolie Argentine avec qui j'ai tissé des liens très fort relativement rapidement et avec qui je voyage sur le continent depuis maintenant 3 mois... Nous sommes d'abord partis en Uruguay pendant une semaine à la découverte de la côte et de la capitale, Monte-Vidéo. Puis de retour sur Buenos Aires notre relation s'est accentué et nous avons décidé de faire un voyage de quelques temps ensemble entre la Patagonie et le Chili. Elle doit reprendre ces études d'ingénieur industrielle au mois d'août et nous devons donc revenir à la capitale fédéral avant le 13. Elle doit terminer son année et rendre sa thèse pour acquérir son diplôme. Son objectif est de faire tout ça avant fin décembre. Et vu que je dois me refaire un peu de fric pour voyager je vais devoir m'arrêter quelques mois quelques part pour bosser. L'idée est donc la suivante : Bosser sur Buenos Aires de Août à Décembre histoire de me renflouer et peu être d'envisager de continuer ce voyage ensemble. Rien n'est décidé pour le moment car il y a beaucoup de facteurs d'improbabilités qui sont en marche... Le tout premier et le plus important, notre volonté de voyager ensemble ! Aujourd'hui c'est le cas, mais de la à faire le tour du monde, il y a un monde ! Elle doit être sur de vouloir faire partie de l'aventure et ça ce n'est as une décision facile à prendre... J'ai mis 24 ans à me décider... Et 2 ans à mettre œuvre ce périple... Ce n'est donc pas à prendre à la légère... Second facteur est qu'elle réussisse ses examens à la fin de l'année... Sinon c'est une année en plus pour obtenir son diplôme... Et puis nous devons apprendre mieux à ce connaître pendant ces 6 prochains mois afin de savoir si notre histoire tiens la route... Jusque là, tout roule pour le mieux et pour ma part, j'ai vraiment envie d'envisager la suite du voyage avec elle... Où plutôt, j'ai beaucoup de mal à l'envisager sans elle...

Voilà donc le programme pour les prochains mois, une petite pose de voyage, quelques mois de travaille, un peu de temps pour perfectionner mon Espagnol, et puis 5 où 6 mois de plus à Buenos Aires va nous permettre de savoir si nous sommes prêt à nous lancer dans cette aventure à 2...

Pour le moment il nous reste un peu plus de 2000 km à faire pour rejoindre la capitale Argentine en passant par Concepcion, Santiago del Chile, Mendoza et retraverser tout le continent d'Ouest en Est... Et tout ça avant la mi-Août...

Dans les prochaines semaines je publierai un nouvel article résumant ces 5 mois en Amérique latine avec beaucoup plus de détails de voyage. Soyez donc un peu patient pour un savoir un peu plus... Mais je peu quand même vous dire son prénom je crois... Elle s'appelle Mayra...

 

 

J'ai rêvé d'être Christophe Colomb !

 

Aujourd'hui c'est le jour grand jour ! Enfin ! Après 7 mois sur le sol Africain, je m’apprête à embarquer sur le Grande América, cargo marchand de la compagnie Italienne Grimaldi, afin de traverser l'océan Atlantique et de rallier le continent Sud-Américain. J’aurais évidemment préféré traverser en voilier mais je n'ai trouver à Dakar, aucun bateau capable de nous emmener, ma belle et moi. Je me suis donc rabattu sur un cargo, chère et beaucoup moins romantique ! Cette traversé s'avérera tout de même une bonne expérience, bien qu'un peu longue, mais sur la mer aussi, qu'importe le flacon pourvu qu'on ai l'ivresse !

Nous sommes lundi 27 février 2012, il est 8h du matin lorsque mon réveil sonne ! Je me lève avec joie ce matin là, car ça y est, aujourd'hui je pars ! Non pas que je souhaite réellement quitter l'Afrique, mais j'attends depuis une semaine complète l'arrivé du cargo dans le port de Dakar et une semaine à attendre avec les valises prêtes à partir à tout instant, c'est long... Et puis l'ambiance à Dakar en ce moment n'est pas vraiment à la fête, les élections présidentielles ce sont déroulées hier et Maître Wade, président du Sénégal depuis 12 ans, s'est représenté illégalement et cela a suscité logiquement de grandes manifestations dans le pays... Je me suis bien gardé de me joindre à celles-ci qui ont malheureusement fait plusieurs morts. La police, dirigée par Mr Wade, a en effet affronter à mainte reprise la population et en à découlé, cris, pleurs, révoltes, et haines en vers le chef de l'état. Est-ce tout cela est encore normal au 21e siècle... ? Je ne m'aventurerai pas sur ce sujet car je risquerai de m'emporter... Je quitte donc aujourd'hui le Sénégal, laissant le pays à feu et à sang, comme un lâche, je quitte le champs de bataille avant la fin de la guerre. Mais ce n'est pas ma bataille, ce n'est pas ma guerre. Mon combat est ailleurs, vers une terre Sud-Américaine : l'Argentine !

Après avoir fait mes adieux au CVD, je me présente donc au « mole II » du port de Dakar vers 10h, comme convenu avec la compagnie pour faire les papiers de sortie de territoire et embarquer à bord du cargo. Évidemment, rien ne ce déroule comme prévu, l'agent de la compagnie Grimaldi qui doit s'occuper de tout ça, n'est pas là et je dois me débrouiller seul pour gérer l'administratif de sortie du pays et pour monter à bord ! Ah... Ces sénégalais... !!! Mais finalement c'est bon, je suis sur le quai, mes papiers en poche, et la moto chargée prête à partir. C'est là que j'apprends que la rampe de chargement du cargo est en panne... Elle ne veut pas descendre... Il faut pourtant décharger le cargo de ses conteneurs, voitures, et autres marchandises pour en recharger d'autres et pouvoir prendre la mer. Il est 11h30 du matin, mon attente commence.... Je suis au pied du navire, et je dois dire que je ne m'attendais pas à ce qu'il soit si grand ! Vraiment très grand ! On dirait un immeuble de 10 étages de haut sur 200 mètres de long... Un monstre ! Mais un monstre en panne... Alors je prend mon mal en patience et je fait les 100 pas. Puis 100 autres. Et encore 100 autres. Heureusement, j'ai appris à être très patient en Afrique. Rien n'arrive jamais à l'heure et les montres Africaines, c'est sur, ne sont pas Suisses ! Lorsque que vous avez un rendez-vous Africain, prévoyez toujours d'être au minimum une à deux heures en retard pour être à l'heure!

Il est un peu plus de midi maintenant et la rampe s'entrouvre comme pas magie... Il faut désormais décharger, puis recharger. Je me dis que cela devrait prendre 2 ou 3 heures... Et bien non ! A 19h30, les ouvriers terminent et je peut enfin poser un pied sur le bateau ! Une semaine et 8h d'attente pour embarquer ! Heureusement que je ne suis pas pressé ! Je gare ma moto à ce qui me semble être le 2e étage, j'apprendrai par la suite qu'il s'agit en fait du 6e... Quand je vous dis que le bateau est immense, je pèse mes mots ! Je regarde une dernière fois la ville de Dakar du haut du pont. Petit moment de nostalgie de tous les instants magiques vécu dans ce pays. Je regrette de quitter l'Afrique sans en avoir découvert d'avantage. J’aurais aimer descendre jusqu'en Afrique du Sud et traverser ce continent du nord au sud, mais mon budget ce réduisant à vue d’œil, je me dois de partir et d'aller trouver une petit boulot en Argentine, ce qui est impossible en Afrique pour un blanc de passage.

Je quitte le grand pont pour rejoindre le restaurant du bateau, j'ai terriblement faim, il est déjà 20h30 et je n'ai quasiment pas manger de la journée. Je me rassasie goulûment, pâtes en entrée, puis poisson, puis viande avec légumes, puis fromage, et pour terminer, une pomme ! Je suis plein et je confirme les renseignements que j'avais lu sur les restaurants de la compagnie, ils ne lésinent pas sur la quantité, ni sur la qualité ! Un très bon point de rattrapage après cette journée d'attente sur le quai. L'on me présente ensuite ma cabine ou j'y passe ma soirée et ma nuit, à dormir ! Un vrai matelas ! Ça fait des semaines que je n'ai plus connu ça !

Toc, toc, toc !........ Toc, toc, toc !!...........Toc, toc, toc !!!
- Hummmm....... Qu'est qu'il y a ?
- It's the morning sear ! The breakfast is ready !
- Quoi !?!?
- It's time to wake up, it's 8 o'clock !
- Attends, attends, attends ! Tu viens me réveiller si tôt, pour me dire que le ptit déj est prêt ???
- Yes sear, and for clean your bed-room !
- What... ? But my bed-room is clean, i am arrived yesterday evening !

- Every morning i clean all bed-rooms and the breakfast is of 7 o'clock at 9 o'clock !

- Ok, ok, ok. c'est bon, 2 minutes please !

Et voilà comment je me suis retrouvé sur le palier de ma cabine, le premier jour, à 8h05, les yeux collés et la bouche pâteuse avec une grosse envie d'envoyer chier le stewart ! Mais je ne suis pas vraiment du genre matinal et me prendre la tête avec lui dès le réveil, surtout en anglais, ne me disait rien du tout! Je me suis donc exécuté et j'ai rejoint la salle de restaurant pour y prendre, mon breakfast ! Je rejoins alors la table des passagers, facilement reconnaissable puisque ce sont les seuls personnes qui ne sont pas en uniformes, et j'y fait la connaissance de Katja, Christian, Julgen, et de Mr et Mme Glerk. Tous Allemand ! Où presque, Christian est Suisse-Allemand ! Ils ont tous embarqués à Hambourg il y a déjà 3 semaines de ça. Me voilà donc à bavarder en anglais avec tous ce petit monde, à peine 5 minutes après m'être fait réveiller. Pour info, je déteste me faire réveiller le matin! Et je déteste parler le matin au réveil ! Surtout en anglais ! Ce premier jour à bord commence donc merveilleusement bien ! Je m’acquitte de cette tâche difficile et prend laborieusement mon petit déjeuner. Dès que j'ai terminer, je me précipite sur le pont pour prendre l'air frais de l'océan et admirer pour la première fois l'horizon. Le cargo est parti de Dakar dans la nuit et nous voilà désormais sur l'Atlantique avec de l'eau à perte de vue sur 360°.

Je prends mon temps pour faire le tour des ponts du navire et apprécier la vue sous tous les angles. Ils y a 3 ponts supérieurs, le grand pont qui fait 94 mètres de long et qui fait quasiment la largeur totale du bateau, un hélicoptère peut même si poser ! Puis il y a ce que j'appelle les passerelles, qui sont 2 ponts latéraux de chaque cotés du cargo à un étage inférieur et qui mesure environ 30 mètres de long pour 5 mètres de large. Y sont installés les 2 canots de sauvetages qui peuvent accueillir 42 personnes chacun. Le grand pont sert principalement à entreposer des voitures d'occasions venant d'Europe à destination de l'Afrique pour y démarrer une seconde vie. La cabine de pilotage est à l'avant du grand pont et domine toute la partie avant du navire qui mesure 112 mètres à partir de cette même cabine et ou sont entreposer des dizaines de conteneurs. Ce bateau mesure donc 206 mètres de long, 57 mètres de large et 35 mètres de haut! Immense je vous dis ! Et que dire de son poids ? Plus de 27 000 tonnes !!! Je me plein des 300 kg de ma moto une fois chargée mais là franchement c'est démesuré. 27 000 tonnes !!! Il faut un sacré bourrin pour faire avancer ce monstre des mers et j'ai eu le chance de le voir ! Je suis descendu dans la salle des machines pour y voir le plus gros moteur que je n'avais jamais vu. Un bloc Diesel 2 temps 7 cylindres en ligne ! Incroyable ! Je ne savais même pas que cela existait des Diesels 2 temps ! Et 7 cylindres en ligne, c'est étrange comme construction motorisé ! Je suis scotché devant ce monstres de puissance de 17 000 chevaux !!! Le bruit dans la salle des machines est assourdissant ! L'on me donne des boules Quies mais l'on a pas la chance d'entendre un tel engin tourné à 120 Tr/Min tous les jours alors je les laisse soigneusement dans leur boite et profite du sifflement du moteur. Le son qu'il dégage ressemble à un son de compresseur suralimenté où à celui d'une turbine d'hélicoptère ! Il est impossible de communiquer avec une personne juste à coté de vous tellement il est bruyant, même en hurlant ! Réellement bleffant ! Le bloc moteur mesure environ 10 mètres de long, 5 mètres de large, sur 15 mètres de haut ! Imaginer la taille du vilebrequin ! Gigantesque ! J'aperçois un piston dans un coin de la salle, je m'approche et je m’aperçois qu'il est quasiment aussi grand que moi en hauteur ! Et aussi grand qu'une roue avant de moto de 21 pouces en diamètre et munit de 6 segments! Démesuré je vous dis ! L'un des mécano m'indiquera qu'ils peuvent changer un piston du bloc si jamais il y a besoin sans même couper le moteur ! Je ne comprend pas bien comment et son explication en anglais me laisse un peu perplexe mais apparemment c'est possible ! Ils doivent pouvoir désolidariser l'un des cylindres du vilebrequin pour effectuer l'opération. Mais j'ai eu beau réfléchir à cette technique pendant plusieurs heures, je ne comprend aujourd'hui toujours pas comment c'est possible. J'aurais adoré voir ça ! Au bout de 30 minutes dans la salle des machines à observer le moulin, je commence à avoir vraiment trop chaud. Il fait plus de 50°C et même si la salle est ventilée, la chaleur est oppressante. Les mécanos se relaient d'ailleurs pour l'entretien, environ 2 heures par personne, ce qui est déjà un exploit ! Ce moteur mérite une attention de tous les instant et des hommes le surveille 24 heures sur 24 depuis la salle de contrôle des machines placée juste au dessus du bloc. Températures de chaque cylindres, de chaque échappements, de l'huile « ultra lourde », contrôle du flux de refroidissement (circuit ouvert refroidit par eau de mer!), contrôle du débit de carburant par cylindre (consommation journalière du moteur : 60 tonnes de Diesel...!!!), vitesse de rotation de la transmission, etc... Un moteur vraiment très impressionnant permettant de propulser le cargo à la vitesse vertigineuse de... 30km/h ! 35 en pointe avec le vent dans le dos... Avoir 17 000 chevaux pour avancer à 30 km/h, c'est vraiment ridicule ! Mais le rapport poids/puissance s'applique à tout engin motorisé et là, il ne joue pas en sa faveur ! 30 km/h (environ 17 nœuds nautiques) est l'une des vitesses moyenne les plus rapides des cargos marchands, alors je m'en contenterais ! Et puis pour admirer la vue du pont, cette vitesse est déjà trop grande !

Et quelle vue !!! Je n'ai jamais observé autant d'immensité toute de ma vie. Peu importe dans quelle direction je regarde, l'océan est sans fin. Calme, légèrement ondulé, d'un bleu marine contrastant avec le bleu lumineux du ciel. Il paraît sage, tranquille. Aucun élément ne vient briser la ligne d'horizon. Nous sommes seul sur l'atlantique. Aucun bateau en vue. Aucune terre à proximité. Nous voguons vers le Sud-Ouest avec la seul perspective d'atteindre l'autre rive à des milliers de kilomètres. Le bateau oscille de bâbord à tribord et d'avant en arrière aux grès des vagues, mais pas suffisamment pour me donner le mal de mer. Le ciel laisse entrevoir quelques nuages au loin, un léger clapot rebondit sur la coque de fer du navire et le soleil brille produisant une chaleur douce et agréable. Je me laisse bercé en scrutant l'horizon, l'esprit rêveur et contemplatif. Je resterai ainsi des heures entières pendant ce voyage à laisser mon imagination prendre le large et me mener dans des contrées de mon cerveau dont je ne soupçonnait même pas l'existence. Je suis happé par mes pensées. Je part dans des raisonnements improbables. Je réfléchis à des sujets qui me semblent important puis quelques minutes plus tard qui ne le sont plus du tout. Je divague. Je me noie dans mon inconscient et m’aperçois qu'en fait, je suis simplement heureux. Heureux d'avoir une longue réflexion sur moi même, une réflexion sur le monde qui m'entoure, une réflexion sur le vrai sens de la vie. J'ai l'impression que l'océan ouvre des portes dans ma tête. Comme si cette immensité ressentait l'impératif besoin de venir bousculer mes idées confuses. Mon corps est sur le pont du cargo, mais ma tête joue à la surface de l'eau comme un dauphin lancer à la poursuite de la proue d'un voilier. Je rêve de cette terre que je foulerai dans quelques jours et que l'on nomme Amérique. Je pense aux premiers hommes qui ont traversés l'Atlantique sans savoir jusqu’où celui-ci s'arrêtait. Aucun autre instrument de navigation que les étoiles et le soleil. Pas de GPS, pas de repérage par satellite, pas de moyen de communication, pas même un canots de sauvetage et sans savoir combien de temps ils allaient mettre pour rejoindre l'Inde. Et leurs surprises quand ils s'aperçurent qu'ils venaient de découvrir une terre nouvelle. La Grande América ! Je pense aussi à ceux qui l'on traversé plus ressemant en voilier, à ceux qui le traverse seul, vraiment seul, à la rame ou en pédalo ! J'imagine leur solitude pendant ces mois de mer et leur combat pour ne par perdre la boule. Moi qui au bout de quelques jours suis déjà presque maboule ! Il faut dire qu'il n'y a rien à faire sur un cargo en tant que passager et que l'on tourne vite en rond ! Heureusement, il y a un spectacle quotidien sur l'océan qui ne laisse personne indifférent et qui moi, me fait subjuguer de plaisir : le coucher du soleil ! Moment préféré de mes journées, il en marque aussi la fin. Tous les jours, vers 17h, je m'installe sur la passerelle tribord, dans une chaise longue, lunettes aux verres teintés sur le nez et appareil photos en mains, pour contempler cette œuvre d'art naturelle. Chaque seconde est importante car à chaque seconde le tableau change. Les couleurs se succèdent et se mélangent. Les nuages offrent leurs plus beaux manteaux et l'horizon paraît soudain irréel. Comme si le ciel n'était plus le ciel mais qu'il devenait, le temps d'un instant, le messager du soleil. Et le message est clair, «  Au cas ou je ne sois pas là demain, voici ce que je peu vous offrir de plus beau sur terre. » Et chaque soir est un vrai régal ! J'ai le sentiment que chaque coucher de soleil est plus beau que celui de la veille. Il est impossible de se lasser d'une telle représentation de beauté. Chaque soir est unique et ne ressemble en rien aux couchés précédent. Les lumières sont exceptionnelles et inégales. Le plafond terrestre passe en quelques minutes du bleu ciel au blanc jaunit, puis du jaune pâle à l'orange flamboyant, et se transforme ensuite en un rouge démentiel qui laisse à mes yeux un souvenir indélébile. Les nuages reflétant ces couleurs deviennent à leur tour des toiles de peintures avec qui le soleil joue impunément. Du gris au rose et du blanc à l'ocre, ils sont comme la cerise sur le gâteau, juste là pour sublimer. Le vent les chasses au loin et le soleil plonge vers la mer en quelques secondes. Il faut être attentif pour ne pas en perdre en miette, un tel élan de générosité de la nature ne peut être bafouer. Il faut profiter de chacun de ces instants magiques. De cette vision du monde qui nous fait oublier absolument tout le reste, nous fait nous sentir vivant, et nous emplit d'émotion à l'idée que cette étoile, à des milliards de kilomètres, nous offrent peu-être son dernier spectacle... A moins qu'il y est une autre représentation demain !

Il est maintenant 18h, c'est l'heure de la bouffe ! Après s'être régalé les pupilles, il est temps de se régaler les papilles ! Je rejoins mes compères dans la salle de restaurant pour y déguster un repas digne d'un grand restaurant Européen. Le chef est Italien et cela se ressent dans sa cuisine. Les plats sont généreux et toujours bien cuit, à l'Italienne ! Les journées sont rythmées par les repas et les horaires sont strictes ! Petit déjeuner entre 7h et 9h, déjeuner à 11H, et dîner à 18h ! Des horaires de maisons de retraites... Au début j'ai eu du mal à mis faire, puis au bout de quelques jours je me suis habitué et attends même ses heures avec impatience. Ce sont les seules réelles occupations de la journée alors forcément tous les passagers trépignent à l'idée de passer à table. Tous les repas commencent de la même façon, des pâtes en entrés! Compagnie Italienne oblige ! Et nous avons droit à toutes les sortes de pâtes possibles et imaginables. Spaghettis, Coquillettes, Tagliatelles, Tortellinis, Raviolis, Fusilli, Macaroni... Et le tout évidemment toujours accompagné de parmesan ! Puis nous passons aux premiers plats, généralement du poisson. Dorades, saumons, morues, thons, espadons, truites, merlans... Et parfois d'autres ressources de la mer comme des poulpes, des calmars, des petits crabes, et des fricassés de tout petits poissons que l'on mange entier et dont je ne connais pas les noms. C'est un vrai bonheur de manger diversifié, moi qui en Afrique mangeais relativement tout le temps la même chose, ce changement radical est très plaisant. Mais voilà le plat principal ! Viandes et légumes à volonté ! Du bœuf, du porc, du mouton, du poulet, de l'agneau, même du cerf ! Tout y passe, nous sommes impitoyables avec la faune terrestre. Et les garnitures ne sont pas en reste. Pommes de terre, haricots, petits poids, carottes, aubergines, choux fleur, betteraves, épinards, concombres, céleris, tomates, poivrons... Nous avons droit à toute la panoplie ! Je me régal comme rarement je me suis régaler. Je profite de chaque repas comme si je n'avais pas manger depuis des semaines. Je reprends de tout, et je goûte à tout ! Les sauces accompagnatrices sont simplement divines, et la cuisson des plats toujours parfaite. Bien que trop cuite à mon goût pour le bœuf. Je l'aime saignant, parfois bleu, et même cru de temps en temps ! Hummm... Un bon steak tartare... J'en salive rien que de l'écrire ! L’Argentine dit-on, produit les meilleurs viandes de bœuf au monde ! Je vais m'en faire une cure intensive une fois sur place, au point de risquer d'éradiquer à moi seul l'espèce bovine ! J'ai grand hâte de poser mes fesses dans un restaurant Argentin et de commander une pièce de bœuf d'un kilo ! Mais revenons à bord et passons au fromage ! Italien bien sûr ! Gorgonzola, Pécorino, Ricotta, Bocconcini... La encore l'assortiment est splendide et délicieux. L’Afrique étant très pauvre en fromage, je n'en ai quasiment pas manger depuis 7 mois. Alors encore une fois j'en profite sans aucune autre retenus que celle de la contenance de mon estomac. Arrivé à ce moment des repas, je suis rassasié ! J'ai manger pour 3 personnes et mon ventre me le fait comprendre... Mais il reste le dessert ! Glaces, salades de fruits, petites pâtisseries, où simples fruits. Après ça, je peut rester un mois sans manger que je ne perdrai pas un gramme ! Mais dès le repas suivant, l'odeur qui émane des plats me chatouille les nasaux et l'envie de goûter à ces merveilles culinaires l'emporte sur ma volonté de freiner mon ingurgitation. Je reprend donc de tout, parfois même plusieurs fois, sans aucun scrupule. La vie est faite pour être dévorée à pleines dents, je m'y exécute aux pieds de la lettre ! Mais par peur de prendre trop de poids et surtout pour compenser mon arrêt provisoire de la cigarette, je fait 1h de sport intensif tous les matin ! Oui, je n'ai pris aucune cigarette sur le bateau pour ne pas en avoir la tentation. Pas même une petite roulée, pas même un petit pétard, pas même une petite goutte d'alcool de tout le voyage ! No cigarettes, no alcohols, no drugs, no sex, a real monk life! Après 3 semaines à bord, il est temps que je remette pied à terre!!! Ma volonté est en ébullition et s'évapore comme eau au soleil ! Je rêve d'une Amsterdamer bien roulée ! Je rêve d'un Jack Daniel's bien frais ! Je rêve d'un cône de marijuana bien sèche ! Et je rêve d'une Sud-Américaine aussi bien roulée que la précédente Amsterdamer ! Alors pour contre-carrer tous ces péchés, je pousse la fonte tous les matins. Une heure dans la salle de musculation du cargo. Abdominos, biceps, triceps, pectoros, fessier, cuisses, muscles dorsos, je fait travailler mon corps jusqu'à l'épuisement total. Je fais passer mes pulsions dans les kilos que je soulève. Mais au bout de 2 semaines, j'ai beau rajouter du poids sur les altères, mes envies ne maigrissent pas et j'ai hâte d'arriver à Buenos Aires !

Terre! Terre !! Terre capitaine !!! Enfin voilà l'Amérique ! Le Brésil plus précisément ! Nous voici au large de Vitoria dans l'état de Esperito Santo ! Nous jetons l'encre à environ dix kilomètres des côtes pour attendre l'autorisation d'entrer dans le port et y faire escale. Nous resterons là 2 jours avant de pouvoir rentrer dans la baie. La vue y est spectaculaire ! Des montagnes sortent de partout et de manières vraiment très inégales. Ont est loin des falaises d'Etretat, même si celle-ci restent très jolie ! Ici, géographiquement, c'est l'anarchie ! Chaque montagne a poussée comme bon lui semblait, se foutant totalement du résultat esthétique. Mais inconsciemment, la nature a créée un paysage extraordinaire digne de nos rêves les plus fous ! Les plus belles côtes terrestres qu'il m'est été donné de voir jusqu'à présent ! Mais nous ne sommes pas à Rio de Janeiro encore ! Soit disant la plus belle baie du pays ! Nous resterons 24h à Vitoria, mais cette ville portuaire et industrielle n'a pas grand intérêt. Aucun guide touristique n'en parle, ce n'est pas une ville très attirante, outre le fait de ses côtes splendides. Avec Julgen, nous mettrons pied à terre mais ne resterons que 2 heures dans la soirée avant de remonter à bord. Le centre ville n'offre rien de bien intéressant et sans visas, nous ne pouvons nous aventurer trop loin du bateau. Nous repartons de Vitoria le lendemain matin et visons désormais notre prochaine escale, Rio ! Nous nous éloignons à nouveau des côtes pour regagner les eaux internationales et faisons cap plein Sud. La température est toujours clémente mais baisse petit à petit que nous nos éloignons de l'équateur et que nous nous rapprochons du tropique du Capricorne.

Il est 6h du mat', le lendemain, lorsque je me réveille brusquement ! Je suis étonné, pas de vibration moteur, pas de bruit de soufflerie de refroidissement, pas de oscillement du navire. Sommes nous déjà à quai ? A Rio ? J'enfile vite un short et me précipite sur le grand pont. Le soleil se lève à peine (le couché de soleil d'hier soir n'était donc pas le dernier...) et j'aperçois la terre ! Je frotte mes yeux, je me rapproche de la balustrade et là, surprise, la ville de Rio de Janeiro ! Je vois pour la première fois le Corcovado ! La plage de Copacabana! Et le pain de sucre ! Wouha ! Je suis scotché ! Émerveillée ! Stupéfait ! La lumière douce du soleil levant illumine ces merveilles. Je voudrai arrêter le temps ! Maintenant ! Stop ! Pause ! Mute !!! (On ne sait jamais ! Peu-être que le temps peu être arrêté en pressant le bouton « mute »...) Mais non, rien n'y fait. Le soleil se lève et je reste sur le pont, assis sur ma chaise longue avec un thé chaud et sucré dans les mains. Magique ! Réel moment de solitude jouissive ! En effet, Rio, c'est très beau ! Une succession de baies somptueuses, de superbes plages de sable fin avec juste derrière un bouleversement géographique, un puzzle de reliefs indescriptibles recouverts de forêts tropicales... La mer, la montagne et la forêt ont trouvés ici un accord parfait ! Cela dépasse toutes les imaginations possibles ! C'est simplement magnifique !

Le capitaine a fait prendre encre au cargo au large de la baie (toujours pour attendre l'autorisation d'entrer au port) et le spectacle est magistral ! Presque indécent de beauté ! Je ravise ce que j'ai écrit quelques lignes plus haut, voilà maintenant les plus belles côtes terrestres qu'il m'est été donné de voir jusqu'à présent ! Nous n'entrons dans le port que dans la soirée pour y faire une escale de 12 heures seulement ! Je tente de négocier mon débarquement définitif du bateau ici plutôt qu'a Buenos Aires mais les officiers de Grimaldi me trouvent tout un tas de raisons administratives pour m'empêcher de descendre du bateau... Je leur forcerai un peu la main, mais sans succès, les ritals sont vraiment incorruptibles... De plus, il nous est impossible de descendre du bateau la nuit et au petit matin les officiers nous annonces que nous repartons vers 10h, nous n'avons donc pas le temps de mettre pieds à terre à Rio ! Nous sommes tous très frustrés surtout que le navire à un problème mécanique au moment de repartir et nous restons coincés au port jusqu'à 16h... Nous aurions largement eu le temps de faire un petit tour de la ville... Nous n'aurions  peu-être pas vue grand chose mais cela nous aurais fait du bien de voir autre chose que ce maudit cargo ! Tant pis, je reviendrai à Rio par la route, avec ma belle, et nous prendrons le temps de visiter la ville.

Nous reprenons la mer, prochaine escale, Santos, ville portuaire de Sao Polo, situé à une centaine de kilomètres au Sud-Ouest. L'étape suivante sera l'arrivé, Buenos Aires ! Il est temps qu'on arrive, j'en ai marre de ce rafiot, je suis trop impatient de fouler les terres Sud-Américaines maintenant. 2 semaines était prévu pour faire le voyage, nous en mettrons finalement 3... Et cela commence à être vraiment long...

Tous les passagers tournent en rond sur le bateau, et il faut le dire, nous nous faisons royalement chier ! Nos journées sont longues et ennuyeuses, les seules occupations sont manger, observer l'océan, et dormir... Évidemment nous comblons les heures creuses par de la lecture, de la musique, des films, par l'étude cartographique de l'Amérique du Sud, et par l'apprentissage de l'Espagnol, mais les journées sont longues et répétitives. Cela me laisse aussi beaucoup de temps pour écrire et pour vous pondre cet article au moins 2 fois plus long que les précédents. J'espère que vous appréciez quand même, sinon, rien de vous empêche de vous arrêter là ! Moi en tout cas, je ne peu stopper mon écriture, j'aime trop ça maintenant ! 

Honnêtement, 2 semaines de cargo c'est bien le maximum, au delà, il n'y a plus de livre à lire, plus de film à regarder, et plus de musique à écouter et les heures deviennent vraiment très longues ! Nous n'avons plus grand chose à nous dire entre passagers car il ne se passe rien, et rêvons tous de reprendre nos véhicules respectifs et d'avaler du kilomètre avec plaisir ! Julgen avec son 4x4 Toyota tout équipé pour voyager, le couple Glerk avec leur camion Mercedes tout équipé aussi, ressemblant à un vrai camion du Dakar, Christian et Katja avec leurs vélos, et moi bien sûr, avec ma chère et tendre Transalp ! Nous discutons longuement de nos futurs trajets respectifs et il y a de très grandes chances pour que l'on se recroise tous sur les routes d'Amérique du Sud.
Celui avec qui je m'entend le mieux, c'est Julgen ! Âgé de 66 ans, il vient de prendre sa retraite en Allemagne et part barouder quelques mois en entre l'Argentine et le Chili, avant d'y installer sa voiture définitivement et d'en faire une sorte de maison secondaire ! Il aura donc sa maison à Hambourg, en Allemagne et son Toyota à Cordoba, en Argentine. Il jonglera avec les 2 continents au grès de ses envies ! Nous nous entendons bien, car outre le goût du voyage en commun, il y a un autre point qui nous relis : les Austin Mini !!! Il en a 8 !!! Toutes dans un état irréprochable, c'est un passionné ! Il a même un modèles d'exception de 1965 qui me laisse rêveur ! Je passe des heures à éplucher son album photos et nos discutions sur le sujet durent des jours ! Il m'en fait regretter d'avoir vendu la mienne avant de partir ! Mais je me le jure, un jour, je m'en rachèterai une ! Il connais très bien l'Amérique du sud pour y avoir fait déjà plusieurs périples, et me donne des coins d'exceptions à visiter et quelques renseignements précieux qui me servirons, j'en suis certain. Mon parcours à moi n'est pas vraiment encore définit, je veux descendre vers le sud en premier, vers la terre de feu, vers le bout du monde, puis remonter par la cordière des Andes, au Chili. Ensuite je verrai bien. Je voudrai voir l'Uruguay, la côte Sud-Est du Brésil, le nord de l'Argentine, le Paraguay, puis la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, et la Colombie. Ce qui fait un paquet de kilomètres donc je ne fixe rien à l'avance, nous en discuterons sur place avec la moto, elle a aussi sont mot à dire ! Et puis il va falloir que je bosse un peu car l'argent pour financer tous ces kilomètres ne tombe pas du ciel et mes économies sont maintenant plus proche du zéro que jamais. Il est temps de se renflouer un peu et de chercher de nouveaux sponsors aussi ! J'en ai déjà un qui vient de s'ajouter à la liste de mes partenaires, un fournisseur de tente qui vient de créer un nouveau modèle spécial moto. Je devrais la recevoir courant avril où mai, merci à toi Fred pour ce partenariat, je ferai échos de ton produit à travers le monde.

Avis aux autres intéressés : Je serai ravis de porter vos couleurs jusqu'à l'autre bout du monde en échange de quelques piécettes !

Santos ! Nous y voilà ! Cette fois ci nous accostons vers 11h du matin, je vais enfin pouvoir passer une après-midi à terre ! Après le déjeuner, je vais voir le second maître et il m'indique que nous repartons vers 22h, j'ai donc du temps, une permissions de sortie en quelque sorte !

Je sors du port et prend le premier bus qui passe. Le chauffeur me dit en fait que c'est un bus spécial pour les employés du port et qu'il ne peu m’emmener au centre ville. Je commence à descendre mais celui-ci me rattrape et me dis en Portugais que si je veux, il peut m'emmener là ou il y a les bus de ville. Je lui demande combien il veux pour ça. Gratis il me dit! Ok, parfait alors ! Et il me dépose 10 minutes plus tard à une station de bus. Je le remercie infiniment et commence à descendre, mais là encore il me rattrape ! Il tente alors de me vendre une belle Bible toute neuve en Portugais et m'explique que Dieu notre sauveur nanani, nananan... Je refuse et descend du bus en lui disant que je suis Juif, ascendant Nazis et que j'ai déjà mon Coran, dédicacé par George Bush Junior en personne, au fond de ma poche ! (Je ne pense pas qu'il est compris ma blague, où en tout cas, ça ne l'a pas fait rire...). Moi sur le coup, je me suis fait marrer. Je suis donc maintenant dans la ville, je ne sais pas du tout ou, je n'ai pas de plan, je ne parle pas Portugais, je suis seul et je n'ai que 10 Reais sur moi (environ 4€). Je décide donc de marcher plutôt que de prendre le bus en fait. Je n'ai qu'une après-midi pour découvrir la ville et en bus où en taxi je ne verrai pas grand chose. Je me met donc en marche dans la direction opposé du port, vers le centre ville mais aussi vers la plage ! Je déambule dans les rues, je me fond dans le décor pour passé inaperçu et marche ainsi une bonne heure avant de tombé sur une grande rue qui me semble mener directement à la plage. 30 minutes plus tard j'y suis ! La promenade de la plage ! Et la bizarrement tous le monde me regarde ! Je ne passe plus inaperçue du tout... Je ne comprend pas tout de suite pourquoi et puis d'un coup ça fait, tilt ! Ils sont tous à poils ! Enfin tous en maillots ! Où plutôt tous avec un bout de tissu d'à peine 20 grammes couvrant uniquement leurs parties génitales. Forcément moi, avec mon short et ma chemisette, je fais tâche ! Je me met donc torse nu et d'un coup ça va mieux. Les Brésiliens vivent donc tous à poils, où presque ! J'arpente la rue longeant la plage et c'est simple, ils sont à poils partout. Dans les cafés, dans les restaurants, dans les super-marchés, dans les boutiques, dans leurs voitures, sur leurs motos, partout ! Bon ok c'est un mode de vie, pourquoi pas ! Les femmes en bikinis et les hommes en moules-bites ! Le culte du corps est ici un état d'esprit général, chacun veut s'exhiber et impérativement montrer ses formes. Je gambade donc le long de la plage puis je mis assoit et contemple ce spectacle. L'océan Atlantique forme de belles vagues ou de nombreux surfeurs s'y amusent. Il fait 35° à l'ombre, pas de nuage, pas de vent, juste du soleil et des nanas ! Et quelles nanas ! Mais il y a une chose dont personne ne parle sur les plages Brésiliennes. On en parle pas dans les guides, on ne voit pas ça sur les cartes postales, ni dans aucun documentaire animalier, ni rien ! Personne ne parle de l'échouage massif de centaines de baleines sur les côtes du Brésil !!! C'est inadmissible !!! Un tel rassemblement de cétacés devrais pourtant attirer l'attention non ? L'on devrais intervenir, tenter de les remettre à l'eau pour les sauver, où au moins prévenir Green Peace ! Voir autant de si gros spécimens sur cette plage de sable fin sans que personne ne réagisse, c'est criminel ! Le culte du corps d'accord, mais pas quand on fait 200kg ! Voir des baleines humaines en strings et en moules-bites, franchement il y a mieux pour se rincer l’œil !!! Bon, heureusement il reste des cas bien plus attirantes pour sauver notre humanité en dérive. De superbes créatures venues d'un autre monde pour reconquérir la terre et anéantir l'espèce baleino-humaine. Je n'ai rien contre les baleines qu'on soit bien d'accord ! Et je n'ai rien contre les humains non plus d'ailleurs, quoique ça dépend lesquels... Mais ce mélange des deux espèces, franchement non ! Je ne sais pas quel savant fou à encore voulu faire une expérience douteuse, mais en tout cas c'est un total échec ! Vouloir faire s'accoupler un homme et une baleine... Non mais quelle idée !

Je passe donc une bonne partie de l'après-midi sur la plage avant de retraverser la ville à pied pour regagner le Grande América. Cette ville n'est pas tellement jolie et n'est faite que de bâtiments de béton moderne sans intérêt. Une ville balnéaire comme les touristes adorent ! Ça me fait du bien de marcher, je sens que mes jambes me remercie, après deux semaines à piétiner sur le bateau, faire cette quinzaine de kilomètres est un vrai plaisir. Mais au retour, je me perd un peu dans la ville et même si je sais que je suis dans la bonne direction, je ne sais absolument pas ou je suis et ou je vais. Je sais que le port est vers le Nord et le Nord c'est par là ! Alors je marche ! Je fini par tomber devant un long tunnel pour automobiles avec un petit passage pour piétons mais je redoute de le prendre et de ressortir de l'autre coté du canal du port. Le tunnel plonge sous une montagne ou une petite favelas est implantée. Du pont du cargo, je voyais cette montagne donc j'estime que le port doit être juste dernière. Deux solutions, prendre le tunnel où grimper dans la favelas. C'est décidé, je grimpe ! Les favelas Brésiliennes ne sont pas vraiment les meilleurs endroits pour un étranger mais j'aimerais bien voir à quoi ça ressemble quand même ! Je gravit donc la bonne centaine de marche pour y accéder et grimpe ensuite la montagne par la route qui mène au sommet. Rien de bien méchant dans tous ça, le quartier est un peu plus délabré et pollué que le reste de la ville c'est vrai, mais cela me rappel l'Afrique, particulièrement certain quartier nord de la ville de Ziguinchor. J'arrive en haut en 15 min et vois le bateau à quai, c'était donc bien par là ! Quand j'arrive en bas, je vois la sortie du tunnel, il passait donc juste sous la favelas, mais impossible de le savoir à l'avance ! Je regagne le cargo, il est 20h, je suis épuisé de cette marche, mais qu'est que ça fait du bien ! Nous repartons dans la soirée, cette fois ci pour notre destination finale, Buenos Aires, à 3 jours de mer !

Changement de programme ! Le lendemain matin, j'apprends avec dégoût que nous ferons une nouvelle escale avant la capitale de l'Argentine ! Et pire, que cette escale se trouve après la ville de Buenos Aires, à environ 150 km à l'Ouest en remontant le fleuve Rio Plata. Il s'agit de la ville de Zàraté, nous y resterons plus de 2 jours à quai avant de repartir en arrière... Tous les passagers sont d'abord dégoûtés, puis énervés d'un tel changement, nous voulons tous quitter le bateau à la prochaine escale, quoi qu'il advienne ! C'est la mutinerie à bord ! Une négociation musclée commence donc avec l'équipage et avec le second maître en particulier. Mais les papiers d'immigrations ne nous autorisent à descendre avec nos véhicules qu'à Buenos Aires et Buenos Aires seulement ! Les seuls qui ont le droits de quitter le cargo sont Christian et Katja car ils sont en vélo ! Il n'y a pas de cartes grises pour les vélos... Nous sommes donc contraints et forcés d'attendre encore une semaine avant de pouvoir débarquer définitivement. Cette semaine me semblera éternellement longue... Je suis en manque de liberté et le fait de devoir rester enfermé sur ce bateau commence à monter au crâne. Je ne suis pas claustrophobe, mais je déteste être « obligé » de rester enfermé quelque part. La prison serait pour moi tout bonnement impossible à vivre ! Je me suis d'ailleurs toujours dis que si cela devais m'arriver un jour, je ferai absolument tout pour m'en enfuir, quoi qu'il m'en coûte ! Mais je n'ai pas l'intention d'en visiter une de si tôt, j'ai déjà ma prison flottante qui me fait traverser l'Atlantique, c'est déjà largement suffisant ! Heureusement, les heures de promenade n'y sont pas limitées et je peux flâner sur le pont autant de temps que je veux !

Je suis par contre devenu insomniaque depuis que nous sommes reparti de Santos et comme dormir était l'une de mes activités favorites sur ce bateau, je suis bien embêté ! Il ne me reste plus que manger et regarder l'océan comme activités principales ! Et je commence à saturer sur la bouffe bien cuite du cuistot rital et parler avec l'océan, ça va 5 minutes, il vous répète toujours la même chose ! Il est vraiment temps qu'on arrive, mon envie de cigarettes reprend de plus belle, je suis à 2 doigts de craquer et d'acheter un paquet sur le cargo, paquets détaxés en plus, mais je tiens le coup, je serre les dents ! Plus que quelques jours et le juge me rend ma liberté !

Nous voici maintenant à l'embouchure du fleuve Rio Plata, entre Uruguay et Argentine, on aperçoit Monte-Vidéo à l'horizon. L'eau n'a plus le bleu de l'océan mais le marron de la terre. Nous entrons dans les terres. L’Amérique du Sud à gauche, l'Amérique du Sud droite! L’Argentine à bâbord, l'Uruguay à tribord ! Nous avançons petit à petit et l'étau se resserre, les rives se rapprochent d'un coté comme de l'autre. Nous passons devant Buenos Aires... Nous y reviendrons dans 3 jours... Nous accostons au port de Zàraté vers 22h ce soir là et est prévu 48 heures d'escale environ. La quasi totalité du cargo y est déchargée et une quantité astronomique de voitures sort des entrailles du monstre. Toutes neuves et de toutes marques, je ne pensais vraiment pas que ce cargo pouvait en contenir autant ! Nous en profitons avec Julgen pour aller faire un tour dans cette petite ville. Je découvre enfin l'Argentine et je dois dire qu'au premier abord, j'ai l'impression de débarquer en Europe. Ça me change de l'Afrique, c'est sur ! J'entame mes premières conversations en Espagnol et j'arrive plutôt bien à me faire comprendre. En revanche, je ne comprend absolument rien ! Les Argentins parlent très vite et je comprend à peine un mot sur dix... Ça risque d'être épique ! Mais je vais mis faire, j'en suis sur... En tout cas j'y crois ! Nous retournons ensemble au centre ville le lendemain pour finir les quelques emplettes que nous avions commencer, et passons quelques heures à la terrasse d'un café. Ça nous fait du bien de retrouver la civilisation ! Et internet aussi ! Nous n'avions aucune connexion à bord et nous passons donc un bon moment à éplucher nos mails. Retour ensuite sur le bâtiment Italien pour la soirée, nous devions quitter le port dans nuit mais une quantité faramineuse de Volswagen doit être embarquée à destination de Berlin et cela prend plus de temps que prévu... Décidément, ce voyage s'éternise... Le bateau quittera le quai de Zàraté vers 11h du matin le samedi et nous repassons à nouveau devant Buenos Aires dans le courant de l'après-midi... Nous n'avons pas l'autorisation d'entrer au port alors nous repartons vers la mer pour y jeter l'encre et attendre... Encore attendre... Passer 2 fois devant notre destination finale, il n'y a pas mieux pour entretenir une frustration générale... Nous, les passagers, n'en pouvons plus, nous voulons quitter ce cargo une bonne fois pour toute avant d'y prendre racine ! Ce samedi soir, nous apprendrons que nous n'aurons le droit d'accoster que le dimanche dans la nuit... L'attente est tout simplement interminable... Je prends sur moi pour éviter de craquer, la tentation de finir ce voyage à la nage ma traversé l'esprit... Mais hors de question de laisser mon bolide entre les mains de ce monstre d'acier et je ne lui ai pas encore appris à nager... Je patiente donc encore et encore, jusqu'à que nous touchions le quai de Buenos Aires avec le flanc du navire. Enfin ! Il était temps ! Je vais pouvoir chevaucher ma belle qui dormait sagement au dock 6 depuis 3 semaines et 1 jours. Elle a dû trouver le temps long... Au moins autant que moi ! Mais à la différence que elle, n'avait pas la vue sur l'océan...

 

Bon voilà, maintenant fini la rigolade ! Fini l'utopisme à 2 balles. Fini la recherche de liberté suprême. Fini la recherche de bonheur partagé. Fini de voyager au grès du vent. Je veux porter un costume branché tous les jours. Je veux bosser pour une multinationale qui écrase le tier monde. Je veux faire du profit à tout prix. Je veux le dernier Iphone. Je veux une grosse montre criarde calée à l'heure GMT ! Je veux 6 zéro sur mon compte en banque. Je veux un appartement sur les Champs-Elysées. Je veux un S.U.V pour me déplacer en ville. Et je veux surtout, une retraite dorée à 45 ans, pour pouvoir voyager et profiter de la vraie vie !


MES FESSES OUI !!! La vraie vie c'est maintenant où jamais !!! Viva Liberta !!!


Je met un coup de démarreur, j'enquille la première et descend la rampe du cargo. Une seule idée en tête, ne rien regretter !



Post-scriptum: Ce que je retiens de ce voyage en cargo ? L'océan évidemment ! Sa grandeur et sa beauté ! Le ciel rouge au moment ou le soleil disparaît à l'horizon ! La chaleur qu'il fait sur le pont, à midi, en plein soleil, au niveau de l'équateur ! Les 7 coupures moteur au milieu de l'Atlantique ,nous laissant comme un bouchon à la dérive ! Les Philippins mangent du riz à tous les repas ! Comme les Africains ! Les Allemands diluent le vin avec de l'eau ! Christian déguste les pieds de porc comme je déguste un steak tartare ! Le capitaine est un con ! Non, pardons. Un connard ! Gerry, le stewart est finalement très sympa ! Mon anglais est catastrophique ! Mon Espagnol est inexistant ! Mon français à penne mieux ! Ma liberté est un besoin et non pas une envie ! Il serait peu-être temps que j'aille chez le coiffeur, je peux maintenant presque me faire une queue de cheval ! La cigarette est une envie et non pas un besoin ! Il ne faut pas coincer le fil de ses écouteurs audio à travers une porte étanche ! Mon appareil photos ne marche presque plus ! Avoir une longue réflexion en solitaire au milieu de l'océan, c'est comme lire un livre avec des pages blanches, au début, on se demande pourquoi et finalement, on s'aperçoit que c'est évident...

 



6 mois, MADE IN AFRICA
 
6 mois déjà ! WHOUA !!! Putain de bordel de merde ! Je n’ai pas vu le temps passer ! Et vous ? 6 MOIS ! Merde alors, qu’est-ce que j’ai bien pu foutre de ces 6 derniers mois ? J’ai beau regarder derrière moi mais je ne me vraiment pas compte que 6 mois sont déjà passé. J’ai visité pas mal de coins c’est vrai, mais j’ai l’impression de n’avoir presque rien accomplie…

Bon, j’ai quand même quitté la France, ce qui n’est pas une mauvaise chose je pense. J’ai traversé en vitesse l’Espagne, puis j’ai rejoint mon pot Alex, chez lui à Rabat au Maroc, ou j’ai duré un peu. Puis j’ai traversé le désert du Sahara aussi, ce n’est pas rien ça non plus; j’ai affronté la « terrible » traversé de la Mauritanie en 3 jours, beaucoup trop court malheureusement, puis j’ai atteint le Sénégal ou là j’ai trouvé un peu de quoi m’occuper. Je l’ai parcouru du Nord au Sud et d’Est en Ouest, j’ai eu le temps de bien me Sénégaliser! J’ai traversé la Gambie aussi très rapidement mais ce pays est si petit qu’y rester des semaines m’aurait un peu ennuyé. Puis j’ai posé mes valises en Casamance, ou là j’ai trouvé une vraie terre d’accueil sur laquelle je me serai bien installé définitivement mais ce n’était pas l’objectif du voyage… Je me suis aventuré en Guinée Conakry, sans visas, que j’ai donc dû traverser sous escorte militaire… Puis j’ai fait la Guinée Bissau ou là non plus je n’avais pas de visas mais ou les démarches ont été moins autoritaires même si j’ai pas mal galéré… Et au final je suis remonté en Casamance pour y revoir les ami(e)s que je me suis fait là ba et pour reprendre la route du Nord, vers Dakar. Tout ça en 6 mois ! Alors vu comme ça, c’est vrai que j’en ai fait des trucs, mais n’empêche que je n’ai pas vu le temps passer…

Alors comment résumer 6 mois de VIE en quelques lignes…? Je ne sais pas trop par ou commencer… Par le début ce serai plus simple, mais j’ai déjà raconté le début de mon parcours et vous redire ce que vous savez déjà n’a pas d’intérêt, alors je décide de chapitrer cet article par thèmes qui me semblent important de développer. J’ai eu le temps en 6 mois de me faire une petite idée de l’Afrique, même si je n’ai traversé que 6 pays de ce gigantesque continent, et je voudrai faire un premier bilan sur des points qui me tiennent à cœur.
 

Chapitre 1 : La liberté !

LIBERTE! Voilà certainement mon mot préféré ! Il exprime pour moi le sentiment de n’appartenir à personne, de ne se sentir obligé de rien, de pouvoir faire ce que l’on veut sans que personne n’ai quoi que ce soit à vous dire, avoir le sentiment de vivre sa vie comme on l’entend ! Ce mot est « mon maître mot » ! Je l’ai toujours recherché lorsque j’étais en France et je pensai parfois l’atteindre mais sans vraiment être totalement satisfait. Au départ du projet, je pensais qu’en partant seul autour de la planète cette liberté allez mettre offerte, mais je trompais. La vraie liberté ne s’offre pas, elle ne se demande pas, elle ne s’achète pas non plus, elle se prend ! Personne ne nous donne la liberté, c’est à nous de la prendre ! J’ai pris la mienne le dimanche 24 juillet 2011 et pas un seul jour depuis mon départ je l’ai regrettée. Il n’y a pas eu un seul moment depuis ces 6 derniers mois ou j’ai pensé que cette liberté n’en valait pas le coup ! Depuis le premier jour, Ma Liberté n’a cessée de grandir. Le sentiment que je ressens lorsque je roule au guidon de ma brèle à parcourir de nouvelles régions chaque jours est incomparable ! C’est ça, La Liberté que je recherchais tant ! Aujourd’hui je crois l’avoir trouvée. Je crois avoir trouvé le meilleur moyen de vivre pleinement ce sentiment. De vivre selon mes envies, mes désirs, mes humeurs et de n’avoir de compte à rendre à personne ! De seulement faire ce qui me plait, et de n’attendre aucun jugement la dessus. De vivre une vie simple, une vie faite de voyages, de rencontres, et de partage, La Vie, selon mon point de vue.

Alors bien sur cette liberté à un prix ! Et pas que financier ! Un prix qui coute cher moralement aussi, car cette liberté que j’ai pris, n’est pas de tout repos non plus ! Il y a déjà le départ de France qui a marqué pour moi, Le grand début, mais qui a marqué aussi le début de la solitude, des galères en moto, des arnaques en tous genres, et bien sur le début d’une vie de vagabond ! Mais toutes ces « contraintes » sont choisies, je les connaissais avant de partir, je m’attendais à les vivre. Ceux à quoi je ne m’attendais pas, c’est à leurs ampleurs… Je les prends toujours avec le sourire car j’ai choisis délibérément cette liberté, mais je ne pensais pas leur sourire aussi souvent… A la solitude, je lui ris au nez car même si elle devient très présente parfois, la plupart du temps, j’adore ça ! C’est lorsque je suis seul, vraiment seul, perdu au milieu de nulle part que je prends conscience que liberté et solitude sont indissociable. C’est dans ces moments que je trouve un réel bonheur, lorsque que la liberté est telle, qu’elle me donne des ailes et que rien ne me parait inaccessible… Sauf bien sûr lorsque ce sont les galères à moto qui me rappellent à l’ordre… Casse de roulement de boite, crevaison par dizaines, surchauffe moteur, pannes d’essences, panne de batterie et j’en passe… Cette moto je l’adore, presque autant que la liberté, je l‘ai construit de mes propre mains et je ne voudrai faire cette aventure avec aucune autre, mais qu’est-ce qu’elle m’en fait baver quand même… Surtout pour les crevaisons ! J’en ai marre de démonter le pneu arrière toutes les semaines… J’ai beau faire attention ou je mets les roues, j’arrive au final toujours à me retrouver le pneu à plat… Alors c’est vrai que les chambres à air sont bas de gammes et de mauvaises qualités, mais il n’y a que ça ici en Afrique donc je n’ai pas le choix ! Quand je crève à basse vitesse ça va encore, je tiens la moto, l’arrête comme je peux et je démonte sur le bord de la route. Mais quand je crève à 110km/h… C’est une autre histoire ! Tenir un missile de 300 kilos lancé à plus de 100km/h sur un pneu déjanté, ça tient du miracle ! Et en Guinée-Bissau d’ailleurs j’en ai fait les frais. En allant à la Bissau, la capitale, la chambre à air arrière a éclatée et je me suis vautrer à plus de 100 km/h, comme une merde ! La valise gauche a amortie quasiment tout le choc de la moto contre le bitume et le pare-carter a fait le reste. Mais du coup la valise est dans un sale état, et je vais devoir la refaire propre ces prochains jours à Dakar. Moi je m’en tire avec quelques égratignures, surtout sur les fesses… Je peux vous dire que la liberté quand je relève la moto dans cette état, je l’enc… Mais bon c’est comme ça, je dois faire avec, ce sont les aléas d’un tour du monde à moto ! Je paye ma liberté le prix fort ! Tout comme lorsque je me fais piégé comme un touriste à Saint Louis ou je me fais voler tous mes papiers d’identité et tout mon fric… Là pareil, la liberté paraît tout à coup s’enfuir à toute vitesse… Où bien à Rosso ou je pays beaucoup trop chère l’assurance de la moto, 3 fois le prix, sans parler des back-chiche… Où même encore dans la vie quotidienne ou chaque commerçant me voit arriver de loin, sur ma grosse moto et tente de m’arnaquer sans aucun scrupule… Mais ce sont des contraintes de voyageurs et je les accepte sans broncher, j’ai choisi cette vie, cette liberté de vie et je ne le regrette vraiment pas. Si chacun prenait sa liberté comme il l’entend, ce serai peut-être un peu le chaos, mais les gens seraient surement un peu plus heureux… VIVA LIBERTA !
 

Chapitre 2 : Les rencontres !

Chaque rencontre est unique ! Et ça, c’est déjà énorme ! Avant même d’aller plus loin dans la relation avec une personne, chaque rencontre à son propre lot d’aventures, de suspens, d’interrogations, de surprises, de peur mais aussi de joie. Chaque rencontre est unique ! Et ça, c’est magnifique ! La naissance d’une future connaissance ! Ça commence souvent par des politesses, par des présentations, par des banalités d’usages, mais une fois passé tout ça, il y a La vraie rencontre ! La rencontre avec une personne neutre au départ qui ne se dévoile pas de suite, ou rarement, pour laisser à l’autre le temps de se livrer aussi un peu. Laisser le temps aux questions, aux réponses, puis aux autres questions, et aux autres réponses. Le temps d’apprécier l’autre petit à petit, ou alors de détester, ça arrive aussi ! Mais en Afrique la plupart des rencontres que j’ai faite ont été franches, chaleureuses, et vraies J’y ai rencontré ici des ami(e)s, voir même plus si affinités ! Des personnes avec qui je n’avais rien en commun il y a encore quelques mois et qui pourtant aujourd’hui compte beaucoup pour moi. Je pense à Moustapha à Saint Louis, je pense à Marie, Khadija, et Adama à Dakar, je pense à Gilbert, Clara et Michel à Ponta, je pense à Thibault et Pierre maintenant remontés en France, à Jean sur son voilier, à Omar et Alain ainsi qu’à Emile, Nobi, Fatou, Papis, Cyril, Arnaud, Guillaume et bien sûr à la belle Michelle à Ziguinchor pour qui j’aurai décrocher la lune si elle la voulait vraiment… Toutes ces personnes dont j’ignorais l’existence il y a encore quelques semaines et qui sont aujourd’hui gravé à jamais dans ma mémoire. Et ce ne sont que les « principaux », car des rencontres j’en ai fait et j’en fais tous les jours, je n’arrive d’ailleurs souvent pas à me rappeler des noms de tout le monde… Mais chaque rencontre reste unique et ça c’est magique ! J’ai même rencontré le même type 2 fois, dans 2 pays différent… Et je dois avouer qu’on ne s’entendait pas trop mal, mais j’ai eu un peu l’impression qu’il me suivait… Comment il s’appelait déjà… ? Alexis ! A oui voilà, c’est ça ! Alexis ! Un sacré numéro lui aussi ! J’espère bien le recroiser encore dans un autre pays, sur un autre continent, Inch Allah !

La plupart des rencontres que je fais sont sur la route, quand je suis à moto et que je m’arrête prendre de l’essence, ou manger quelque part, où bien faire quelques courses, où même dans les hôtels ou auberges ou je m’arrête dormir. Ce sont des rencontres plus brèves et tournent le plus souvent autour de ma moto qui impressionne beaucoup ici. C’est très gratifiant mais presque usant à force car entendre et répéter plus de 30 fois la même chose dans la journée, ça soule un peu à force. Mais comme à chaque personne que je rencontre, pour lui ou pour elle, c’est la première fois qu’il ou elle en parle de cette fameuse moto, je fais l’effort à chaque fois, c’est normal. Les plus impressionnés sont bien sur les gamins, quand je vois leur yeux s’ouvrir en grand et me faire un grand sourire ou un grand signe de la main lorsque je passe, j’ai envie de m’arrêter presque à chaque fois pour leur faire durer ce petit plaisir. Mais si je le faisais, ce tour du monde prendrai le temps de 10 vies au minimum… Et pourtant qu’est-ce qu’ils sont mignons ces gamins avec leurs sourires jusqu’au aux oreilles en venant vous serrer gentiment la main dans la rue et en vous criant joyeusement « Toubab Bonjour ! ». Il y a les flics qui sont bon aussi ! Ils m’arrêtent souvent, mais la plupart du temps me laisse repartir au bout de quelques minutes de discussion sans même avoir contrôlé mes papiers tellement ils sont obnubilés par la bécane. Bon il y a des exceptions évidemment, au Maroc j’avais pris une amende ridicule pour une faute que je n’avais pas commise, mais bon, ça fait partie du jeu de l’Afrique aussi, il faut savoir perdre de temps en temps. Mais là où le blanc, ou gaori, ou encore toubab ne perd pas trop souvent c’est avec les femmes… En Afrique noir, elles raffolent de blancheur ! Tout toubab est beau ! Donc forcément ça facilite les choses. Mais ne pas si m’éprendre, beaucoup d’entre elles trouvent encore plus beau notre portefeuille, même si l’on leurs explique qu’il est vide ou presque… Et d’ailleurs plusieurs personnes m’ont répété la même chose et j’ai pu constater que c’était vrai. En Afrique noire, c’est triste à dire, mais tu files 5000 francs CFA (8€) à une femme et elle couche avec toi sans aucun problème ! Alors pas toutes évidemment, je ne veux surtout pas faire de généralité, mais une bonne partie et c’est encore plus flagrant dans les petits villages. C’est pourquoi dès que je trouve une femme différente je mis accroche un peu car ça un coté très malsain je trouve, mais c’est comme ça que ça marche ici… Alors il ne faut pas que je m’accroche trop non plus parce que sinon je suis bien capable de tomber fou amoureux de l’une d’entre elles, de leurs peaux noires si douce et si belles aux reflets du soleil, de leurs regards de feu qui ne demande qu’à m’embraser, de leurs sourires si charmeur, et de leurs silhouettes si bien proportionnées… Mais hop hop hop, je m’emporte là… Il faut que je garde la tête froide par ces températures en 35°C à l’ombre en plein mois de janvier et ce n’ai pas toujours facile croyez-moi… Et comme je le re-répète chaque rencontre est unique, et ne pas succomber aux charmes de certaines est parfois presque impossible… Et puis il y a les hommes, qui une fois sur deux veulent m’acheter ma moto… Alors moi, très joueur, je commence la négociation ! 100 millions de francs CFA ! L’équivalent de 150 milles Euros… Ça les refroidis tout de suite généralement ! Mais certains tentent de négocier quand même. Alors je négocie ! 95 millions, 90 millions, 80 millions… Mais je les décourage vite et leurs fait bien comprendre que si ils veulent ma moto, il va falloir avoir un portefeuille bien remplit et de sérieux arguments ! Pour l’instant, je n’ai pas trouvé d’acheteur… Et franchement je n’ai pas l’intention d’en trouver. Sinon la plupart des mecs sont très cool, très gentils, toujours à vouloir vous rendre service et si possible vous gratter un peu de tunes! Pas tous ! Pareil, je ne veux pas faire de généralité, mais une très grosse majorité, dès qu’ils en ont l’occasion, vont venir vous demander 500 balles par-ci, 1000 balles par-là… Ça en devient presque offensant et gênant à force. Etre accueillis comme un frère au départ mais être considéré en fait que pour un friqué qui vient déballer ses biftons en Afrique… Je remets de suite les choses en place, je n’ai pas un rond, et ne compte pas en avoir à revendre ! Je voyage dans l’optique d’apprendre le monde et non pas de profiter de tous les biens matériels qu’il peut « offrir » ! Ça ne m’intéresse pas de vivre avec l’idée de gagné de l’argent pour chercher ensuite à le dépenser. Gigi à ponta m’a dit une phrase très juste, «Rêver d’une vie meilleure en voulant gagner beaucoup d’argent ne fera pas ton bonheur, mais savoir quelle genre de vie tu veux avoir et combien cela peut-il te couter pour travailler en fonction, puis se contenter du bonheur de la vie en sachant l’apprécier. » Il m’a dit une autre phrase qui m’est restée, c’est que chacun est le moteur de sa vie ! Et ça c’est criant de vérité ! Nous sommes tous maître de nos actes et de nos paroles ! Personne ne va décider pour vous ! Chacun a le contrôle de sa vie et ses cartes en mains pour jouer ! Alors jouons ! La vie passe trop vite pour la laisser aux mains d’autres personnes ! J’ai vraiment beaucoup apprécié Gilbert à la Pointe Saint George, il m’a fait réfléchir et m’a apporté encore plus. Grand Monsieur ce Gilbert ! Merci ! Et Merci aussi à tous ceux que j’ai croisé ici en Afrique, à tous ceux qui m’ont fait grandir.
 

Chapitre 3 : Le dépaysement !

Ça pour être dépaysé, je suis dépaysé ! Passer tout l’hiver sous 35°C, ça change la vie ! Cela va faire plus de 4 mois que je n’ai pas vu de pluie ! Sans rire ! Plus de 4 mois  que je n’ai pas vu une seule goutte de pluie ! C’est quand même génial ! Ne plus avoir les mains gelées au mois de janvier sur la moto, ça ne m’était jamais arrivé ! Alors en contrepartie je prends des coups de soleil, mais bon je préfère encore ça ! Et puis question décors pour noël, on oublie la neige et les « beaux » sapins lumineux et on les remplace par les plages de sable fin et les palmiers de la Pointe Saint George, c’est quand même autre chose ! Je ne serai pas contre une petite bataille de neige mais franchement aller se baigner dans la Casamance et bronzer un peu sur la plage un 25 décembre, c’est le pied ! Et puis voir les têtes d’enterrement des Parisiens remplacé par les sourires des Africains, c’est quand même vachement plus plaisant. Non, il n’y a pas à dire, pour être dépaysé je suis dépaysé ! Je le suis tellement que j’ai déjà presque oublié la vie que j’avais avant en France, moto, boulot, bédo, dodo… Ça ne me manque pas du tout !

Autre dépaysement, il y a bien sûr la culture ! Les cultures africaines sont très diverses et encore très encrées dans les meurs. Les musiques, les religions, les repas en famille, l’esprit de fête, l’esprit de partage font partis du quotidien et sont très respectés de tous. Le mariage aussi reste un principe de base ici, et même si beaucoup d’hommes se « permettent » d’avoir plusieurs femmes, sous couverture de la religion musulmane, il reste un passage obligatoire  à tout début de relation sérieuse. Ce qui n’empêche pas, n’y l’homme, n’y la femme d’aller voir ailleurs parfois… Le monde parfait n’existe pas, où alors je ne l’ai pas encore découvert ! On a donc essayé de me marier une bonne centaine de fois depuis mon départ, surtout au Sénégal, mais je décline gentiment la gentille proposition à chaque fois, me marier n’est pas du tout une de mes priorités… On a même voulu me marier avec des gamines de 12, 10, voir 8 ans… Mais seulement contre une jolie dote bien sûr ! Très malsain ! Mais l’esprit de famille est extrêmement fort en Afrique et encore très respecté. Même si aujourd’hui les jeunes aspirent plus à une vie de type Européenne où Nord-Américaine plutôt qu’à perpétuer les traditions de leurs parents. Mais qui pourrait leurs en vouloir ? L’Europe reste un eldorado pour tous les jeunes Africains qui ne rêvent que d’y monter un jour pour « réussir leurs vies». Alors qu’au contraire pour moi la « réussite » de la mienne passait justement par la fuite de cette Europe… Différences de points de vue sûrement… Moi qui en partant de France rêvait de cultures différentes, je dois dire que je ne suis pas déçu! L’esprit général qui ressort le plus de la vie Africaine est la gentillesse je crois. J’ai rencontré plus de gentillesse en 6 mois que dans toute ma vie ! J’ai partagé plus de vrai instant de vraie vie pendant ces 6 mois que toutes mes années passées en France. Je me suis amusé tellement à vivre, à danser, à manger, à boire, à fumer, à rigoler, à partager, et aussi à apprendre que je regrette de ne pas être parti plus tôt… J’ai encore très soif de cette vie tellement différente de la vie Européenne. La musique joue un rôle très important aussi, elle est omniprésente en Afrique noire, et le nombre d’artiste à avoir un don pour ça est impressionnant. J’ai écouté beaucoup de musiques locales, j’ai été à beaucoup de concerts et fait quelques festivals, j’ai assisté à une semaine complète de théâtre à Ziguinchor, j’ai rencontré des musiciens, des danseurs, des techniciens son et lumières, et l’esprit musical et culturel est exceptionnel ! On sent un sens à tout ce que font ces gens, et on ressent des émotions incomparables ! L’esprit de fête de l’Afrique est présent quotidiennement et vous emportes autant que le courant de la Casamance m’a emporté une nuit… J’avais décidé de rejoindre le bateau de Jean à la nage mais je n’avais pas pris en compte le courant très fort du fleuve… Un piroguier m’avait gentiment sauvé d’une dérive certaine… A 5h du matin, seul et bourré, je ne sais jusqu’où le fleuve m’aurait emmené… Il y a eu une fois aussi ou le dépaysement a été fort, c’est lorsque nous sommes parti de Ziguinchor avec Alex et Thibaut et que nous sommes tombés en panne avec la petite moto qu’Alex avait loué… La moto était propre dans l’ensemble, il s’agissait d’un petit Yamaha DT125, un petit deux temps des années 90 avec quelques kilomètres au compteur. Nous pensions rejoindre la Pointe Saint George avant la nuit en partant de Zig’ vers 17h, il n’y a que 50 km dont 15 de pistes très sablonneuse, mais la ptite brèle en a décidée autrement… A peine commencions nous les derniers 15 kilomètres de piste que le cable d’accélérateur à cédé ! En bricolant un peu, on a réussi à faire un système de tirette au guidon ce qui permettait de d’accélérer un minimum… Mais la nuit tombe vite… Et on se retrouve tous les 3 dans une nuit noire, au milieu de la savane sans aucun point de repère avec une moto fonctionnant qu’à moitié… Nous perdons rapidement la piste et l’on commence à rouler, rouler, rouler sans savoir où nous allions… Nous avons traversés des rizières, nous nous sommes perdu dans une forêt, et petite moto tombait de plus en plus en ruine… La clé de contact s’est envolée bloquant le contact sur ON, l’ampoule de phare avant se coupait et laissait le noir complet en guise de seule vue, le levier de frein avant s’est barré… Bref, une ordure cette bécane ! Nous avons fini par retrouver la piste au bout de quelques temps et sommes arrivé vers 22H chez Gigi… 4h pour faire 15 bornes de piste… Un record je crois ! Mais c’est aussi ça l’Afrique, c’est l’aventure à chaque pas que tu fais en avant ! A Nyikine aussi je me suis fait piéger par le dépaysement… J’étais parti avec une amie sur une grande plage déserte à l’embouchure de la Casamance et après y avoir passé la journée, nous sommes repartis trop tard de notre petit paradis, la mer était montée et bloquait la plage par laquelle nous étions venu à moto… Impossible de rentrer ! Moi j’aurais bien dormi dans la nature en attendant le lendemain mais ce n’était pas du goût de mon amie… Je connaissais un petit village à environ 10 km de là, mais la piste pour y accéder  ce n’était que du sable bien mou et le sable bien mou et les 300 kg du transalp de font pas bon ménage… J’ai donc roulé sur cette piste pendant 4 bornes (3 chutes) avant d’arriver dans un hameau d’une dizaine de maison ou j’ai demandé l’hospitalité pour la nuit. Mon amie, pas rassurée du tout, a joué le jeu et finalement nous avons passé une excellente soirée auprès du feu avec les jeunes de ce tout petit village. L’hospitalité Africaine n’a vraiment rien à envier à l’hospitalité Européenne. Y a-t-il d’ailleurs une hospitalité chez nous ? Si un inconnu venait frapper chez vous et vous demandais l’hospitalité, l’accueillerais vous… ? J’ai quelques doutes…

 
Chapitre 4 : La moto !

Chapitre un peu plus technique mais nécessaire car après 6 mois de route sur mon transalp, la titine mérite bien un chapitre rien qu’à elle ! On a parcouru près de 15 000 km ensemble et ils n’ont pas été de tout repos tout le temps… Je peux même dire qu’elle a été capricieuse depuis le départ ! Mais c’est normal, ce n’est pas une moto sortie d’usine, loin de là, je l’ai reconstruit avec mes petites mains ! Et la veille de partir, je la bidouillais encore avec mes pots… Elle a eu 7 mois de gestation, mais 1 année complète n’aurait pas été un mal… Je suis parti sur une base d’une Honda Transalp 600 de 1989 qui avait 65000 km au compteur. Moto très fiable niveau moteur et comportant très peu d’électronique mais avec une partie cycle un peu trop légère pour le poids des bagages et les kilomètres à accomplir. Je l’avais donc repris de A à Z et en 6 mois elle était de nouveau sur ses roues, prête pour une nouvelle naissance et à une nouvelle vie qui l’attendait. Le dernier mois, les préparatifs finaux ont été tellement nombreux que les derniers réglages et dernières modifications ont été faits un peu dans la précipitation et n’ont pas eu suffisamment d’attention de ma part. J’ai donc eu quelques surprises au bout de quelques milliers de kilomètres… La première des petites galères a été la perte de l’étrier de frein avant à Vichy, dû au mauvais serrage de sa visse inferieur par mon ex-collègue et ami Francky… Aujourd’hui j’en rigole, mais sur le coup, je riais bien moins… J’ai eu ma première crevaison en Espagne aussi, près de Malaga, une crevaison avant ! Puis quelques kilomètres plus loin, sur l’autoroute, l’explosion du silencieux d’échappement en Aluminium de marque ARROW… Franchement 2000 bornes pour un silensbar, c’est plus que moyen… J’ai donc dû le refaire au Maroc en remplaçant la coque Alu par une coque inox, beaucoup mieux adaptée au périple. Après il y a eu une petite pause aux niveaux galères, j’ai bien roulé au Maroc mais là où j’en bavai le plus, c’est pour contrôlé la moto surchargée à faible allure, surtout dans le sable ! Je ne compte plus depuis mon départ le nombre de chute à basse vitesse ou même à l’arrêt que j’ai pu faire dans le sable… Parfois 5, 6 où 7 fois dans la même journée, et relever ses 300kg est épuisant… Plusieurs fois je me suis vu bloqué dans le sable, dans des ornières, où dans des marres de flotte, voir même dans des rizières... Et si personne n’est là pour me filer un coup de main dans ces cas critiques, je ne sais pas pourquoi mais je me mets à rigoler ! Je ne m’énerve pas, je reste plutôt calme, et je trouve la situation marrante ! Et pour le moment ça me réussit plutôt bien, puisque je me suis toujours tiré de ces situations ! A mon arrivée à Dakar, lorsque que j’ai entendu pour la première fois le sale bruit du roulement de boite de vitesse couiner, là c’est vrai que je rigolais moyen… La galère allait être un peu plus grosse… Il a fallu que je démonte entièrement le moteur pour atteindre ce fameux roulement droit de l’arbre secondaire de boite de vitesse qui avait rendu l’âme. Et sa casse est entièrement de ma faute ! J’ai roulé de Saint-Louis à Dakar avec la chaîne trop tendue et une charge supplémentaire, mon ami Moustapha et son sac. 250km à 100km/h, le roulement ne l’a pas supporté ! Mais bon, ce n’ai pas bien grave, juste quelques heures de boulot pour changer ce roulement, et en profiter pour faire une première bonne révision à la belle qui a eu très chaud dans le désert Saharien ! Elle m’avait d’ailleurs fait une grosse frayeur en Mauritanie ou elle s’était coupée en plein désert, sous 60°C au soleil… La chaleur, le vent, et le sable lui on fait peur et elle a préférée caler plutôt que de serrer ce qui n’était pas plus mal… Après quelques minutes que je trouvais interminable, elle a redémarrée et ma conduit à bon port, Nouakchott en l’occurrence. L’ajout d’un second ventilateur sur le radiateur de refroidissement de gauche était plus qu’indispensable mais rajouter un radiateur d’huile aurait été une bonne idée aussi pour refroidir le circuit de graissage moteur… Si je trouve un radiateur à adapter je m’attellerai à cette tâche. Je voudrai installer des ampoules à leds pour mes 2 feux de position arrière aussi car les ampoules classiques grillent tout le temps avec les vibrations. Je vais devoir changer mon pneu avant qui commence à fatigué un peu depuis Rabat. Les crampons de la bande de roulement commencent à se fissurer à certains endroits, et je sens que sur la route son adhérence baisse. Il me reste un Michelin T63 avant neuf pour remplacer ce Continental TKC 80 fatigué. A l’arrière j’ai monté le Michelin T63 depuis 1 mois et demi! Mieux que le TKC 80 dans le sable c’est certain, sur la route je n’ai pas senti trop de différences, peut-être un peu à « haute vitesse : 120-140km/h» ou le Michelin est plus bruyant mais sinon ça ce vaut, ça tient pas la route ! Elle est loin l’époque ou je montais des Michelin Pilot power pour aller jouer avec mon GSR… Où de me taper des pointes à plus de 250km/h avec toutes sortes de bécanes. Faire de la roue AR toute l’après-midi à Méry avec les collègues du taf… C’est vrai que faire le con en bécane ça me manque terriblement ! Je reste sage avec le transalp, même si je m’autorise de temps en temps une bonne grosse bourre dans la savane et ou je roule à 70km/h dans des zones ultra sablonneuse et ou je m’amuse à faire des travers de porc avec la roue arrière… Où même encore lorsque je me tape des pointes au taquet sur les longues pistes plates du Siné Saloum ou de Casamance… Mais dans l’ensemble je reste sage… Mais la vitesse me manque ! Me prendre un ptit 300km/h dans les épaules je ne serai vraiment pas contre… Où aller ce faire frotter le genou sur circuit… Mais fini cette époque ! Maintenant mon transalp me balade de pays en pays et c’est tant mieux ! J’aurai fini par me tuer de toute façon si j’avais continué à rouler comme je le faisais avant. Aujourd’hui je m’éclate sur les pistes de terre d’Afrique et je prends de l’expérience en enduro, chose que je n’avais pas du tout au départ et que j’ai appris en chemin. Je suis encore loin de pouvoir prétendre à être au départ du Dakar (en Amérique du Sud désormais) mais j’apprends vite et  je me débrouille de mieux en mieux. A chaque chute j’apprends beaucoup et ce que j’ai le plus appris pour le moment c’est à relever la bête !

Je remonte à Dakar dans 2 jours, et je vais me reposer au CVD pour lui faire un petit soin général, faire les quelques modifications que j’ai encore en tête et bien sûr refaire la valise qui a bien morflé. Je vais d’ailleurs supprimer tous les rivets des 2 valises qui commencent à prendre du jeu et les remplacer par de belles visses, elles seront plus facile d’entretien ! Je vais aussi lui offrir un vrai grand nettoyage car je n’ai fait que la rincer et la désensabler depuis le départ, mais elle mérite bien un bon shampoing au bout de 6 mois !
 

Chapitre 5 : Moi !

Que puis-je vous dire sur moi… ? Ce que vous voudriez entendre ? Surement pas ! Mais je peux vous dire déjà que je vais bien ! Très bien même ! Que je ne me suis jamais senti aussi bien ? C’est vrai ! Que je ne me suis jamais senti aussi libre ? C’est vrai ! Que je compte rentrer ? Jamais de la vie ! Où en tout cas vraiment pas tout de suite ! J’aime trop ma nouvelle vie pour envisager un quelconque retour ! Pas avant quelques années je pense. Maintenant je vais bientôt changer de continent, une nouvelle aventure va démarrer et j’ai hâte de la vivre ! J’ai hâte d’apprendre l’Amérique du Sud, ses langues, ses populations, ses paysages, ses cultures… Ma soif est infinie j’ai l’impression. Je n’ai jamais autant aimé apprendre que depuis que je suis parti. J’ai le sentiment d’avoir changé depuis mon départ, et changé en bien. C’est peut-être une fausse idée que je me fais mais en tout cas j’aime ce ressentit. J’aime l’idée d’évoluer, de grandir intérieurement, de laisser la place à de nouvelles perspectives, à de nouvelles façon de penser, d’agir et de réagir. J’ai l’impression de m’être ouvert sur le monde et que le monde s’est ouvert à moi. Je ressens comme une force intérieure qui me pousse à m’ouvrir encore d’avantage et je me sers de cette force pour avancer tous les jours. Chaque jour nouveau est un banc d’école ou je me précipite. Et pourtant, je ne supportais pas l’école avant… Comme quoi les choses changes ! Les gens changent, il suffit juste de s’en donner les moyens ! De réellement savoir ce que l’on veut et de tout faire pour y parvenir. Je me suis lancé dans La grande aventure de ma vie avec l’espoir d’assouvir mes rêves et mes envies et si je regarde ces 6 derniers mois, je me dis, OUI, j’ai eu mille fois raison de partir ! L’école de la vie a tellement à me donner. A nous donner ! A vous donner ! Une expression dit « les voyages forment la jeunesse ». Les voyages vous forment et vous transforment et ça marche aussi pour les moins jeunes… A vous maintenant de savoir si vous souhaitez être transformé ! Moi je vous le conseil !

 
Cela ne fait que 6 mois que j’ai pris la route. Que 6 mois ! Il me reste encore tant à faire ! Tant à découvrir, tant à partager ! Je souhaite continuer ma route ainsi autant de temps que je le pourrai. Je ne veux pas m’arrêter de voyager. Je veux vivre cette vie jusqu’à plus soif ! Jusqu’à trouver un endroit sur la terre ou je puisse m’installer et vivre heureux, mais pour ça il faut déjà faire le tour, et il reste de la route ! On the road again with the freedom to ride !


 

Casamance, Ô Casamance !

 

Lorsque l’on regarde sur le site du gouvernement Français, la Casamance, région sud-ouest du Sénégal, est indiqué en rouge… Zone à risques élevés! Voilà maintenant un mois et demi que je vadrouille en Casamance et le seul risque que j’y ai trouvé, c’est le fait de s’attacher à cette région au point de ne plus pouvoir en repartir… Un bon nombre de Français sont venus se perdre ici et comme je les comprends! La vie y est tellement douce, agréable, paisible, et vraie ! Les rencontres y sont tellement belles et enrichissantes, la nature si omniprésente et si exceptionnellement diversifiée. Un coin de paradis sur terre que le monde n’a pas encore totalement dévoré !

Après plus d’un mois passé à Dakar et  avoir remonté la moto intégralement, l’envie de reprendre la route était plus que vital ! Direction le sud pays, en traversant le delta du Saloum, et la Gambie pour atteindre le saint graal du Sénégal, la Casamance ! Au départ de Dakar l’idée était de descendre et de remonter le pays en quinze jours où trois semaines, mais après avoir passé trois jours à me régaler sur les pistes du delta du Saloum et une journée à traverser Gambie, à mon arrivé en Casamance je comprends très vite que repartir d’ici sera une épreuve psychologique et ne faire que passer dans cette région ne serait pas pour moi une option. Je dois vivre Casamance, manger Casamance, boire Casamance, dormir Casamance, fumer Casamance… Pour en apprécier toutes ses richesses et découvrir un pays dans un pays coincé entre la Gambie et la Guinée Bissau. Un carrefour naturel et incontournable de l’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui le fruit du mélange des différentes ethnies, offre à la Casamance une diversité culturelle sans égal.  Alors rajoutez à cela un bras de mer entrant dans la terre sur environ 250km offrant une faune et une flore très riche et des décors tirés de nos rêves  les plus fous… Comment pourrais-je ne faire que passer ici sans m’arrêter… ? Je ne le peux ! Je me dois de suivre mon instinct qui lui, s’est déjà bien Sénégalisé…

Au CVD, j’avais croisé Gilbert et Clara, un couple Séné-gaulois (Franco-Sénégalais) avec qui j’avais sympathisé et qui tiennent une petite maison d’hôte en Casamance, à la pointe Sainte George. Du coup à mon arrivé dans la région, je me dirige vers cette pointe en question en espérant les retrouver dans leur village perdu au bout du monde. Lorsque je regarde ma carte de la Casamance et que je situe la pointe Saint George, il n’y a aucune route qui y mène, aucune piste d’indiquée… Bon Gigi (Gilbert) m’avait dit qu’il y avait bien une petite piste pour atteindre le village mais qu’elle n’est plus beaucoup utilisée puisque tout le réapprovisionnement du village, ainsi que le déplacement des personnes se passe par pirogues en empruntant le fleuve. Alors après avoir cherché pendant 30 bonnes minutes la fameuse piste et après avoir demandé au moins autant de fois mon chemin, je trouve enfin l’autoroute qui me mènera à la pointa! Au début de la piste, je trouve que ça passe plutôt tranquille, le sable n’est pas trop mou, les traces de passages encore visibles et je réussi bien à me diriger dans la brousse en suivant la boussole du regard. Puis je déchante petit à petit… la piste se sépare en plusieurs bras et je ne sais pas lequel suivre…? Je prends celle la plus au nord, c’est par là qu’est normalement le fleuve! Puis les hautes herbes de la brousse mesurant près 1m50 me cachent complètement la vue sur la piste… Et de plus la piste est devenu tellement sablonneuse que rouler dans les vielles ornières devient de plus en plus physique… La moto est plus légère qu’auparavant mais elle reste néanmoins lourde dans le sable. Je commence à douter du bienfondé de cette idée de vouloir aller là bas en moto… Mais bon vous me connaissez, je ne rebrousse chemin que si je n’y suis vraiment obligé ! Alors tant que je peux avancer, j’avance, même si cela doit me coûter quelques litres de sueur ! Je décide donc de ne plus rouler sur la piste mais de m’aventurer à travers les hautes herbes même si la visibilité du sol est plus mince. Je roule ainsi pendant encore une dizaine de kilomètres avant de tomber sur une forêt en plein milieux de la brousse. Je ne sais pas trop ou je suis mais je ne dois plus être très loin, j’espère arriver avant la nuit qui commence doucement à tomber. Je croise deux jeunes à la lisière de la forêt qui m’indique que je ne suis plus qu’à quatre kilomètres, je suis rassuré, j’entame la traversé de la petite forêt serein jusqu’à la flaque d’eau ! Car voilà une flaque d’eau d’environ 8 mètres de long, sur 20 mètres de large au milieu de la piste… Je vais sonder un peu le fond en la traversant à pied, savoir à peu près ce que je m’apprête à traverser… De la vase jusqu’aux genoux… Bon ! De toute façon je n’ai pas le choix, il n’y a pas de déviation possible ! Je remonte en selle et m’engage dans la marre d’eau. Mais mon manque d’expérience dans la discipline de la moto amphibie en surpoids me fait tout de suite comprendre que je n’ai pas pris assez d’élan et je m’enlise bien comme il faut au milieu de la flaque ! J’ai de l’eau et de la vase partout, et la moto coincée dans la vase! Génial ! Encore une bonne histoire à raconter dans mon prochain texte ! Bon, la moto ne vas pas ce sortir toute seule de là, et ce ne sont pas mes seuls petits bras musclés qui la feront bouger ! Je fais donc appel aux deux jeunes croisés juste avant et sous sortons la moto de son bain de boue sans trop de difficulté. Après nous être séchés, je les remercie infiniment et reprends la piste. Les hautes herbes se dissipent et la visibilité s’améliore au fil des kilomètres. J’aperçois enfin des maisons, l’école, le dispensaire, la maison de Gigi… Je suis arrivé… Je suis épuisé… Je suis satisfait… Comme après chaque combat que je mène avec la moto, l’arrivé à destination sonne à chaque fois comme une victoire ! Et à chaque victoire sa récompense ! Ce soir-là ce fût un bon repas préparé par Clara, quelques bons cocktails cubains préparés par Gigi et une bonne nuit de sommeil dans leur chambre d’amis… Je ne repartirai de chez eux que trois semaines plus tard…

Trois semaines où j’ai eu le temps de profiter pleinement de ce village reculé du monde que je  pourrais sans aucune gêne appeler «paradis». Pas de bruit ! Pas de voiture ! Pas de touriste ! Pas de téléphone ! Pas d’électricité ! Pas d’eau courante ! Pas de problème existentiel tourné autour de notre nombril ! Pas de superflu ! Juste des hommes, des femmes, des enfants, de la bonne volonté pour faire vivre le village, de la pèche dans le fleuve, des rizières à irriguer, des arbres fruitiers et des légumes à cultiver, un peu de chasse et d’élevage pour la viande, du thé à partager entre voisins, et de la bonne humeur, des sourires, de l’entraide, et un peu de courage pour arroser tout ça… Voilà une conception de la vie qui est loin de m’avoir laissé indifférent ! Si le bonheur peu se trouver ainsi, alors je signe tout de suite ! Je pensais d’ailleurs ne rester que trois jours et repartir mais je me suis senti comme obligé de rester un peu, quelques jours, quelques semaines… En retrait du monde moderne. S’échapper dans la nature en appréciant chaque chose à sa juste valeur. Bon évidemment quand je vais vous dire qu’arriver à la pointa, j’ai crevé mon pneu arrière, qu’en montant ma chambre à air de remplacement je l’ai crevée, elle aussi, et que mes rustines (chinoises...) ne voulais pas tenir sur cette chambre à air… Vous allez aussi comprendre pourquoi je suis resté 3 semaines… J’ai dû démonter et remonter le pneu arrière sur la jante au moins 10 fois en essayant autant de techniques pour arriver à remettre de l’air dans cette chambre à air… Mais en vain ! Impossible d’arriver à gonfler ce pneu… Et pas d’autre chambre à air… Je fini par faire un pâté de colle et de rustine, un truc immonde qui me vaudrait certainement le Gérard d’Or de la mécanique et je balance un coup de bombe anti-crevaison, histoire de finir complétement cette chambre mais de tenter le tout pour le tout ! Je pars ainsi dans la brousse en sens inverse en espérant atteindre le village de Cagnout ou je pourrais acheter une nouvelle chambre à air et me faire un bon trip en moto dans toute la partie sud-ouest de la Casamance. Je fais environ 3 kilomètres en brousse avant que le pneu ne se dégonfle, et que je me retrouve à plat complet ! Pas le choix ! On roule comme ça ! Alors déjà qu’à l’aller la piste était difficile mais au retour avec le pneu crevé et à moitié déjanté, l’histoire est encore plus hard ! Je roule doucement mais surement, j’arrive à la fameuse flac d’eau, mais cette fois si je prends beaucoup d’élan, j’arrive à atteindre 40km/h avec le pneu à plat et je me lance la flaque ! J’en sors presque facilement et la traversée n’aura duré que 3 secondes ! Ouf ! J’atteins le village en une bonne heure et demie et j’achète une chambre à air neuve ! Non, 2 même ! Au cas où ! Je redémonte encore une fois mon pneu arrière sur le bord de la route et j’installe délicatement la nouvelle chambre. Je peux repartir, le pneu est gonflé ! Je fais environ 150km ce jours-là à travers de la brousse, à travers les petits villages, sur les grandes plages bordant l’océan atlantique… Et en plus pour une fois je ne roule pas seul, j’ai retrouvé Pierre, un jeune motard descendu de France au Sénégal sur son KTM 640, et que j’avais rencontré à Dakar. Nous roulons toute la journée et nous découvrons des coins vraiment beaux à couper le souffle ! J’ai pris un pied terrible ce jour-là sur ma moto, pas seulement parce que je roulais avec un pneu arrière gonflé, mais aussi parce que rouler sur les pistes de Casamance est un réel bonheur ! Même refaire la piste pour retourner dormir chez Gigi le soir fût un plaisir ! De plus ce soir-là, dans leur maison d’hôte, ils accueillaient un certain Jean et un certain Alain, qui allaient devenir mes deux prochains hôtes en Casamance. Le Jean en question que j’avais déjà croisé au CVD à Dakar habite sur son voilier depuis plus d’un an et demi et parcours les côtes Africaines au grès de ses finances. Alain lui réside à Ziguinchor et gère une petite société organisatrice de festivals musicaux. Ces deux personnages très différents l’un de l’autre sont descendu de Dakar ensemble sur le bateau de Jean. Les voilà pour quelques jours chez Gigi, quelques jours de folie complète, ou rire fût l’activité principale de nos journées et de nos soirées! Notre 2e activité principale étant de prendre l’apéro, je vous laisse imaginer alors à quel point nous nous sommes marrés !

Mais le lendemain matin, en me levant, je vois le pneu de la moto à plat ! NON ! Ce n’est pas possible ! Je suis mal réveillé ! Je dors encore ! Je cauchemarde ! NON ! Je ne veux pas y croire ! Je dois encore  redemonter ! Je suis donc maudit ! Marabouté !!! Le sort s’acharne contre moi ! Ce matin-là je suis fatigué avant même de commencer la journée… Après un bon petit déjeuner, je m’attaque à la roue arrière que je démonte désormais les yeux fermés et les mains dans les poches… Et voilà le pneu arrière démonté de la jante pour la douzième fois en moins de 20 jours… Mais cette fois-ci, le problème est différent ! J’ai crevé mais rien n’est rentré dans le pneu, c’est l’intérieur du pneu qui a crevé la nouvelle chambre à air… En roulant à plat la veille, j’ai cassé la structure métallique du pneu et de petits fils de fer sortent maintenant du flanc intérieur gauche du pneu… Bon voilà encore une nouvelle difficulté… Heureusement, Jean à l’idée de passé une couche de SICA Flex (sorte de pate de plastique en tube utilisé dans beaucoup de corps de métier pour coller, étanchéifier ou isoler certains matériaux). Me voilà donc en train de couper les plus gros morceaux de fer qui dépassent du flanc intérieur du pneu et de laver l’intérieur pour passer à l’intérieur une couche de produit miracle qu’il avait sur son bateau. Après 24 heures de séchage et un bon centimètre de SICA Flex sur la zone endommagée du pneu, je remonte et je vais essayer la moto en brousse. Nikel ! Ca à l’air de tenir ! Je verrai bien à la longue mais pour le moment ça tien et le comportement du pneu arrière reste tout à fait correct malgré la structure métallique abimée.  Mais la gentillesse de Jean ne s’arrête pas là, puisqu’il me propose de partir en voilier avec lui sur le fleuve Casamance et de remonter jusqu’à Ziguinchor. J’accepte avec plaisir sans réfléchir car la vie est faite d’opportunité et certaines ne doivent pas se rater ! Je n’ai quasiment jamais fait de voilier et cela me donnera une première petite expérience avant de traverser l’atlantique, si je trouve un voilier à Dakar bien sûr, le problème est toujours là… Je laisse donc la moto à la pointe Saint George avec tout mon chargement pour une semaine de vie à bord du voilier de 9 mètres de mon ami désormais, Jean !
A l’abordage !!! Tribord toute ! Montez la grande voile !!! Je m’éclate sur son bateau ! Je suis un vrai gamin sur un gros jouet ! Mon capitaine large les amarres et nous voilà parti  sur le fleuve au rythme délicat du vent et du courant montant. C’est paisible, calme, agréable, détendu… La vie à bord d’un bateau lorsque le temps est clément, c’est vraiment tranquille comme à la maison mais ça se passe sur l’eau ! Oui mais sur un bateau il n’y a pas d’ombre ! Et moi, ma peau de blanc bec, et le plein soleil de midi on ne s’aime pas trop ! Lorsque que nous arrivons à Ziguinchor, je suis rouge de partout ! Je ressemble à un toubab qui est au soleil depuis 2 jours alors que ça va faire 4 mois que je ne vois que du soleil, du soleil, et encore du soleil ! Mais je n’arrive pas à bronzer ! Je reste blanc ! Aussi blanc que possible ! Bon alors là ça me change un peu,  je suis rouge, mais ce n’est pas beaucoup mieux ! Nous passons quelques jours à Ziguinchor, ou nous retrouvons Alain. Il nous fait visiter la ville à sa manière et très vite j’apprécie cette petite ville de province. Je décide de venir y séjourner quelques semaines, surtout que je devais travailler chez LE mécanicien  moto de Ziguinchor, mais cette expérience n’aboutira jamais, faute au salaire qu’il voulait que je lui verse pour bosser pour lui… Le monde à l’envers ! Tant pis pour moi, tant pis pour lui ! Je profiterai de Ziguinchor autrement qu’en travaillant ! Nous redescendons sur la pointa en voilier avec Gigi et Clara montés en pirogue sur Ziguinchor pour faire leurs petites courses du mois. Avec Jean nous avions acheté une bouteille de rhum faite maison juste avant de partir, du coup la descente jusqu’à la pointe fût très animée ! Le goût des marins pour la fête ressemble étrangement à celui des motards… Les deux passions sont différentes mais il y a énormément de points communs aux deux discipline. J’ai appris beaucoup sur la navigation en montant à bord du voilier de Jean, il aura été un bon capitaine, tellement bon que j’ai fini par le faire grimper au grade d’Amiral de son propre bateau et comme j’étais son second à bord, je me fît gradé Amiral en 2sd ! Au bout d’une semaine de navigation seulement, j’en suis très fier ! Arrivé à la pointa, Michel le jeune employé de Clara monte à bord pour nous aider à décharger le matériel, puis il se met à titiller la ligne de pêche… Cinq minutes, juste comme ça pour voir… Et qu’est-ce qu’il ne nous sort pas de l’eau ? Un serpent Corail ! Le genre de serpent qui vous laisse environ 30 secondes de vie après une morsure… Nous qui n’avions rien pêché de toute notre semaine, ça c’est une belle prise ! Peu rassurante, certes ! Surtout que nous nous baignons quelques minutes avant dans l’eau… La bête mesure environ 60cm de long et nous le ramenons à terre avec précaution pour le dévorer le soir même ! Si ce n’est pas lui qui nous mange, ce sera nous ! Un bon serpent au barbecue, rien de tel pour finir une semaine de navigation ! Tout le monde ne s’est pas prêté au jeu de gouter le serpent corail cuit au barbecue et même il est vrai qu’il a beaucoup d’arrêtes, il n’en est pas moins délicieux!

Je reste encore une journée à la pointe à apprécier le calme de la nature puis je reprends la route direction Ziguinchor ! Le pneu arrière tien la route et ne se dégonfle pas, du coup j’arrive vite dans la capitale de la Casamance et je plante ma tente chez Alain, sur les hauteurs de Zig (comme on dit ici). Je retrouve Thibaut au bout de quelques jours. Thibaut est un jeune pompier français venu au Sénégal pour ce faire une expérience différente et visiter le pays. Je l’avais rencontré chez Gigi, et nous avions vite sympathisé. Nous profitons ensemble de la vie trépidante de Zig, entre bars, boites de nuits et filles magnifiques… La Casamance à vraiment des arguments de choix pour vous retenir ici un bon bout de temps… Mais après une semaine de vie en ville, voilà que je tombe malade… De la fièvre, de maux de gorge, des maux de tête, des courbatures, une fatigue physique général… Tous les symptômes du PALU !!! Ha ! Enfin ! Le PALU ! Depuis le temps que je suis au Sénégal et que je me fais dévorer par les moustiques je commençais à désespérer de ne pas l’attraper… Mais me voilà couché avec 39°C de fièvre, ça y est ! Je suis prêt à prendre le traitement ! Trois jours de cachets et je serais de nouveau sur pieds ! Sauf que trois jours après, je suis toujours malade, je vais mieux mais mon mal de gorge persiste et cela ressemble plus à une grosse angine qu’autre chose… Mais bon il vaut mieux traiter le PALU en premier car sinon c’est lui qui vous traite et il ne rigole pas… Je reprends donc trois jours de cachets mais cette fois-ci contre l’angine, et trois jours plus tard je suis sur la moto prêt à a allez rouler dans la partie nord de la Casamance.  Je fais 250km ce jours-là dont plus de 100km uniquement sur de la piste. Je me régal ! Je traverse quelques villages perdu dans la brousse et dirige en fin de journée vers Kafountine, petite ville au bord de l’océan. Je m’y repose un peu et rentre sur Zig pour la nuit. Mais le pneu arrière qui avait tenu toute la journée me fait default 25km avant d’arriver sur Ziguinchor… Je crève de nouveau et ça à plus de 100km/h… Je m’arrête comme je peux sur le bas-côté sans tomber et observe avec dégout la chambre à air déchiré sortir du pneu à moitié déjanté… Mort pour mort, je repars comme ça en zigzagant sur la route à 20km/h de pointe… Une camionnette fini par s’arrêter à 15 bornes de Zig et me prend à l’arrière dans sa benne, encore une bonne âme généreuse que je remercierai infiniment ! Le lendemain après plusieurs heures à chercher un pneu arrière ayant la bonne dimension, j’achète un pneu d’occasion pour 30€ et une nouvelle chambre et rebelote, je démonte, je remonte et ça repars ! J’ai laissé mon train de Michelin T63 au CVD à Dakar avec quelques chambres à air… Comme je regrette de ne pas les avoir pris, les emmerdes aurais été moins grandes…

Voilà maintenant plus d’un mois et demi que je vadrouille en Casamance et je ne vais repartir de suite… Mon pot Alex de Rabat est descendu me rejoindre sur Ziguinchor, donc nous allons faire quelques virées encore ici avant de partir en moto vers l’est du pays. Je suis ravi de le revoir et continuer de découvrir la Casamance à ses côtés va venir pimenter l’aventure ! De plus nous passerons noël et le nouvel an ici, expérience de vie à vivre à mon avis ! Je rentrerai sur Dakar début janvier pour faire prolonger mon visa et trouver un bateau direction l’Amérique du sud ! Alors à tous ceux qui s’inquiètent de ne pas me voir trop avancer ces derniers temps, rassurez-vous, je prends juste le temps de vivre, le temps de voyager, le temps de profiter de l’Afrique avant de la quitter.

 

La vie au CVD

Il faut quand même que je vous raconte ! La vie ici ! Au CVD ! A Dakar ! Cela fait maintenant plus d’un mois que j’y suis et c’est vrai que si je me suis arrêté aussi longtemps à Dakar c’est à  cause de la casse de mon roulement d’arbre de boite de vitesse et du vol de tous mes papiers d’identités à Saint Louis, mais je ne pensais pas trouver en arrivant dans la capitale Sénégalaise un endroit comme le CVD !

Les initiales C.V.D signifie « Cercle de Voile de Dakar » ou comme certains disent « Club de Voile de Dakar » mais peu importe en fait, vous pouvez bien l’appeler comme vous voulez, vous y trouverez votre compte dans tous les cas ! Donc comme son nom l’indique, c’est un club de voile, théoriquement réservé aux navigateurs souhaitant faire une halte dans leur voyage, pour mettre pied à terre le temps d’une bière et d’un ravitaillement en eau potable. Mais ce club va plus loin que ça, il propose en effet la possibilité d’y résider autant de temps que vous le souhaitez : 1 jour, 1 mois, 1 an, 10 ans… Vous êtes ici chez vous ! Et c’est vrai que l’on se sent vraiment comme chez soi au bout de quelques jours. Il y a tout pour s’y sentir bien ! Que vous dormiez sur votre bateau, où bien dans l’une des petites chambres à 6000 F CFA la nuit (environ 9€), ou bien encore comme moi, en tente, sur l’emplacement réservé, pour 2000 F CFA la nuit (3€). Vous avez même la possibilité d’y  venir les mains vides et de dormir dans l’un de hamac du club, ce que j’ai fait lors de mon retour de France, je suis arrivé vers 4h du matin, seul le gardien était éveillé, et j’ai fini la nuit confortablement installé ! Attention aux moustiques quand même, ici ce sont quasiment les seuls désagréments que l’on trouve ! Et en plein mois de septembre, le mois le plus chaud et le plus humide de l’année au Sénégal, passé 17h il vaut mieux se couvrir les bras et les jambes sous peine d’être littéralement dévoré par des centaines d’insectes volants ! Et outre la douleur et la gêne qu’ils occasionnent, il y a le PALU ! C’est un risque permanent ici ! Et les traitements préventifs reviennent tellement chers que pour un long séjour comme le mien, s’en passer est vital pour le portefeuille ! Alors me couvrir pour me faire piquer le moins possible est la seule solution qu’il me reste. J’ai bien des répulsifs en spray « spécial tropique » contre les assaillants mais ces derniers s’en moquent éperdument et n’hésitent pas à venir me voler mon sang frais aux endroits même ou je me suis aspergé abondement des solutions bidons achetées une petite fortune en France… A croire que les laboratoires pharmaceutiques qui produisent ce genre de produits les ont testés sur des moustiques tropicaux du sud de la France… Au Sénégal lorsque que l’on vie dehors (et l’on vie tout le temps dehors !), il faut accepter de vivre avec les animaux locaux, qu’ils soient agréables ou pas ! Les chats, très nombreux, très maigres et sans cesse affamés restent les moins dérangeants et j’adore les chats ! La nuit ce sont les chauves-souris qui mènent la danse mais elles non plus ne sont pas très voraces envers les hommes. Non le pire, ce sont les araignées, les fourmis, les scarabées, les serpents, et évidemment les moustiques ! J’ai beau faire tous les efforts du monde pour garder ma tente fermée, les araignées et les fourmis arrivent toujours à rentrer et me grignotent toutes les nuits… Je me retrouve principalement avec les bras et les jambes couvert de petites morsures qui gratouillent… Mais on s’habitue à tout ! J’ai gratté les 3 premières semaines mais désormais j’arrive mieux à me retenir et je fais tout pour éviter de que ces insectes est le dessus sur moi, et passé 17h, c’est un combat de tous les instants !

Heureusement tous les habitants du CVD ne sont pas aussi désagréables ! Bien au contraire ! Ce club est une concentration de personnes toutes aussi gentilles les unes que les autres ! C’est un vrai plaisir de se réveiller le matin (rarement avant 10h30 - 11h…) et faire un petit tour dans l’enceinte du club pour dire bonjour à toute la petite famille du CVD. Tout en haut, il y a Bernard, le président du club, un Français arrivé avec son bateau il y a des années déjà, et qui a été élu président du club il y a 2 ans. Car oui, il y a des élections au CVD pour déterminer le président ! Tous les employés votent, ainsi que tous les résidents du CVD, que tu sois ici depuis 1 semaine ou depuis 10 piges ! L’élection a lieu chaque année, mais apparemment rare sont les années ou le président change à chaque fois. Ensuite il y a la trésorière, secrétaire, comptable du club, c’est une employée à plein temps avec qui la négociation est difficile… Elle gère les finances du club d’une main ferme ! Puis il y a Ngaie, gérante du bar depuis 15 ans, elle connait toutes les histoires de mers et a vu défiler sur son comptoir plus d’un marin torché jusqu’à l’ancre… Elle est associée à Rébecca, chacune leur tour, en fonction du planning hebdomadaire, tiennent le bar de 11h du matin à 22h en semaine et jusqu’au bout de la nuit les week-ends… Rébecca est une charmante jeune femme de 24 ans qui vient d’accoucher d’un petit bébé Sénégalo-marocain. Sa gentillesse et son sourire me font passer des heures au bar… Mais c’est sa sœur que je préfère… La petite Marie comme je l’appelle. C’est la cuisinière du CVD, à chaque repas commun organisé par le club, c’est Marie qui a la lourde tâche de faire manger une trentaine de personnes… Et à chaque fois c’est un régal ! Je me suis pris d’affection pour cette belle jeune femme de 22 ans avec qui je passe de très bons moments et qui je l’avoue me fait un peu tourner la tête… Mais comment puis-je résister à une magnifique jeune femme, grande, mince, naturelle, gentille et intelligente, avec un sourire à tomber par terre, des yeux qui m’envoutent à chaque regards et une peau noire si douce j’en ai des frissons à chaque fois que je l’a serre dans mes bras… Je ne résiste pas, je ne peux pas, je ne veux pas… Puis il y a Gérard ! Je dois aussi vous parler de Gérard ! Je l’adore aussi mais pas vraiment pour les mêmes raisons ! Ce type est arrivé il y a 3 ans au CVD avec son bateau et n’en est jamais reparti… C’est un vieil anar d’environ 50 ans à qui la vie n’a pas toujours sourie mais il s’en moque ! Il n’a pas une tune, il vit plus de l’air du temps que des petits boulots d’informatiques qu’il fait sur les ordinateurs portables des voyageurs de passages. Il m’a bien dépanné quand même sur le mien qui était devenu lent à cause du tas de virus que je chope dans les cybers-café. Il est bénévole au bar les soirs de fêtes aussi ! C’est lui qui a instauré les soirées « happy hours spécial rhum » que j’apprécie tout particulièrement ! Au CVD en effet, rien n’est figé, sauf le temps, si une idée est bonne, et qu’importe qui la propose, elle est adoptée ! Chaque membre, chaque employé, chaque voyageur ou visiteur peut donner son avis sur le fonctionnement du club et des idées pour en améliorer le quotidien et les revenus du club. Puis il y a Coulibaly le mécanicien, Diallo le soudeur, Mamadou le gardien de nuit, Adriana la brésilienne qui s’occupe d’un peu tout et n’importe quoi… Une vingtaine personnes travaillent au CVD et voilà 70 ans que le Cercle de Voile fonctionne ainsi et malgré la baisse de fréquentation le CVD vit toujours ! En effet le cadre a beau être paradisiaque, l’accueil chaleureux, et le calme régnant dans cet environnement dès plus plaisant et reposant, le club est en difficulté financières ! Les voyageurs sont de moins en moins nombreux à « prendre la mer », et la baie de Dakar étant devenue extrêmement polluée ces 10 dernières années, les haltes au CVD qui avant étaient incontournables, deviennent de moins en moins attrayantes pour les voiliers… La baie qui avait une eau transparente et poissonneuse il y a encore 15 ans, est devenue aujourd’hui une vaste « mer poubelle », noire et jonchée de déchets plastiques en tout genre… Les vieux loups de mer qui sont ici depuis des années racontent même qu’ils voyaient l’ancre de leurs bateaux depuis la plage tellement la mer était claire… Aujourd’hui si l’on remplit un verre d’eau de cette eau, l’on ne voit même pas travers… Une catastrophe écologique irréparable ! La mer ne redeviendra jamais claire ! L’écoulement direct des égouts, les rejets de produits toxiques par les grandes usines de Dakar, le port marchand gigantesque qui laisse échapper de grandes nappes de gasoil, la négligence des habitants qui instinctivement jettent leurs déchets sur la plage… La liste des causes est longues… Je me suis fait « avoir » comme un touriste le premier jour à mon arrivé au CVD et suis allé me baigner dans ce petit paradis visuel… Mais une fois dans l’eau, j’ai très vite déchanté ! Je marchais à moitié sur du sable, à moitié sur des sacs plastiques… Des bouteilles d’eau flottaient par dizaines à la surface et le noir de l’eau se transformait parfois en couleur arc en ciel : Couleur pétrole ! Il me vient une formule bête que l’on disait au collège qui décrirait bien l’environnement de la baie… « Belle de loin, mais loin d’être belle… » Evidement au collège on était jeunes et cons et l’on ne parlait pas d’environnement…

Mais même si la mer est sale, le cadre magnifique du CVD vous fait complétement oublier que vous êtes dans la plus grande capitale économique de l’ouest Africain. Ce n’est que lorsque vous sortez sur la grande route de Rufisque à environ 500 mètres que la vie « active » reprend tout à coup son sens. Les embouteillages, les klaxons, la pollution des camions diesel ayant déjà plus d’un millions de km aux compteurs… Je préfère le calme à l’agitation et au CVD j’ai le calme et la tranquillité à 10 minutes de route de la Place de l’Indépendance, le cœur de la ville de Dakar !  C’est un vrai havre de paix ou je me sens bien et où le temps s’écoule beaucoup plus lentement… Les journées sont organisées… Ha ba non ! C’est justement ça qui est cool ! C’est que je vie au jour le jour ! Je ne me préoccupe pas de ce que je vais faire demain puisqu’il faut déjà que je m’occupe de la journée d’aujourd’hui… Alors réveil vers 10h30, petit déjeuner pour 300 F CFA dans le petit resto de la rue d’en face, un petit tour au bar pour dire bonjour à tout le monde, discutailler un peu sur la météo, sur l’air du temps, sur l’état de la mer aujourd’hui… Rencontrer les nouveaux arrivants du jour, et négocier mon voyage vers l’Amérique du sud… Vraiment pas simple jusqu’à présent… Puis c’est l’heure de déjeuner, soit je vais au resto d’en face qui me livre au bar une assiette de riz aux poisson pour 600 F CFA, ou même des frites avec des fruits de mer pour 1100 F CFA, ou bien je me fait un casse-croute ou me fait cuire un petit quelque chose mais je reste mauvais cuisinier… Puis vient l’heure de la sieste dans le hamac ! Souvent accompagnée d’une cigarette conique qui sent bon la verdure Sénégalaise… Mais attention, ne croyez pas que je ne fou rien de mes journées! Je bosse aussi ! Environ 2 à 3 heures par jour sur ma moto ! Voir même toute la journée si j’ai un excès de motivation ! Mais il est déjà 18h, la chasse aux moustiques à recommencer, je cours mettre des habits longs et me réfugier soit dans la cuisine auprès de Marie, soit au bar pour boire une bière, une Royale bien fraiche, avec les habitants de la communauté du CVD ! Et voilà la journée qui se termine, je passe encore un peu de bon temps dans les bras de Marie puis je vais me coucher en regardant un film sur mon pc avant de m’endormir avec mes araignées, mes fourmis et mes moustiques. Il faut être en forme pour demain ! Demain sera une grosse journée comme celle d’aujourd’hui ! Mais je relativise, ils y en a en France qui bossent toute la journée dans des conditions digne de l’esclavage, et qui ne voit pas un seul rayon de soleil… Du fin fond de mon hamac, je pense à vous ! Alors courage ! Un jour vous mettrez peut-être les pieds au CVD et vous me comprendrez… C’est tout le mal que je vous souhaite !

Je repars la semaine prochaine sur les routes Sénégalaise, je traverse la Gambie pour atteindre la Casamance, dite la plus belle région du Sénégal, puis j’irai jusqu’au sud de  Kédougou ou de grandes cascades s’écoulent, je remonterai par le parc naturel de faune du pays, un vrai safari à moto, puis je reviendrai sur Dakar, au CVD, ou je continuerais ma recherche d’un voilier pour le Brésil. Si je n’en trouve pas d’ici au 10 décembre, un capitaine m’a proposé de m’amener jusqu’au Cap Vert au large de Dakar où il me sera surement plus facile de trouver une embarcation vers l’Amérique du sud pour ma très chère transalp et moi. Et puis l’archipel des iles du Cap Vert à moto, ça a l’air passionnant ! L’aventure continue donc après un bon mois de pause, mais de toute façon je suis loin d’être pressé, je suis parti pour 3 ans minimum…

 

 

Interlude Sénégalaise
 

Pourquoi interlude ? Parce que mon envie d’écrire déborde déjà trop ! Je ne peux m’empêcher de tapoter ces quelques lignes sur mon clavier… Je prends vraiment goût à écrire, à vous écrire, vous qui suivez avec intérêt mon aventure et cela me rends heureux de voir que les quelques lignes que je publie vous plaisent. Et comme certains et certaines se languissent déjà trop d’attendre mon prochain article, et que j’ai des choses à raconter, à expliquer et à préciser,  je vous propose donc cet interlude explicato-descriptive de mes premiers pas au Sénégal. L’article plus complet viendra par la suite, très certainement à ma sortie du pays, lorsque j’aurais pris le large vers l’ouest!

Tout d’abord, j’ai rencontré  Moustapha, un couch surfeur que j’avais contacté, qui m’accueillit lors de mon arrivé à Saint Louis, le lendemain de mon arrivé, dans le nord du pays. C’est aussi un motard, et qui plus est, un citoyen du monde, comme moi ! Il est professeur d’une classe de CM2 sur l’île de Saint Louis, et voyage dès qu’il le peut, principalement en Afrique. Nous ne tardons pas à très bien nous entendre, et il me fait visiter sa ville d’adoption à sa façon pendant les quelques jours que je passe chez lui. Je suis vraiment enchanté de l’avoir contacté, j’ai trouvé ici un ami, un frère comme on dit en Afrique et suis certain de recroiser sa route un jour ou l’autre. A la fin de cette semaine avec lui, il devait prendre un avion en direction de la capitale du Bénin, Cotonou, ou il passerait un mois à vadrouiller avec ses pieds et son sac à dos… Mais l’affaire ne se déroula pas ainsi… Nous étions prêt à partir ce lundi 5 septembre pour Dakar ou lui prendrai son avion et moi continuerais ma découverte du pays. Nous avions décidés qu’il serait mon passager sur la moto jusqu’à la capitale et que nous nous séparerions là ba. Mais ce lundi justement ce déroulait une gigantesque fête religieuse sur la quasi-totalité de l’ile de Saint Louis, et nous voulions profiter du grand moment de la prière, vers 17 heures, pour nous éclipser et prendre la route, alors vide, puisque tout le monde serait en train de prier… Nous voilà donc à traverser la foule avec tous nos bagages (surtout les miens…) pour rejoindre la moto, laissée en sécurité dans son école, sous bonne garde policière. Mais pendant la traversé, un petit mouvement de foule à commencer et nous à contrains à faire demi-tour pour emprunter un autre chemin afin de regagner la moto. Par inconscience (ou par prise de conscience…), je mets ma main dans ma poche, et là ? Plus de portefeuille ! La poche vide ! Je me suis fait faire la poche par un pickpocket pendant le mouvement de foule ! Put… !!! Je suis fou de rage ! Je me suis fait avoir comme un bleue de voyageur que je suis ! Mer… !!! Bon, je garde mon calme, je suis entouré de plusieurs milliers de musulmans se préparant à prier, je ne veux pas faire un scandale ici, je respecte trop les gens pour ça, et puis de toute façon cela ne servirai strictement à rien, le pickpocket ne viendrai pas me rendre mon portefeuille pour autant… Du coup, annulation du départ pour Dakar, et direction le commissariat de police pour faire une déclaration de vol… Je ne vous raconte pas mon dégout sur le moment ! Et puis mon portefeuille contenait tous ! Passeport, carte d’identité, permis de conduire, carte bleue, carte grise de la moto, assurance de la moto, carnet de vaccination…etc… En plus de 30000 Francs CFA. Je suis démuni, je n’ai plus rien, je suis un peu désorienté, et je me rends compte petit à petit dans quelle situation emmerdante je suis. Heureusement Moustapha est à mes côtés, il me rassure et soutien. Il aura vraiment été extra et ma vraiment bien aidé sur ce coup. Moustapha si tu me lis (et je sais que tu me lis), je te remercie infiniment frérot ! J’aurais très certainement eu beaucoup plus de mal à gérer cette situation si tu n’avais pas été là. Merci !

Du coup, il faut tout refaire, et tout ce passe à Dakar ! Lendemain matin, après être passé de nouveau au commissariat et au consulat de France, nous partons finalement pour Dakar où nous passerons la semaine chez des amis à lui. Il a du retardé son départ pour le Bénin, j’en suis vraiment désolé car c’est un de ses amis qui devait lui payer le billet et il galèrera ensuite pour retrouver un avion (au jour d’aujourd’hui il n’est toujours pas parti…, il a voulu annulé pour partir en Casamance à moto, sa région natale dans le sud du pays, mais il confié son passeport à son ami et ne la pas encore récupéré). Nous arrivons donc à Dakar en 3 heures de temps mais un bruit très dérangeant est apparu sur la moto en roulant, j’ai très peur qu’un roulement de la boite de vitesse soit en train de faire la malle… Très certainement dû à la tension de chaine que je n’ai pas modifiée en fonction du surpoids de la moto. En effet, avec mon chargement, celui de Moustapha, plus nos 2 personnes, la moto dépasse facilement les 450 kg… (La charge maximum théorique autorisée inscrit sur la carte grise étant de 374kg…) Et la route a beau être belle, il y a quand même des trous de temps à autres, et à l’arrivé sur Dakar, le bruit est maintenant constant sur le premier rapport et je redoute le pire, casser la boite ! Heureusement nous arrivons à bon port et je me dis que je m’occupe d’abord de mes papiers, je verrai la moto après.

Au consulat de France de Dakar l’on m’annonce 3 semaines de délais pour récupérer mon passeport définitif… Je dois donc prendre mon mal en patience. Je reste donc à Dakar en attendant, d’abord chez Adama Lo dans le quartier populaire de Colobane la première semaine, ou je ne me sers pas de la moto puis ici au CVD (cercle de voile de Dakar) ou je me suis installé depuis le début de la semaine avec la tente face à l’océan et mon hamac à l’ombre… Il y a un atelier ici, avec tous les outils nécessaire pour changer mon roulement de boite qui depuis 4 jours à définitivement cassé… En plus de mes problèmes de papiers, la moto est maintenant en rade complète, comme d’habitude, les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules… Je garde la tête froide, même si la température et le taux d’humidité sont des plus élevés ici au mois de septembre. J’ai le temps, je démonte donc mon moteur tranquillement et je vais faire une bonne révision à la moto qui a relativement souffert de ces 8500 premiers kilomètres. Le désert ne l’a pas épargné, elle le mérite bien. Je compte rester 2 semaines ici au CVD avant de reprendre la route vers la Casamance et puis vers Kédougou au sud-est du pays. Je rentrerais ensuite sur Dakar pour y laisser la moto quelques jours, avant de prendre un bateau vers le Brésil. Je dois en effet faire un allez/retour en France en avion, pour refaire mon permis de conduire qui ne peux être refait à étranger. Je pourrai évidement envoyer une procuration et des photos en France pour que ma famille s’en charge et me renvoie celui-ci mais [...] Ça vaut le coup non ? Je crois que oui, mais je n’ai pas envie de rentrer… Pas si tôt… Voilà à peine 2 mois que je suis parti et cela a été tellement dur psychologiquement de quitter tous mes proches que revivre cette situation à nouveau ne m’enchante pas du tout. Même si évidement je serais ravie de revoir ma famille, mes amis mes collègues, etc… Et puis j’ai peur de vite déprimer arrivé en France, je me sens tellement bien en Afrique que le retour à la « réalité Européenne » me fais peur ! Il faudra alors que ce retour au pays soit vraiment de très courte durée, 3 ou 4 jours maximum ! Je ferais donc pendant ce retour, un marathon de retrouvailles avec tous les gens que j’aime, mon permis à la préfecture, [...] , quelques courses rapides, et hop je resaute dans l’avion pour retrouver ma belle qui elle aura eu bien de la chance de rester bien au chaud en Afrique, sous bonne garde des mécaniciens et gardiens du CVD. Je rentrerai donc en terre Sarkozienne la semaine du 10 au 16 octobre, je préciserais les dates exactes lorsque j’aurais pris mon billet d’avion, mais pour ça, il me faut mon passeport !

En attendant je profite pleinement du Sénégal ou je me sens vraiment bien, et même si j’ai tout le confort dont j’ai réellement besoin ici (douche froide et WC à 50 mètres de la tente…), j’ai quand même hâte de remonter la moto pour repartir de nouveau sur les pistes!  Je termine donc cet interlude par une note positive malgré tous mes « petits » problèmes de voyage. Je suis plus heureux que jamais d’avoir entrepris cette aventure et ne demande qu’une seule chose, continuer !
 

Mauritanie

 

« La Mauritanie ! Mais pourquoi voulez-vous dont allez en Mauritanie ? » Me dit la responsable des expatriés de l’ambassade de France d’Agadir avec un air désabusé… Je rigole, et commence à lui expliquer mon projet et le parcours que j’ai choisi de suivre. Je ne suis pas tellement surpris de sa réaction, puisque qu’à Rabat, au consulat de France, les personnes que j’avais vu n’étaient pas très enthousiastes non plus… Mais bon, j’ai l’intention d’être prudent et de traverser rapidement ce pays même si c’est à contre cœur puisque je n’ai pas entrepris cette belle aventure pour « juste » traverser en quelques jours ces nouvelles contrées. Mais ai-je vraiment le choix pour ce pays ? Je ne crois pas, je roulerai donc en convoi de voyageur une fois la frontière passée.  

Et la frontière justement ! Après être sorti du Maroc relativement vite (1h au poste de douane), me voilà à l’entrée de ce qui s’appelle ici le «  No Man’s Land » ! Cette zone non habité, que je redoute depuis déjà quelques jours aux vus des échos que j’en ai eu. Ce n’ai vraiment pas un endroit où je souhaite trainer, puisque ici aucune lois, ni aucune autorité de fait fois, c’est la zone dangereuse par excellence ! Mais elle est dite plus sécurisée depuis quelques temps… Je m’engage donc derrière un camion avec comme idée de le suivre mais au bout de 100 mètres à 2 à l’heure, je craque, cette vitesse est beaucoup trop lente pour moi sur cette route désastreuse. Route ! J’ai dis route ! Je m’égare là ! Ce tronçon de 7 km séparant les 2 pays est tout sauf une route ! Cela ressemble plus à une très vieille piste cabossée de partout, avec des trous de plusieurs dizaines de centimètres recouvert plus ou moins de sable, et des cailloux de toutes tailles qui se font un plaisir de me désorienter ! Sans compter les grandes zones sablonneuses à souhait qui elles me feront m’enliser une fois et me feront chuter par deux fois ! Il fait environ 50° au soleil et sortir la pelle pour me désensabler ici me ravie… Par chance, 2 marocains qui traversaient aussi au même moment me donne un bon coup de main à me sortir de cette situation qui me faisait autant transpirer de rage que de peur qu’il m’arrive quelques choses d’encore pire ici… J’atteins la frontière Mauritanienne en 30 minutes et je suis soulagé d’arrivé ici entier avec ma monture. Tellement soulagé qu’au moment de me garer, je rate mon béquillage et dépose la moto au sol avec le plus de souplesse possible… Je suis épuisé ! Il n’est que 11 heures du matin et 530 km de traversée Saharienne m’attendent encore pour atteindre la capitale, Nouakchott. Je ne suis pas au bout de mes peines…

Je passe la frontière difficilement bien que tous mes papiers soit en règles, et que mon visa soit à jour, aujourd’hui les douaniers et policiers Mauritaniens ont décidés d’être lents, voire même très lents… 3h plus tard, je passe enfin la barrière… Ce temps d’attente n’aura pas été inutile pour autant puisque j’en ai profité pour effectuer mon second changement de monnaie, assurer ma moto pour 3 jours et rencontrer Yanis et ses amis, qui descendent eux aussi au Sénégal par la route et après avoir sympathisé, nous avons convenu de faire la route ensemble jusqu’à Nouakchott au moins. Ils ont trouvé un chauffeur à Laayounne qui a bien voulu les emmener jusqu’à Nouakchott… Mais ils sont 8 personnes dans une vieille R21 break qui tient à peine debout… Pour eux non plus le voyage ne sera pas de tout repos ! Nous nous engageons donc sur la route, et 525 km nous sépare de la capitale, nous voulons impérativement arriver avant la nuit car passer la nuit dans le désert Mauritanien, avec tous les risques encouru, ne nous enchante pas du tout…

Mais rapidement je les perds ! Et oui, des barrages de police et de gendarmerie sécurisent la route de la cote (la seule…) et à chaque barrage, je suis contrôlé et pas eux ! Les autorités me demandent à chaque coup mon passeport et les papiers de la moto ! Je m’exécute sans broncher, puisque c’est pour ma sécurité qu’ils notent d’où je viens, ou je vais, et mon numéro de passeport. Mais cela dure à chaque fois 15 minutes et le chauffeur de la voiture de mes nouveaux amis ne m’attend pas ! Je suis donc à chaque fois obligé de repartir en trombe des postes de contrôles et de rouler à près de 150 km/h, sur la route théoriquement limitée à 8O km/h, pour rattraper mon convoi… La moto souffre terriblement du rythme soutenu que je lui impose et la température extérieure n’arrange rien à la situation. Je vois l’aiguille de jauge de température moteur s’approcher dangereusement de la zone rouge alors je prends le vent au maximum. Les ventilateurs des radiateurs de refroidissement tournent en permanence et je ne regrette pas d’en avoir ajouté un sur le radiateur de gauche de la moto lors de sa préparation. Un seul me paraissait un peu juste et j’en confirme maintenant tout l’intérêt d’en avoir deux. Sauf qu’à un poste de contrôle, le policier prend plus de temps que la normale pour enregistrer mon passage et c’est près de 30 minutes que j’attends sur le bord de la route, en plein soleil, à boire la seul eau que j’ai sur moi et qui bouillonne presque dans la bouteille… Un vrai moment de plaisir ! Et du coup lorsque je repars, je mets les bouchées doubles pour revenir sur ma voiture qui me « garantie » une sécurité lors de cette traversée. Et la moto n’en peux plus là, l’aiguille atteint la zone rouge, et le moteur commence à cafouiller… Je ralentis à 110km/h et espère que celle-ci va ce relancer au plus vite. Mais la température ne baisse pas et le vent chaud qui nous souffle de face n’arrange rien.  La moto ralenti de plus en plus et je ne maitrise plus à présent l’accélérateur, elle bafouille comme si elle manquait de carburant mais mon réservoir est à bien plus de la moitié, je ne comprends pas tout, et fini par m’arrêter en plein désert, seul ! J’imagine très vite le pire, être en panne franche, au beau milieu de nulle part, seul et dans une zone ou la police me répète à chaque fois que je les croise de ne surtout pas m’arrêter entre deux barrages, même pour pisser, puisque que c’est là qu’est le vrai danger ici… Je garde mon calme car de toutes manières, si je panique ça ne m’avancera à rien ! Je réfléchi donc et contrôle rapidement la moto sur ces points vitaux (niveau d’huile, niveau d’eau, niveau de carburant, le bon fonctionnement du faisceau d’allumage…) et tout ça est correct. Elle a donc juste chaud… Je patiente environ dix minutes puis décide de repartir, je ne veux pas moisir ici… Elle redémarre et je m’empresse de passer la barre des 100 km/h pour la refroidir autant que je peux, tout en gardant l’aiguille du régime moteur sous les 5000 tr/min pour ne pas trop tirer dedans. Je roule, je roule, je roule mais je ne rattrape pas La R21 toute pourrie. Pour la traversée en convoi c’est réussi… Je les rattraperai finalement au bout de 50 km, et quelques minutes plus tard, nous faisons une pose sur une sorte « d’air de repos », ou un camion-citerne fuit et duquel coule une eau fraiche. Un oasis moderne en plein désert ! Nous en profitons pour nous rafraichir et pour imbiber nos habits de cette eau qui nous fait tellement de bien. Mais nous sommes qu’à la moitié du chemin et il est déjà 17h, il nous faut donc reprendre la route si on veut arriver avant la nuit tombée. Je les suivrai jusqu’à la capitale sans autres problèmes que celui de suinter dans mon casque et de prendre de bons coups de soleil.

Arrivé à Nouakchott, je me sépare de mes amis pour me trouver un petit hôtel sûr ou garer ma belle qui a eu aussi chaud que moi aujourd’hui. Mais Nouakchott à la tombée du jour c’est quelque chose ! Les routes sont recouvertes de sables et la circulation y est très difficile. Je galère 1H30 avant de trouver un hôtel pas trop chère qui veuille bien accepter de garer mon transalp dans leur hall d’entrer puisqu’il n’y a pas d’hôtel avec garage ici ! Je suis réellement exténué après une telle journée, je ne rêve que d’une douche glaciale et d’une bonne nuit de sommeil. Je ne fais pas long feu ce soir-là et m’endors aussi sec. Demain sera un autre jour !

Après ma très bonne expérience de couch-surfing auprès de Lahcen à Boujdour, je continue dans ma lancé et ai contacté à Nouakchott un certain Yahia pour m’héberger une nuit, mais comme je suis arrivé trop tard et trop fatigué je n’ai pas fait l’effort de le contacter le soir même de mon arrivé. Je compte donc rester une journée et une nuit supplémentaire dans cette ville avant de continuer ma route vers le Sénégal le lendemain. Je voudrai quand même approcher un peu ses habitants et en savoir un peu plus sur ce pays dit si risqué en ce moment avant de le quitter si vite. Mais après l’avoir appelé et lui avoir envoyé un mail, je n’ai eu aucune réponse. Et je passe donc cette journée seul à vadrouiller à pied dans la capitale pour trouver sa petite boutique de téléphonie, mais je suis complétement perdu et au bout de 3h de marche, toujours sous un soleil de plomb, je rentre à l’hôtel en taxi ou j’avais laissé toutes mes affaires et ma moto, toujours dans le hall. Ici le taxi c’est la Mercedes 190 ! Cette voiture est la voiture reine en Mauritanie, deux voitures sur trois sont de ce modèle. Et la plupart sont dans un état vraiment déplorable, et le fil de fer et le scotch sont bien les meilleurs moyens de les faire tenir debout… Je me demande même comment certaine arrive encore à avancer tellement elles sont pourries !  Je reprends donc une seconde nuit à l’hôtel et fini la journée dans son petit riad à peaufiner mon récit sur mon voyage au Maroc. Je me repose et ça me fait du bien. Demain j’entre au Sénégal et cela devrait être beaucoup plus attrayant !

« Dring, Dring, Dring !!!! » Je suis réveillé en sursaut par la sonnerie du téléphone de la chambre vers 10h du matin ce jeudi 1er Septembre ! C’est le concierge de l’hôtel qui m’annonce que les ambassades d’Espagne et des USA de Nouakchott viennent de passer ce matin même la ville en code rouge ! C’est-à-dire, zone à risques très élevés ! Et bien la journée commence bien ! Je consulte internet et vérifie cette information. Je consulte ensuite le site de l’ambassade Française mais là, rien de nouveau ! Remarque quasiment tout le pays est en zone rouge pour eux alors… Que faire ? Attendre de voir si cette information est vraiment fondée ? Où foncer au Sénégal ? Je décide de foncer ! Mon assurance moto ce termine ce soir et je ne veux pas rester ici une journée de plus ! Je remballe donc mes affaires, retire des sous, car les distributeurs sont rares en Afrique, fait le plein d’essence et roule directement vers la frontière à moins de 200 km de là. Je n’attends pas de convoi n’y quoi que ce soit, je fonce et j’ai hâte d’entrer au Sénégal pour me poser tranquillement un bon mois. La route au départ est propre mais plus je roule vers le sud, plus elle se transforme et le bitume ce fissure de tout coté. Les 30 derniers kilomètres sont même catastrophiques et si je ne roule pas au-dessus de 70, je ressens toutes les irrégularités de la chaussée et c’est très désagréable à la longue. Alors je roule vite et évite de temps à autres, chèvres, ânes, où zébus qui traversent sans regarder !

J’arrive à Rosso, la ville frontalière, qui borde le fleuve Sénégal et me rends directement à l’embarcadère pour faire les formalités douanières et voir à quelle heure est le prochain bac traversant le fleuve. Mais à peine arrivé à l’entrée du petit port que déjà 3 mecs me courent à près ! J’entre sur la place de l’embarcadère et me gare et je n’ai pas encore béquillé la moto que déjà une quinzaine d’hommes m’entourent et me demande mes papiers pour effectuer les formalités à ma place, pour me garder la moto pendant que je serais à la douane, pour m’aider monter la moto dans le bac…etc… Les rabatteurs ! Je m’attendais à être alpaguer pour ça car je m’étais renseigné sur ce point de passage là mais je ne pensais pas que c’était si oppressant que ça ! Je descends de la moto retire mon casque et gueule un bon coup pour dire que je veux respirer et que personne n’aurait rien si il ne me laisse pas arriver tranquillement. Je ne gueule pas méchamment, mais je fais bien comprendre que je ne donnerai pas d’argent à tous ces gens qui ne réclament que ça au final ! Je prends le temps de retirer tous mon équipement et me dirige vers le bureau de police où un flic est assis sur une chaise tranquillement à l’extérieur avec un cahier devant lui. Je m’adresse à lui en lui tendant mes papiers mais il me dit qu’il faut que je vois ça avec les mecs qui m’ont abordé ! A ouai, ça marche comme ça ici, les flics sont de mèches avec les passeurs et vice versa. Je choisi donc un des mecs, l’un des plus âgé, environ la trentaine, et lui dis que si dois passer de cette manière-là je ne veux avoir à faire qu’à lui et que lui et seulement lui aura son back-chich si tout se passe bien. Il accepte et nous voilà parti pour un vagabondage d’une bonne heure entre la police, la douane, l’assurance moto, le guichet pour le bac, et le guichet pour la taxe de la ville… Sans oublier d’arroser presque tout ce petit monde pour que ça passe comme une lettre à la poste… C’est la façon de faire ici, je n’ai pas trop le choix j’ai l’impression. Puis c’est l’heure du bac, je monte tout seul, comme un grand, sans l’aide de tous ces jeunes qui te disent comment te garer et où mettre les roues pour avancer droit… Et je quitte la Mauritanie après y avoir passé seulement 3 jours… Je suis heureux d’avoir « réussi » ce passage mais je suis frustré de ne pas l’avoir découvert d’avantage, car de ce que j’ai vu de ces paysages et de ses habitants, ce pays mérite vraiment que l’on si arrête quelques semaines… Je reviendrai peut-être un jour, lorsque la situation aura changé.

En attendant j’entre dans le 4e pays de mon voyage, après l’Espagne, le Maroc, et la Mauritanie. J’ai tellement entendu parler en bien du Sénégal que je mis plaie presque déjà alors que je ne suis que sur son fleuve… J’ai prévu environ un gros mois ici, puis je prendrais  un bateau à Dakar en direction de l’Amérique du sud pour continuer ce merveilleux voyage que j’ai commencé!

J’enquille de nouveau la première et en avant pour de nouvelles aventures, au Sénégal !

Maroc: 

 

Maroc ! Voilà le premier pays de mon tour du monde ou je n’ai encore j’ai mis les pieds. Où les roues ! Le premier pays ou la langue parlée m’est totalement étrangère. C’est aussi mon premier changement de monnaie, à la frontière j’échange mes 320 euros en poche contre 3626 dirhams. J’ai l’impression d’être riche ! Et pourtant c’est loin d’être le cas, bien qu’avec cette somme au Maroc je vais mieux vivre qu’en France !

Après une petite heure de bateau entre Algeciras et Tanger, je débarque donc en Afrique, au Maroc, et il faut chaud ! Nous sommes fin juillet et l’été au Maroc il fait très chaud ! J’avais déjà troqué mon blouson en tissu pour mon pare pierre en Espagne mais là j’en constate vraiment l’intérêt ! Je roule directement vers Rabat où vit mon pot Alex depuis 2 ans et l’autoroute entre Tanger et Rabat est une vraie moquette. L’on m’avait prévenu sur l’état plus ou moins délabré des routes marocaines, mais là je suis agréablement surpris. Je roule facilement et enquille les premiers kilomètres avec un sourire accroché à mes oreilles. Puis premier « choc » ! Un gamin d’une quinzaine d’année traverse l’autoroute sous mes yeux et je freine fort pour bien être sûr de ne pas couper sa trajectoire pour le moins surprenante ! 3, 4, 5, je repasse les rapports en me relançant doucement et je réalise ce qui viens de ce passer. Mais j’ai à peine le temps de réfléchir à ça, que de nouveau  je dois freiner pour voir passer un groupe de 3 personnes ! Ah bon ! C’est une habitude de traverser l’autoroute à pieds ! Il y a pourtant des passerelles pour piétons qui la surplombe plus ou moins régulièrement mais non. Ok, je suis prévenu, je vais faire très attention dès à présent!

Ce vendredi j’arrive à Rabat en trois heures et j’ai l’adresse de mon pot, mais plus de portable et pas de plan de Rabat. Je me débrouille donc pour trouver sa rue en demandant à droite à gauche et finalement en moins de 30min je sonne à sa porte heureux d’arrivé à ma première étape. Après mes petits déboires mécaniques de départ, cette étape de deux semaines (trois finalement) va me permettre de retaper la moto, de me reposer un peu, de visiter Rabat et de retrouver mon pot et une copine venue de France passer la semaine. Trois semaines de vacances au soleil avant de reprendre la route pour découvrir l’intérieur du Maroc. Je vais profiter un peu, je suis parti pour ça aussi!

Et ces 3 semaines passent à une vitesse folle, j’ai à peine le temps d’arriver que 2 jours après nous partons en « expédition » beaucoup plus au nord, vers la ville de Chefchaouen (réputé nationalement pour la qualité de son H), avant de s’enfoncer dans la montagne vers une petite ville nommée Akchour, qui abrite un magnifique cayon. Nous avons emmené tout le matériel pour camper sur place et c’est bien notre intention.  Nous découvrons un cayon magnifique avec pour emblème ce que les marocains appellent « le pont de dieu ». Un passage entre les deux parois du cayon à plus de 50 mètres de hauteur. Cette liaison entre les deux montagnes est totalement naturelle et d’une beauté à couper le souffle. De plus l’eau qui s’écoule au pied du cayon est d’un bleu si pur qu’il en fait presque oublier sa froideur. Mais presque seulement, parce que une fois à l’eau tous mes membres ce tétanisent et il est très difficile de rester plus de cinq minutes dans cette eau glaciale. Nous passons une très bonne journée, puis soirée. De plus des marocains ont installés un vrai petit restaurant de fortune au milieu de ce petit paradis, du coup nous en profitons pour manger un bon tagine ! Cette excursion dura trois jours, avant que nous reprenions le chemin de Rabat.

Les journées passent vite à Rabat. En même temps nous vivons un peu à l’heure du ramadan puisque tout est fermé en journée et que c’est la nuit que tout ce passe. Nous nous levons donc vers 13-14H tous les jours, pour ce coucher rarement avant le premier appel à la prière du matin, c’est-à-dire 4h. L’appartement d’Alex étant situé entre trois mosquées, il est donc difficile de raté les appels aux prières. Mais bien qu’absolument pas croyant, ce chant résonant 5 fois par jour ne me laisse pas indifférent et régulièrement lorsqu’il fait entendre sa voix, nous arrêtons ce que nous sommes en train de faire (musiques, films, jeux…) pour l’écouter. Il est vrai qu’en France cette religion est mal perçu par une bonne partie de la population et du coup très vite cataloguée, mais ici je découvre que cette religion est « belle » et qu’elle mérite bien plus de respect qu’elle n’en a dans l’hexagone. Sans me faire l’avocat de l’Islam, je pense qu’il faudrait simplement que les gens si intéressent d’avantage avant de juger ou de critiquer cette religion qui est beaucoup plus tolérante de certaines autres que je ne citerais pas.

Voilà maintenant trois semaines que je traine mes baskets dans la capitale marocaine, et l’envie de découvrir l’intérieur des terres de ce pays me dévore. Pendant ce temps passer chez mon ami Alexis, j’ai eu le temps faire quelques modifications sur la moto et de refaire ce pot d’échappement qui avait percé en Espagne. Je l’ai refait à Casablanca dans un petit garage moto du nom de Franck Factory. Une tôle d’inox recouvre maintenant celle d’alu, cela ne devrais plus bouger avant un certain temps. J’ai monté mes pneus enduro, j’ai choisi de monter les Continental TKC 80 plutôt que les Michelin T63 qui sont plus tendre et du coup qui s’usent plus rapidement. Je les garde pour l’Argentine, Je pense pouvoir emmener les TKC au moins jusqu’au Brésil. J’ai réglé mes vis de richesse et installé un klaxon de Peugeot 309 qui fait beaucoup plus de bruit que mon petit klaxon emprunté à un Suzuki GSXR lors de la préparation de ma moto. Ici le klaxon est roi et je me sentais ridicule avec ce petit bruit en sortais, je suis maintenant à la mode Africaine ! Je fais aussi quelques autres bidouilles mineures qui me taraudaient l’esprit. Après un peu de rangement et de tri dans mes affaires, (j’ai réussi à perdre quelques kilos de chargement, mais pas encore assez à mon goût), je suis maintenant fin prés à reprendre la route !

Vendredi 19 au matin, je quitte Rabat et prend la direction de Meknès, à l’est, puis Fès encore un peu plus à l’est, dans le centre du pays. Les deux villes sont des villes impériales et sont nichés ici depuis plusieurs centaines d’années. Les murs d’enceintes qui entourent les médinas sont magnifiques et l’on imagine très bien ces villes il y a longtemps comme de vraies forteresses. Je fais le tour de Meknès en une bonne heure puis vais passer la nuit à Fès dans un petit hôtel ou je m’endors rapidement malgré la chaleur. Je prépare avant ça mon parcours pour le lendemain, et je décide de faire un détour d’une centaine de kilomètres pour aller voir le lac Idriss 1er à l’est de la ville, avant de descendre au sud pour traverser les montagnes de l’Atlas.

Le lendemain j’arrive vite au lac et prend mon petit déjeuner au bord de l’eau. Un vrai bonheur ! De plus que le lac n’a pas d’accès direct par la route (sauf au niveau du barrage) et du coup c’est par une petite piste que je trouve ce lac majestueux. Après une heure d’admiration et de dégustation, je repars direction les montagnes ! Je me suis prévu un petit itinéraire du toner pour pimenté mon parcours. J’avais prévu de couper à travers l’Atlas par une toute petite piste et de par la même occasion de traverser une région ou quelques berbères sont installés. J’arrive donc à la fin de la route et là où les routes s’arrêtent, les pistes commencent ! Je m’engage sur la piste fermement décidé à aller jusqu’au bout de celle-ci et de me retrouver de l’autre côté de la chaine de montagne. Il y a environ 100 km à parcourir et non des moindres puisque cette piste berbère n’est utilisées principalement qu’à dos d’ânes… Au bout d’une vingtaine de kilomètres la piste devient plus difficile et plus pentu ! Moi qui m’éclatais jusqu’à présent sur ce chemin caillassé, là je rigole de moins en moins… Je continu tout de même dans mon élan mais au détour d’un virage serré et en pente je perds trop de vitesse et ne maitrise plus bien ma bête de 300kg à cette faible allure, et c’est la chute ! La première depuis mon départ ! Il fallait bien que ça arrive ! Chute que je dédicace à tous ceux en France qui me chambrait sur le fait que je ne passerais pas la porte d’Orléans sans tomber… (Il faut dire aussi que ma réputation de broyeur de bécane n’est plus à faire…). Donc première chute après seulement 3000 km ! Je suis déçu mais vu les conditions, je m’excuse auprès de moi-même. Je tente bien de relever la moto mais 300kg en pente et dans les cailloux ce n’est pas simple à remettre debout… Heureusement un berger berbère sort de nulle part et viens m’aider gentiment à relever ma belle. J’essaie bien de discuter avec lui une fois remis de mes émotions, mais mon arabe débutant étant encore très mauvais et son français inexistant la conversation est limitée. Je reprends donc ma moto et continu tout droit. Mais à peine le prochain virage passé, que je me prends dans une ornière (toujours en pente) et que je rechute à nouveau. Je ne vois plus le berger et du coup je tente de la sortir de là. Mais impossible ! Elle est comme aimantée aux cailloux ! J’y laisse même mon petit doigt tellement je m’acharne ! Me voilà bloqué au milieu de nulle part avec un petit doigt en vrac et mon transalp qui ne rien savoir. Je ne suis vraiment pas du genre à me laisser abattre, alors après avoir repris mon souffle et mes esprits, je commence à décharger la moto de tout mon matériel pour l’allégé au maximum. Une fois fait, qui je vois pas apparaitre encore de nulle part ! Le même berger berbère qui vient encore à mon secours ! A dos d’âne, il arrive tranquillement en rigolant. Je rigole aussi évidement même si intérieurement je bouillonne de rage d’avoir rechuté. Il m’aide une nouvelle fois à relever la moto et me conseille de repartir car vu mon chargement et la suite de la piste, il me fait bien comprendre que ce ne sera pas ma dernière chute, loin de là.  Je suis évidemment son conseil et ne va pas plus loin. J’aime bien l’aventure mais pas quand celle-ci devient trop dangereuse et qu’en plus je le sais d’avance… Je m’en retourne donc sur mes pas et vais passer la nuit à Azrou un peu plus au nord. Tant pis pour la traverser de l’Atlas en solitaire, je ne ferai que le longer.

Dimanche matin, je me réveille avec des courbatures un peu partout, et le dos en compote. Je prends une bonne douche froide dans le petit hôtel ou j’ai dormi puis j’enfourche mon 600 pour arriver à Marrakech le soir même. Il y a environ 380 km à faire et à 60-70 de moyenne la route est longue. Surtout que la température est grimpée en flèche depuis que le vent de l’Océan de me souffle plus sa brise dans le cou. Il fait 42° à l’ombre et je suinte à grosses goûtes dans mon casque dès que ma vitesse ralenti. Je m’efforce de garder un rythme soutenu pour que la route soit relativement rapide. Les paysages sont magnifiques le long de la chaîne de montagne et je fais quelques belles photos et quelques vidéos sympathiques. Mais la température est vraiment forte et je n’ai qu’un envie : arriver pour de nouveau prendre une douche froide… Et par miracle, une cinquantaine de kilomètres avant d’arriver sur Marrakech, une pluie battante s’abat d’un coup et j’apprécie cette pluie comme jamais je n’ai apprécié la pluie. Je ne m’arrête même pas mais roule à 40 à l’heure sous cette pluie torrentielle qui me fait un bien fou. Malheureusement cela ne dure que 10 bonnes minutes et le soleil me gifle de nouveau. Vivement Marrakech !

« Hello ! Hello ! Bonjour ! Comment ça va ? » On m’interpelle vivement à peine entré dans la ville ! Je réponds à tout va des « Salam allikum !!!» Tout heureux de découvrir cette nouvelle grande ville, et ravi que les gens soient si accueillants dès le premier abord! Je m’engage donc dans la circulation dense et me fait très vite un copain. En mob, Moustapha vient me taper la discute au feu rouge. « Tu cherches un hôtel mon ami ? – Oui je cherche un petit hôtel pas chère avec un garage ou je puisse garer ma brèle. Tu connais ça ? -  Oui bien sûr, suis moi ! » Et me voilà donc à suivre un mec sur une mob pourave dans une ville dont je n’ai pas le plan et dont je ne connais rien ! Je le suis 5 petites minutes et nous voilà devant un hôtel du centre qui a l’air tout à fait correct. Je demande le prix de la chambre au réceptionniste. 250 dirhams. Je lui dis que c’est trop cher et il me dit que c’est comme ça. Je lui demande s’il y a un parking pour la moto. Il me dit non ! Bon ! Je ressorts de là et remonte sur ma moto. Moustapha revient me voir et me demande de l’argent. ! Je lui dis « Tu te fous de ma gueule ou quoi ?! On avait dit pas chère et avec garage ? C’est pas le cas. Et en plus tu veux de la tune ? T’es pas chier toi alors ? – Si, si je t’ai trouvé un hôtel donnes moi de l’argent. » Je lui file 2 dirhams et enquille la première. Je baroude un peu dans la ville en me disant que je me suis fait niquer comme un bleu de touriste et que dès maintenant j’arborerais mon bouclier anti-attrape couillon. Et le temps de chercher un petit hôtel dans la ville, j’en ai eu des Moustapha bis à repousser ! Je galère pendant une bonne demi-heure dans une circulation désastreuse. Circulation qui d’ailleurs est catastrophique aux heures de pointe dans toutes les grandes villes marocaines, c’est vraiment un parcours du combattant de se faufiler et de déjouer les pièges des villes. Je fini par capituler vais prendre une chambre au Novotel avec parking sous terrain gardé pour madame. Je ne voulais pas prendre d’hôtel si cher mais il est déjà 19h et je rêve trop d’une douche pour continuer à chercher un hôtel au hasard des rues. Mais j’éviterais maintenant ces hôtels qui ne sont pas du tout dans l’optique de mon voyage.

Vers 21h je me dirige vers la place Jamaà El Fna, au cœur de Marrakech. Je suis impressionné par le monde qu’il y a sur la place ! Je ne saurais dire combien, mais vraiment la place était blindé de monde ! Que des touristes ! Je croise des européens de tous pays, Italiens, Espagnols, Allemands, Anglais, même des chinois ! Et mêlé à tous ces touristes évidement, des vendeurs en tous genres, des singes près à monter sur vos épaules pour quelques dirhams, des danseurs africains et des petits restos ambulants qui trônent au milieu de la place. Je me fais encore aborder pour acheter tous et n’importe quoi, mais mon bouclier de voyageur est des plus efficace ce soir. Je m’installe dans un restaurant surplombant la place et observe ce méli-mélo de personnes avec stupéfaction. Vue d’ici je réalise encore plus la densité d’Homme que contient la Jamaà El Fna. Je déguste un jus d’orange pressé avant de dîner et de rentré à l’hôtel vers 23h. Je suis fatigué et veut profiter du bon lit du Novotel pour faire une bonne nuit de sommeil après ces kilomètres déjà effectuer. Demain je regagne la côte atlantique en fin d’après-midi après avoir fait une bonne balade dans Marrakech.

15 heure, je suis de nouveau sur la route avec comme objectif la ville d’Essaouira. Seulement 200 km me sépare de la ville côtière et je les avale rapidement. J’ai hâte de retrouver la fraicheur de l’océan car la chaleur dans l’intérieur des terres est vraiment trop écrasante. J’arrive vers 17 heures et je suis un peu déçu par cette ville nouvelle. De grands hôtels longent toute la côte et cet endroit touristique ne me convient pas vraiment. Je continu donc vers le sud, vers Agadir. Mais il se fait déjà tard et je ne l’attendrai pas avant le coucher du soleil, je décide donc de planter la tente sur la plage. Mais après 30 minutes de lutte intense contre le vent de l’atlantique, j’abandonne cette idée car la tente de taille conséquente fait plus office de voile de parachute qu’autre chose… Je roule encore 30 km pour trouver un petit village de pécheurs ou j’établis cette fois-ci mon campement sans aucun souci. Je fais même la rencontre d’un scorpion et après mettre « amusé » 10 minutes avec lui je le laisse s’en allez et me couche face à un coucher de soleil grandiose. Il me reste 100 km pour arriver à Agadir et je les bouclerais demain matin.

Le matin, je range tranquillement mon paquetage lorsqu’un homme vient faire moi et me marmonne quelques mots d’arabe. J’ai beau faire tous les efforts du monde pour le comprendre, je ne pige rien ! Je n’arrive même pas à comprendre son prénom et l’homme de parle, ni n’écrit le français, du coup la conversation est très limitée mais il me regarde tout de même pendant 1 heure, tout le temps qu’il me faut pour charger correctement la moto. Je prends direction d’Agadir et savoure cette petite route côtière, pleine de virages et de paysages magnifiques. J’arrive vers midi mais c’est trop tard pour passer à l‘ambassade de France, ils ne travaillent que 3h le matin… J’y passerai donc le lendemain. Je m’installe donc à l’hôtel et passe la journée dans la ville qui m’est fort agréable. Je profite aussi de cette après-midi pour faire quelques courses et me prépare à entamer la traversée du désert du Sahara…

Me voilà maintenant à Tan-Tan ! Ville à environ 250 km au sud d’Agadir, ville que l’on nomme aussi « porte du désert ». C’est maintenant que j’entre dans le désert le plus grand et le plus chaud du monde ! Après une nuit dans un tout petit hôtel, après avoir fait le plein du réservoir et le plein de mes deux jerricans (20L + 5L de réserve), je m’engage donc dans ce désert avec comme but la ville Laayoune pour ce soir, puis celle de Boujdour ou m’attend Lahcen, couchsurfeur que j’ai contacter et qui a bien voulu m’offrir son hospitalité. Mais à la sortie de la ville, je me fais interpeller par la gendarmerie royale ! « Monsieur, papier de la moto et passeport ! » Je m’exécute en pensant que c’est un contrôle de routine. Mais le gendarme me dit que j’ai grillé le stop une centaine de mètre plus tôt. Je démens formellement et lui explique que j’ai bien ralenti mais que je n’ai pas posé le pied à terre puisqu’il n’y avait personne sur la route. Il de démord pas et m’annonce 700 dirhams d’amende ! (environ 60€) Je descends de la moto et là je ne rigole plus du tout. Je conteste fortement son jugement et commence à vouloir négocier l’amende. Il me regarde avec un air méchant et m’annonce de nouveau « 700 dirhams ! ». Voyant qu’il ne serait pas facile de passer au travers de la contravention, je tente un coup de bluff ! J’ai acquis avant de partir de France une carte de membre du club motocycliste de la police national (par l’intermédiaire d’un de mes clients) et je lui sors en lui disant « En France monsieur, j’étais de la police nationale et je sais très bien comment cela fonctionne, je sollicite donc votre indulgence en vers un collègue et vous demande de me laisser continuer ma route, s’il vous plait ! » Il prend ma carte et me regarde attentivement… « Toi ! De la police ! » Puis il se marre avec ces collègues… « Bon, allez combien tu as sur toi ? » Je lui dis 300 dirhams alors que on porte feuille doit en contenir au moins 2500… Mais je ne voulais pas payé ces 700 surtout par principe. Il me dit de lui donner les 300 et de m’en allez. « Ok, je te donne les 300 mais je veux un papier qui me dis que je te les ai donné ! » Je pousse le vice jusqu’au bout… « Oui mais une contravention pour un stop c’est 700, donc si tu veux un papier pour 300, il faut que je te mette une contravention pour autre chose. Non port du casque par exemple ! » J’accepte la contravention de non port du casque (alors que je ne roule pas 1 mètre sans lui…) et m’en vais. Je suis dégouté d’avoir pris cette amende mais plutôt content d’avoir pu la négocier un peu. Je pense malheureusement que ce ne sera pas la dernière anecdote du genre pendant mon périple… Mais le coup de la carte de police je vais le peaufiner pour être plus crédible…

J’entre donc dans ce désert avec l’idée que je vais vraiment avoir chaud et que m’hydrater sera la première de mes priorités, mais je suis de suite rappeler à l’ordre sur mes idées préconçues… En effet, il est 14 heures et je roule vers Laayoune lorsque que je commence à frissonner… Je continu mon trajet en me disant que ce n’est que passager, mais non ! J’ai belle est bien froid en pleine journée en entrant dans le Sahara… J’hallucine complétement où quoi ? Est-ce déjà le soleil qui me joue des tours… Je ne vais pas mettre un pull en pleine journée dans le désert quand même ! Et bien si ! Au bout de 50 km à frissonner sous mon pare pierre, je m’arrête donc pour enfiler ma polaire sous ma coque protectrice. Il fait grand beau, le soleil et à son paroxysme et le vent pas trop fort mais je me sens tout de même beaucoup mieux avec cette couche de vêtement supplémentaire. Je roule ainsi toute la journée et dors le soir même dans la ville de Laayoune. Les paysages de cette journée ont été splendide et je n’ai qu’une envie, voir la suite !

Ce samedi je prévois le coup cette fois-ci et met un tee-shirt à manche longue sous ma coquille de torse pour être sûr de pouvoir traverser sans gènes, du chaud comme du froid ! Je roule facilement et admire cette partie du pays qui laisse entrevoir petit à petit ces dunes de sable fin… La moto ne souffre pas de la chaleur du jour alors que moi comparé à la veille, j’ai chaud ! J’ai hâte d’arriver chez moi hôte du soir pour me reposer et faire sa connaissance. Il tient une boutique de parapharmacie et lorsque j’arrive à Boujdour je la trouve rapidement. Il est très sympa, et parle 4 langues ! Anglais, Français, Allemand, et Arabe… J’ai encore du chemin à faire de ce côté-là… Nous passons une très bonne soirée et discutons librement sur des sujets sensibles que je voulais aborder avec un autochtone pour avoir son point de vue. Je suis enchanté de voir qu’il est très ouvert d’esprit et nous refaisons le monde jusqu’à plus de 2 heure du matin. Rencontre très enrichissante et si il vous vient un jour l’idée de passer par Boujdour, n’hésitez pas à passer à la parapharmacie, il vous ouvrira ses bras et vous offrira son hospitalité avec grand plaisir j’en suis sûr !

Dakhla ! C’est mon objectif du jour ! 350km à travers le désert, pour atteindre cette presque île à peu près au milieu de la côte Saharienne. C’est un repère pour les personnes pratiquant le kite-surf et la planche à voile. Car en effet, ici le vent souffle ! Et très fort ! Entre le vent chaud venant du désert et le vent frais venant de l’océan, c’est un vrai bonheur pour les amoureux de la glisse. Mais un vrai calvaire pour moi… Je lutte continuellement pendant ces 350 km contre le vent pour arriver à garder la moto en ligne et lui donner une trajectoire correct. Mais c’est épuisant et la prise au vent qu’à ma mon transalp et impressionnante, entre les valises latérales, la tête de fourche et le jerrican de 20 litres, le vent s’en donne à cœur joie ! Je manque de perdre son contrôle à chaque bourrasque et mes bras font un effort considérable pour tenir la bête. Je redoute à chaque fois le croisement avec un camion où un bus, car c’est à ces moment que le danger est le plus présent. La dépression créée lorsque l’on se croise est énorme et la moto est ballotée dans tous les sens. Le vent ne cesse donc jamais ici ! Et bien non ! Arrivé à Dakhla c’est l’apothéose de la lutte contre les éléments. Le croisement des vents soulève des bancs de sables qui viennent s’ajouter à la bataille que je mène. Je suis fouetté de tout côté et c’est un vrai supplice d’arriver à destination. Une fois ma lutte contre la nature terminée, je suis heureux d’arriver à Dakhla. Je me prends une chambre à l’hôtel pour passer une bonne nuit de sommeil, demain la route est encore longue pour arriver à la frontière Mauritanienne et ce n’est encore que du désert…

Le matin, j’appréhende la sortie de la presque île ou la veille je me suis littéralement battu contre le vent. Et c’est encore pire ! Le vent est beaucoup plus fort et la tâche devient presque trop dangereuse pour continuer. Pour rouler droit je dois pencher la moto à près de 20° ! Cela me demande un effort physique considérable et rouler dans cette position en ligne droite et très inconfortable. Heureusement cela ne dure qu’une cinquantaine de kilomètres avant que le vent change pour finalement me souffler dans le dos. Quel soulagement ! Je suis en âge et je n’ai fait qu’un 8e de mon parcours du jour ! La chaleur est maintenant bien présente et je m’arrête le moins possible car la route est longue je n’avance pas très vite. Le goudron est très souvent recouvert de sable et je me fais surprendre plusieurs fois. Je réduis donc ma vitesse pour arriver entier à la frontière. Le désert est somptueux !  Ces grands espaces vides ou la vie y est presque impossible sont d’une beauté sans égale. Parfois ce sont les dunes qui dominent, parfois de vastes champs de cailloux, et d’autres fois des montagnes apparaissent en laissant la route serpenter, ce qui change des très longues lignes droites... Je profite amplement de ce décor et laisse mon esprit divagué, adonnant la conduite de la moto à un automatisme devenu naturel. Faire du kilomètre sans s’en rendre compte et avoir l’impression d’avaler 100 bornes en 5 minutes, j’adore ça !

Puis voilà la frontière. Après ces quelques 2500 km au Maroc, me voici à la limite du pays. Mais la frontière est fermée pour ce soir, je campe donc juste devant en attendant sa réouverture le lendemain.  Je passe une dernière nuit au Maroc difficile car le vent n’a pas cessé et la tente a du mal à rester planter au sol. Je ressorts plusieurs fois dans la nuit à la recherche de gros cailloux pour la maintenir en place mais rien que le son du vent sur sa toile m’empêche de fermer l’œil. Tant pis, cela me permet de faire le point sur ces kilomètres déjà accomplis et de réfléchir à ma traversée Mauritanienne.

J’ai été très agréablement surpris par la générosité marocaine et par la gentillesse de ses habitants. A aucun moment je n’ai eu un mauvais ressenti sur ce pays, exception faite à ce contrôle routier un peu bidon ! Je trouve néanmoins ce pays très polluer visuellement, car les déchets de la vie quotidienne sont partout, de la rivière isolée d’Akchour, jusqu’au abord des routes du désert et cela gâche vraiment certains paysages mais l’éducation écologique ne peux ce faire que sur du long terme et j’espère donc revenir un jour ici pour mieux apprendre encore de la vie Marocaine. Plus d’un mois c’est déjà écouler depuis mon départ de Paris, et je ne les pas vu passer. C’est bon signe !

Il est maintenant 9h30 ce mardi 30 août 2011, je passe au poste de police, puis au poste de douane, je m’apprête de traverser le fameux « no man’s land » séparant le Maroc de la Mauritanie de 7km. Une zone sans fois, ni lois qui n’appartient à aucun des deux pays et durant laquelle je ne souhaite vraiment pas m’attarder. Mais l’aventure ne serait pas l’aventure si tout se passait comme prévu…

 


 

France-Espagne:

 

Départ de ce tour du monde à moto en solitaire le 24 juillet 2011 aux alentours de 12h du jardin du Trocadéro à Paris.

 

 

Réuni avec tous mes amis, ma sœur, des clients de ma société, quelques motards passionnés, et une poignée d’inconnus, ce dimanche de fin juillet 2011, par un temps clément, nous prenons un petit déjeuner vers 10h au pied de la tour Eiffel. C’est un moment que j’attendais tant, mais aussi que je redoutais tellement. Le jour J est arrivé. Après des mois de préparation, après un nombre incalculable de nuits blanches à rêver et angoisser de partir, après avoir quitté mon appartement, quitté mon emploi, résilier tous mes abonnements, fait le vide de toutes mes affaires personnelles, et après avoir reconstruit entièrement mon transalp, je prends enfin le départ de « l’aventure de ma vie » !

 

 

Ce matin-là, le réveil sonne à 7h30 et la nuit fût courte… Je suis tout excité, je trépigne depuis tellement longtemps que je ne pense plus qu’à ça ! Tout ce qui ne concernait pas mon projet me passa à mille lieux au-dessus de la tête ! Je m’excuse auprès de mes amis, familles et collègues de les avoirs « soulés » avec ça et de ne pas avoir été suffisamment présent ces derniers temps, mais ma tête était ailleurs, entre rêve, réalité, et  fiction ! Je n’avais plus qu’un seul objectif : Partir !

 

Et le départ fût magistral, je l’avais imaginé des dizaines de fois, mais jamais de cette façon-là. Chaleureux, amical, émotif, très dur psychologiquement, et autant douloureux pour les personnes présentes que pour moi. Je pensais pouvoir partir sans me retourner, voire même en sifflotant…  Il n’en est rien. Je retenais mes larmes de tristesse pour ne pas éclater dans un chagrin qui n’aurait jamais pris fin. Je me contenais pour ne pas trop montrer ma peine de quitter tous ces gens que j’aime et qui ont fait le déplacement pour me voir prendre la route. Je me suis contenu tant que j’ai pu, mais une fois seul sur l’autoroute, j’étais bouleversé, je ne contenais plus rien et chialai à grosse gouttes dans mon casque. Je ne pensais pas que cela serait si dur. Voir tous mes proches une dernière fois avant un très long moment est l’une des choses qui m’a rendu le triste de ma vie. Je ne m’en suis pas encore vraiment remis, il faudra des kilomètres pour me relever et à nouveau marcher droit. Cette épreuve est jusqu’à présent la plus difficile de ce tour du monde, mais il n’a commencé que depuis seulement trois jours, alors je m’attends aux pires mais espère le meilleur !

 

Une fois avoir traversé Paris en fanfare avec tous mes pots motards, la première pose n’est pas bien loin, à peine 50 km que je ressens déjà le besoin de m’arrêter, reprendre mon souffle après tant d’émotion, et fumer la 1ere clope de ce voyage. Un petit sandwich pour la route, une red bull parce que la nuit fût agitée, un peu d’essence et c’est reparti. Direction Montluçon pour rendre visite à mes grands-parents, puis Moulins dans l’Allier pour effectuer ma première nuit chez mon oncle Joël. Les 300 km qui me sépare de mon but se déroulent facilement, la route défile et je n’arrive pas à m’enlever de la tête les visages en larmes de mes camarades restés à la capitale. Heureusement, pas de pluie pour ce 1ere jour, le ciel est de mon côté, je prends ça pour un signe de bon augure. J’arrive à moulins en début de soirée.

 

Le lendemain, pluie battante à Moulins ! Ce 2e jour commence mal ! Je veux me rendre à 80 km  de là, chez mon oncle Philippe, au Mayet de montagne. Je mettrai 2h pour y arriver, la route qui y mène est sinueuse et détrempée, je reste prudent et prend mon temps pour y parvenir. Arrivé là-bas, je suis trempé jusqu’aux os malgré la combinaison de pluie et mes protections en tous genres. Le temps ne se calme pas et je décide de de rester l’après-midi, ainsi que la nuit chez lui pour sécher mes affaires et espère que la météo du mardi sera meilleure. Je profite de cette après-midi pour raccourcir ma béquille latérale à l’aide de son poste à souder à l’arc et changer mes durites de réservoir d’essence qui la veille à moulins m’avait fait perdre un plein complet… De plus ce cher oncle est médecin et il revoit totalement ma trousse de secours ainsi que ma pharmacie, beaucoup trop légère à son gout ! Merci Tonton.

 

Mardi matin, il m’annonce qu’il va prévenir la presse locale qu’il connaît bien et voilà que 2 journalistes se pointent chez lui pour une interview et pour prendre quelques photos. Je suis ravi, cela va me faire un peu de publicité, c’est toujours bon à prendre !

 

Je reprends la route vers 11H en direction de Vichy pour y retrouver l’autoroute A71 qui me dirigera vers le sud, je vise la frontière Espagnol avant la tombée de la nuit. Mais c’était sans compter les soucis mécaniques… A peine arrivé à Vichy que je ressens un tremblement très distinctif sur la roue avant… Problème d’étrier de frein ! Je m’arrête donc et m’aperçois que celui-ci ne tiens plus que par une seule vis… Je comprends tout de suite ce qui ce passe, la veille du départ, vers 19h, Franck et moi bidouillons encore cet étrier car un petit bruit nous gênais. Ce fameux Franck  malgré tout le respect que je lui porte, a fait une grosse boulette d’apprentis  de mes deux!!! Il n’a pas serré la vis inférieure de l’étrier et du coup avec les vibrations, elle s’est desserrée petit à petit pour finir par tomber je ne sais où !

 

Me voilà donc comme un con avec un étrier qui pendouille et pas de vis pour la remplacer ! Je démonte donc une vis similaire placer sur moto à un endroit pas indispensable, et la met en place sur l’étrier… Cela me prendre tout de même une bonne heure. Remis de ma frayeur, je reprends la route du sud tranquillement, jusqu’à ce que la pluie se repointe et me contraigne à rouler à 70 km/h sur l’autoroute… Les 500 km qui me sépare de Girona en Espagne où je comptais passer la nuit vont être très long… Je fais des poses régulières pour me reposer et continu ma route à allure réduite. Puis le temps s’améliore en descendant, la pluie ne tombe plus que pars intermittence et je peux rouler plus librement à environ 100 de moyenne. J’atteins Bézier vers 19h et je sors de l’autoroute pour me trouver de quoi manger et un endroit ou passer la nuit. Tampi, pas d’Espagne ce soir ! Je passe dans une boucherie m’acheter un morceau de viande et un saucisson, et je m’arrête acheter un melon et des patates chez un agriculteur vendant ses produits au bord de la route. Je me trouve une petite clairière entre les champs de vigne ou j’établis mon 1er campement. Je suis un peu fatigué, et j’ai faim. Je ne tarde pas à me faire à manger et profite de ce moment de calme pour réaliser que demain je quitte la France et que je ne la rêverais pas avant un bon bout de temps... . Le voyage commence vraiment ! Vivement demain !

 

On est demain ! Mercredi vers 11H30, je passe la première frontière de mon tour du monde ! « France je vous quitte mais reviendrai vous dire comme je vous aime. »

 

Je roule facilement ce mercredi et brasse du kilomètre à tours de bras.  Je voudrai bien arriver aux environs de Valence avant la tombée de la nuit donc je roule. En Espagne, un peu de pluie, mais surtout de la chaleur, comparé à la France…  Ca fait du bien ! Je me mets de la musique dans le casque et laisse défiler les kilomètres avec plaisir. La douleur du départ est toujours aussi présente mais la route me fait bien, et plus je roule, mieux je me porte, alors je roule, vite, peut-être même un peu trop… J’arrive à Xàbia, une fois le soir venu. Je me trouve de quoi grignoter et un très bel emplacement en bord de méditerranée pour établir mon campement. Je me couche rapidement et voudrais bien faire une bonne nuit car demain encore 800 km pour atteindre Tarifa où je prendrai le bateau pour Tanger au Maroc. Mais comme un con je laisse brancher l’ordinateur portable à la moto pour le recharger et oublie de le débrancher avant de dormir… Et le jeudi matin forcément plus de batterie… Alors là, je me dis que la journée commence bien ! Et je vais vite comprendre que cette journée sera déjà à marquer d’une croix noire… Je n’ai pas encore trouvé de nom à  donner à ces journées catastrophes en chaine…   A réfléchir…

 

Je commence donc cette journée par démarrer la moto à la poussette… 200 kg à pousser sur une route sablonneuse… Elle finit par démarrer et je charge la bête au plus vite avant qu’elle ne cale… trop tard ! Une fois toute chargée, elle coupe et ne veux pas se relancer, je suis dégouté. Je redécharge tout pour la poussée à nouveau et là, rebelote ! Poussette, chargement, calage… Et ça trois fois d’affiler… Je commence vraiment  à perdre patience et je me mets alors à la pousser chargée et prête à partir. Mais pousser 350 kg dans le sable ce n’est pas de tout repos… Mais par miracle elle démarre…J’enfile mon casque et prend la route directement, sans m’arrêter jusqu’à ce que j’ai besoin de remettre de l’essence dans le réservoir. Me voilà de nouveau sur la route après une matinée bien galère, mais je ne suis pas au bout de mes surprises pour aujourd’hui… En effet après 300 km de route environ, je change d’autoroute, prend la courbe de la bretelle d’entrée mais la moto en décide autrement et tire tout droit… Gros frisson ! Je rattrape comme je peux la trajectoire de la courbe et m’arrête, sans tomber heureusement, sur la bande d’arrêt d’urgence. Pneu avant à plat ! Première crevaison de ce tour du monde ! Ca été rapide ! Je sors donc de l’autoroute à deux à l’heure pour trouver un endroit ou démonter cette roue. 1h30 plus tard la roue est remontée, la chambre à air réparé avec une belle rustine et je peux enfin reprendre l’autoroute. Mais là, à peine 20 kms plus tard… Explosion du silencieux d’échappement… Littéralement exploser… Un trou de 8 cm de diamètre environ et maintenant présent au milieu du silencieux en aluminium et tous les gaz sortent maintenant par ce trou. Cela fait un bruit immonde en résonnant et je me retrouve de nouveau arrêté… A ce moment-là,  je prends la chose avec le sourire pour ne pas exploser à mon tour… Je ne peux pas faire grand-chose de toute façon, il me faut le réparer mais je n’ai rien sous la main et je ne vais pas rester sur le bord de l’autoroute. Alors je repars doucement avec ce pot d’échappement qui fait un bouquant du diable. C’est vraiment une journée de m….  Je garde donc une vitesse réduite au début de peur que les gaz chauds brulent mes valises latérales et mes affaires avec. Mais au bout de quelques kilomètres je me rends compte que je peux rouler sans problèmes à une vitesse moyenne de 100 km/h même si le bruit est assourdissant. Je roule jusqu’à 22h ce jour-ci pour rattraper un peu le temps perdu dans cette journée noire et atteints la ville de Marbella dans le sud de l’Espagne à environ 150 km de Tarifa. Par de tente ce soir, pas de hamac, juste mon matelas posé au sol, entre 2 maisons en bord de mer. Sommaire et agréable jusqu’à 3h du matin où l’arrosage automatique d’une des deux maisons me réveille en sursaut et m’oblige à terminer la nuit dans mes fringues mouillées et le matelas plein de sable collant… Le bonheur je vous dis!

 

Le matin levé vers 6h30 pour admirer le lever de soleil et pour arriver avant 9h à Tarifa où je dois prendre le bateau direction l’Afrique ! J’achète un billet de bateau quelques temps avant d’arriver à Tarifa mais je ne fais pas attention que ce billet est valable au départ d’Algeciras et non de Tarifa… Un allez retour pour rien entre les deux villes e et  j’arrive pile à l’heure pour le bateau ! Je monte à bord et réalise que je quitte désormais l’Europe pour l’Afrique. Changement de continent si peu de temps après le départ lancé il y à peine 6 jours de Paris. Je fais valider mon visa marocain à bord de la navette maritime reliant les 2 terres.  Ca y est ! L’Afrique commence ! La première vraie partie de mon tour du monde ! Je me sens bien, et regarde l’Espagne et L’Europe s’éloigner petit à petit avec un peu de nostalgie. Mais de nouvelles coutumes, nouvelles langues, nouvelles manières de vivre, nouveaux paysages m’attendent, et  l’adaptation  devra se faire en douceur. Je m’arrête donc une quinzaine de jours chez mon ami Alexis, vivant à Rabat, depuis maintenant deux ans. Je vais me reposer un peu chez lui, remettre d’alpons la moto, visiter un peu la capitale marocaine et les montagnes de l’Atlas.  Mon visa pour la Mauritanie commençant le 25 aout, j’ai presque un mois pour apprendre et traverser le Maroc. Cela va être court, mais intense !

A moi l’Afrique !

 



Prologue avant départ:
 

 

Dimanche 24 juillet 2011, 11H00 du matin heure locale : Le grand départ!

Voilà la date fixée! Ce sera donc l'avant-dernier dimanche de juillet de l'année 2011! Après plusieurs longs mois de préparation, ces quelques dernières semaines de "stress pré-départ", ces longues nuits sans fermer l'oeil, et ces journées qui passent à une vitesse folle, je me suis enfin décidé! Ce sera le 24! Un seul petit mois de retard par rapport à mon planning prévu il y a maintenant déjà près d'un an. Je pense être enfin prêt désormais. Il y a encore bien quelques petites choses à régler, comme me débarrasser de ma voiture, d'un karting, et d'un frigo... mais le plus gros est fait. Je suis enfin prêt à prendre le large! Cap au sud! Direction le Maroc, avec pour première étape un arrêt d'une quinzaine de jours chez mon pot Alex à Rabat, avant d'avoir Dakar comme ligne de mire, puis d'envisager la traversée de l'Atlantique...

 

 

 

Voilà des années que j'en rêve! Des mois que je travaille sur ce projet! Des semaines que je ne dors plus et à présent je compte les jours un à un! Un frisson me parcourt le dos lorsque je pense au moment ou je vais débrailler, passer le premier rapport et donner le coup de gaz fatidique! Je ne reviendrais que dans plusieurs milliers de kilomètres et ce sentiment me réjouis autant qu'il me terrifie! Aujourd'hui je suis presque autant partagé entre la peur et l'excitation, entre l'envie de partir sans me retourner et l'immense tristesse de quitter les gens que j'aime... Mais je ne suis pas vraiment du genre à faire étalage de mes sentiments alors je vais comme si la peur et la tristesse n'avaient jamais croisé ma route et je vais seulement croire à toutes les merveilleuses choses que je vais avoir la chance de voir, tous ces gens que je vais pouvoir rencontrer, touts ces paysages majestueux qui me font rêver depuis mon enfance et aussi et surtout à cette liberté absolue que je souhaite enfin rencontrer! Une liberté d'esprit, de mouvement, d'envie! Ne plus avoir à réfléchir à un avenir quelconque mais réellement vivre l'instant présent avec bonheur sans rien attendre d'autres. J'ai hâte de vivre cette aventure! J'ai hâte de vivre cette liberté!

 

 

 

Je vous invite donc tous à vous joindre au petit déjeuner de départ qui se déroulera au Trocadéro à Paris le dimanche 24 juillet 2011 aux alentours de 9H30, avant de prendre le fameux grand départ vers 11H du matin. Ceux qui veulent faire un bout de route avec moi, histoire d'immortaliser dans nos mémoires mes premiers kilomètres autour de notre bonne vieille terre, sont évidemment les bienvenues que ce soit en voiture ou à moto!

 

 

 

Avis donc aux amateurs!

 

 

Rodage du transalp au col du Stelvio:

 

 

 

 

 

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     "Le Stelvio! Oui Monsieur je l'ai gravie et sous la pluie!"

     

     

     

    Parti à l'assaut du col du Stelvio en guise de rodage pour ma Honda transalp 600 de 89, la pluie est venu se mêler à la fête juste pour rendre l'ascension italienne: Al dente!
     

     

     Départ de cette aventure avec la ferme intention de grimper les 47 épingles à cheveux mythiques du très connu col italien, et au passage se faire un petit plaisir sur toutes les petites routes du nord des alpes pour y parvenir. Pour cela je décide de ne pas prendre les longues autoroutes ennuyeuses et couteuses mais de m'y rendre uniquement par les petites routes de campagne traversant l'est de la France, la Suisse et le nord de l'Italie. Il y a 900 km à parcourir pour atteindre le col et par les nationales, et départementales cela me prendra 2 jours et 2 nuits de voyage. Parti vers 17h ce vendredi 3 juin 2011,  je n'ai pu rouler que deux bonnes heures avant de devoir m'arrêter pour établir mon premier campement, un peu après la ville médiévale de Provins. Premier arrêt au bord d'un canal où j'y installe ma tente et fait un petit feu pour faire cuire une portion de riz comme diner, en plus de quelques tranches de saumon fumé achetées au village voisin.  L'endroit choisi pour passer la nuit s'avère très vite infesté de moustiques et me force à passer la soirée dans la tente m'évitant d'être dévoré... Au réveil, petite baignade dans le canal puis je reprends la route dans l'espoir d'arriver en Suisse avant la tomber de la nuit. Le gps Tripy m'indique encore plus de 700 km de route, à 60 km/h de moyenne, je ne suis pas encore arrivé!

     Le second jour de route se déroule bien, malgré des petites coupures d'allumage entre 5000 et 6000 Tours/minute qui gênent un peu à la bonne conduite de la moto et surtout ne me rassure pas pour la suite du périple... Ces coupures sont régulières et évoluent aux fur et à mesure que les kilomètres défilent, de 5000 à 6000 Tr/min elles passent de 6000 à 7000 Tr/min puis de temps en temps, plus aucune coupure... A ni rien comprendre! Elles m'agaceront jusqu'à mon retour, mais ne m'empêcheront pas d'avancer. Et je roule environ 7 heures le samedi pour passer la frontière Suisse vers 18h et atteint la ville de Baden vers 19h30 ou j'établis mon second campement sur une petite plage au bord d'un affluent du Rhin. Ce petit coin de paradis en plein coeur de la ville est isolé de toute visibilité et est un vrai havre de paix. Je ne peux pas me retenir de faire un petit plongeon dans cette eau claire mais froide! Quelques joggeurs Suisse passent sur le chemin menant à ma plage privée mais ne parlant que très peu l'allemand (pour ne pas dire pas du tout...) les conversations restent très limitées... Je sors ma canne à pêche en espérant attraper au moins un petit (poisson) Suisse pour mon repas du soir, mais sans succès je me rabats sur une boite de sardines et fais réchauffer du riz de la veille. Après une bonne journée sur les routes Françaises et Suisses, je me couche avec l'envie de franchir le col du Stelvio demain en fin de journée. Il reste environ 300 km à parcourir mais non des moindres puisque demain je serai dans les Alpes!

    Le lendemain matin, petit déjeuner les pieds dans le sable et la tête encore dans les nuages, à peine remis de mes petites courbatures de la veille, que je me remets en selle pour avaler les quelques centaines de kilomètres qui me séparent de mon but. Malheureusement la météo n'est pas avec moi aujourd'hui. Il commence à pleuvoir dès la fin de matinée et ne s'arrêtera que le soir venu... Les petits plaisirs de conduites en montagne se voient très vite rincés par une pluie torrentielle qui gâche vraiment mon arrivée dans les alpes. Mais cela fait partie du jeu, je l'accepte sans broncher en espérant que l'ascension du Stelvio rattrapera ma frustration de ne pas pouvoir jouer sur les routes montagneuses. Je profite d'un rayon de soleil pour faire une pose déjeunée, malgré l'heure tardive de la journée, dans la ville de Davos dont j'avais déjà entendu parler mais ne savait absolument pas la situé sur une carte. Ville Suisse très agréable du nord des alpes, où il ne faut pas se laisser surprendre par le sens de circulation de la ville...  Pas question de faire demi-tour à Davos! Si tu as raté l'endroit que tu cherchais, tu refais tout le tour de la ville, il n'y a qu'un seul sens de circulation pour les usagers de la route, l'autre sens est réservé uniquement pour les transports en commun! Après avoir fait deux fois le tour, je retrouve mon chemin et continu donc vers l'Italie, de nouveau sous la pluie. Je passe mon premier col de montagne avec ma transalp toute neuve, col culminant à 2389 mètres. La moto passe ce col sans aucun problème, je m'attendai à une petite baisse de puissance du fait de la légère diminution de l'oxygène, mais que nenni! Je redescens de ce col en roulant à très faible allure, car entre les virages serrés, la moto pesant prés de 300 kg, les freins à peine rodés et bien sûr la pluie me donnant réellement la sensation que la chute n'est plus très loin... Surtout quand je vois le dénivelé de plusieurs centaines de mètres au bord de la route et l'absence de barrière de sécurité, je me sens tout à coup d'une vulnérabilité totale! 

    Je finis par arriver entier et sans "aller au tas" au pied du Stelvio vers 18h30 le dimanche 5 juin. Toujours sous une pluie battante et détrempé du casque aux bottes, je décide de passer la nuit dans un champ perdu dans la montagne, en me disant que certainement demain il fera grand beau. Je me prépare un bon gueuleton au feu de bois et tente de faire sécher mes affaires, sans succès puisque le ciel en remet une couche en début de soirée. Demain sera un jour meilleur, ou au moins au sec!

    Lundi matin, réveil en fanfare par le son des cloches de vaches, un bonheur! C'est le moment! Ca y est, après plus de 2 jours de voyage et 3 nuits à languir de monter ces 47 épingles serrées, je suis de nouveau au pied de la fameuse route mythique grimpant sur 26 km le flanc de la montagne Italienne. Mais l'espoir de trouver une route sèche et enivrante est très vite noyé par cette garce de pluie qui n'a pas cessé de la nuit. Je prends donc mon guidon à deux mains et entame cette vertigineuse montée détrempée. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour rester en bas de toute façon! Pluie ou pas pluie, je monte! Les 300 kg du transalp suivront ma volonté! Même s'ils me rappèleront a l'ordre plus d'une fois dans ces magnifiques épingles que je négocie avec autant de douceur que possible. Les 47 lacets serrés sont numérotés en plus! Je n'ai même pas à les compter! Après une vingtaine de passés, je fais une pose pour prendre quelques photos, vider la mémoire de la caméra pour la suite de l'ascension, et bien évidemment laisser mes bras reprendre leurs souffles! La moitié passée, une accalmie de la météo laisse entrevoir une vue magnifique de la vallée ou le tracé de la route apparaît. Grandiose! Mais cela ne dure qu'un temps, les nuages ravalent la montagne à une vitesse folle et la pluie reprend de plus belle. Pour les dix derniers virages avant le col, la vue est quasi nulle, je ne vois qu'a une quinzaine de mètres devant moi, et étonnamment la route, même par ce temps est plutôt fréquentée, ce qui la rend d'autant plus dangereuse. Je redouble d'attention à l'arrivée, je ne voudrai pas tout gâcher maintenant! Puis voici l'épingle 4 et la 3, la 2, et enfin la dernière! J'y suis! Ca y est! Après 901,1 km, j'arrive enfin en haut! Ce col extraordinaire culminant à 2758m à finalement accepté ma venue malgré la pluie qui aura été mon pire ennemi pendant ce petit périple. Un bon café chaud dans l'un des bars du Stelvio est amplement mérité. J'en profite pour me réchauffer autour d'un bon feu, et pour rencontrer quelques autres motards téméraires arrivés eux aussi à destination. La neige se met même à tomber par moments et nous la regardons par la fenêtre, les pieds bien au chaud prés du feu, et le café brulant nos doigts. Un vrai moment de bonheur!

    Mais tout a une fin! Et il faut bien redescendre sur terre un moment ou à un autre. Alors après deux bonnes heures passées là-haut, je chevauche ma fidèle monture et reprend le chemin du retour. 900 km à refaire dans l'autre sens pour rentrer à la maison... Mais l'envie d'arriver n'est pas la même qu'a l'allez... Bien qu'une bonne douche chaude et un bon petit lit douillet, je ne sois pas contre, mais rien ne vaut le bonheur éprouvé lors du passage de ce col! Toutes les douches chaudes et les lits douillets de ce monde réunis n'arriveront pas à la cheville du Stelvio! Et rien que pour ça, ça vaut le coup d'y aller!

 

 

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